Déconfinement : "On sait qu’on devrait le porter, mais ça tient chaud !", les jeunes rechignent à mettre des masques

Soleil, ciel bleu et un thermomètre qui flirte les 22° : toutes les planètes sont alignées pour profiter du déconfinement. A Strasbourg, les jeunes se retrouvent le long des quais ou sur les bancs pour discuter, lunettes de soleil sur le nez, mais masques dans le sac. Pour ceux qui en ont.
 

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En début d’après-midi à Strasbourg ce dimanche 17 mai, les abords de l’Ill se peuplent peu à peu de petits groupes de jeunes venus prendre le soleil et se retrouver pour un premier dimanche déconfiné. On s’interpelle, certains s’embrassent, la joie de se retrouver après huit semaines enfermés entre quatre murs est palpable. Rares sont ceux qui portent un masque.
 

 

Pas de bise et des masques à proximité


Assis à l’ombre sur un banc quai Saint-Attale, Julien, Kalyani et Marc ont tous un masque...dans leurs sacs. Confinés comme beaucoup depuis deux mois, ils considèrent d’abord qu’il y a peu de risque d’avoir un virus à transmettre.

Pour eux, porter un masque, c’est important mais tout dépend du contexte et des personnes que l’on côtoie : « On est entre amis, on vient de déjeuner ensemble et là, vous voyez, on n’est pas collé les uns aux autres. On ne s’est même pas fait la bise ! », précise Julien. Marc, lui, reconnait malgré tout qu’il est un peu hypocondriaque : « J’ai commencé à porter un masque pour aller faire les courses avant même qu’on soit confiné ».
 


Un peu plus loin, prenant le soleil, au bord de l’eau quai des bateliers, Jessica et Coralie ont, elles aussi, leur masque dans leur sac à main. « On le met pour faire du shopping mais pour le reste, c’est vrai que cela fait bizarre d’avoir un masque. Cela fait un peu une ambiance d’apocalypse de voir tous ces gens masqués dans la rue».
 


Même constat pour Alice. La jeune fille de 14 ans, masquée, revient de la place des Halles : « c’est chelou d’avoir un truc sur le visage. Ce qui est bien pour les gens qui se sentent moches, c'est que ça les met en valeur. On ne voit que leurs yeux ». Sa sœur Jeanne, 16 ans, porte elle aussi un masque : « Avec mes amis, on évite de se checker et de faire des câlins. C’est bizarre mais c’est évitable ».
 

Avec les masques, l'été sera chaud


Noé, Silas et Mathias se baladent derrière la Cité de la musique et de la danse de Strasbourg. Les deux premiers ont 12 ans et sont masqués. Pas le troisième qui se justifie : « Moi je fais du skate, je transpire et c’est vraiment pas cool avec un masque ». Noé obéit à ses parents mais reconnait que « c’est quand même pénible ». Silas, lui, a très bien vécu le confinement : « Je n’aime pas sortir, du coup, c’était parfait pour moi. Porter le masque, c’est normal, ça protège tout le monde. Maintenant, quand il fera 40°, ça ne va pas le faire ! ».
 


Agglutinés sur les bancs de l’aire de jeu de Rivétoile, ils sont une dizaine à se chambrer au soleil. Nora porte son masque chirurgical sous le menton : « J’ai un masque parce que je suis asthmatique, mais là je viens de fumer ; du coup ça me gêne ». Assise sur ses genoux, Sarah a elle-aussi, baissé son masque : « Avec le fond de teint, ça gratte et ça fait couler le mascara ».

Simon a 20 ans, il travaille dans une jardinerie : « Je le porte toute la semaine au boulot ; là c’est dimanche, je l’ai laissé à l’appartement ». Kevin n’a porté qu’une seule fois un masque depuis le début de la pandémie : « C’était pour aller chez le coiffeur, j’étais obligé ! ». Dans l’ensemble, ils sont confiants : « On sait que le virus est là même si on ne le voit pas. On sait qu’on devrait porter un masque, mais là, il fait chaud ».
 
 

Confiants mais pas inconscients


Ne comptez pas sur Philippe Breton pour dire que les ados sont inconscients. Le sociologue strasbourgeois pose en préambule qu’il est difficile parler des ados dans leur globalité, tant ils sont tous différents par leur histoire, leur culture et leur famille.

Oui, mais quand même, les masques, ça n’est pas trop leur truc, non ? « Il faut reconnaitre d’abord qu’on les a soumis à une épreuve très difficile. Ils viennent de passer deux mois, enfermés avec leurs parents, à un âge où ils oscillent entre être à la fois encore un peu des bébés et presque des adultes. Franchement, pour ceux qui ont respecté le confinement, ils ont bien donné ».  

Alors, oui, le sociologue comprend qu’ils aient envie d’éprouver ce besoin physique de liberté. Ils ont envie d’être libres, entre eux et de refuser l’injection d’un masque. « Ce serait faux de mettre cela sur le compte de l’insouciance et de la révolte ». Et d’ajouter dans un sourire, « si vous regardez bien : avec leurs grands-parents, la plupart mettent des masques ».
 

Une période de risques mesurés


Avec ce virus toujours en circulation et le déconfinement, Philippe Breton estime que nous sommes tous rentrés dans « une période de risques mesurés ». Avec toutes les infos auxquelles ils ont accès, les jeunes savent que leurs risques sont moindres et qu’ils peuvent en faire courir aux autres. La mesure du risque n’est pas la même en fonction de chacun. Les adolescents sont dans l’ambivalence permanente. Il s’explique : « D’un côté, ils ont l’impression de ne pas être en danger, d’être invincibles et d’un autre, ils ont envie de se frotter au danger, un peu comme le ferait des héros romantiques».

Le sociologue strasbourgeois file la métaphore avec le préservatif. « Paradoxalement, ils ont déjà pris l’habitude de se protéger, avec cette mise à distance corporelle et locale. Ils savent quand ils doivent mettre un préservatif. Ils sauront quand il faudra porter leur masque ».

Philippe Breton conclut : « on peut leur faire confiance ». Soit, espérons qu’ils sortiront tous couverts.
 






 
 
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