Des radars de covoiturage créent des bouchons, au lieu de fluidifier le trafic

Deux radars de covoiturage entrent en fonction ce lundi 15 juillet, sur la M35 au nord et au sud de Strasbourg. Ils doivent inciter les conducteurs à ne pas circuler seul en voiture, mais pour l’instant ces radars provoquent surtout des ralentissements, voire des bouchons.

Sur l’Autoroute M35, entre Strasbourg et Reichstett au nord, et Illkirch au sud, l'été est la saison où l'on circule le mieux. La première vague de vacanciers est à la plage et les routes sont dégagées autour de Strasbourg. Mais deux nouveaux radars de covoiturage viennent compliquer la circulation.

La voie de gauche, sur la M35 qui traverse Strasbourg, est désormais réservée au covoiturage. Toute la journée. Seuls les véhicules transportant au moins deux personnes peuvent y circuler. Objectif de cette mesure : "lutter contre l'autosolisme" et donc "encourager le covoiturage" rappelle la présidente de l'Eurométropole de Strasbourg, Pia Imbs.

Installés en juin, les radars à infrarouge sont mis en fonction ce lundi 15 juillet. Ils sont réglés pour capter la présence humaine dans un véhicule et couplés à un lecteur de plaque d'immatriculation. Si un seul siège est occupé, le conducteur est verbalisé.

Pour l'heure, nous sommes encore nombreux à circuler seul à bord de nos voitures et donc à nous reporter sur les voies de droite. Conséquences : on n'avance plus, ça bloque.

Atténuer la congestion des voies ?

"La voie réservée aux véhicules à occupation multiple (VOM), c’est le vrai nom, aussi appelée voie réservée au covoiturage, est une mesure permettant d’atténuer la congestion dans les voies régulières" explique le Guide de l'Auto. 

"Ce n’est pas son seul bienfait, mais c’est son but initial. Évidemment, si deux conducteurs (ou plus) sont dans un seul véhicule, c’est autant de véhicules de moins sur les routes, donc moins de consommation de carburant."

On comprend le raisonnement, mais cela signifie qu'il va falloir changer notre façon d'utiliser la voiture. Covoiturer avec des voisins, des collègues, des inconnus. Pour l'instant, les usagers de ces itinéraires fulminent derrière leur volant, pour cause de durée de trajets deux fois plus longs qu'avant, de bouchons qui les mettent en retard.

Avec mon bébé à bord, je covoiture ?

Oui avec bébé à bord, on covoiture. En covoiturage, une personne égale une place. L'enfant dans son siège est bien un passager, mais attention, la femme enceinte ne compte pas pour deux... Quant aux animaux, c'est non. Ils ne comptent pas comme passager de covoiturage, aussi volumineux soient-ils.

Les subterfuges de types mannequins ou grosses peluches installées avec la ceinture sur un siège sont à éviter, car le radar qui démultiplie les prises de vues ne se laisse pas berner. D'autant que les images sont analysées par des agents assistés par l'IA (intelligence artificielle).

Une exception existe pour deux types de véhicules : les véhicules de secours et les autobus, dont le conducteur reviendrait à vide après avoir déposé ses passagers ou serait en route pour aller en chercher. Dans ce cas, même s'il n'y a qu'un seul occupant, il peut emprunter la voie de gauche, réservée au covoiturage.

Une "prime" pour les bons élèves

Pour encourager le changement de nos comportements et soutenir sa politique qui vise à réduire au maximum l'usage de la voiture en ville et en solo à l'extérieur, l'Eurométropole de Strasbourg va jusqu'à offrir de l'argent aux bonnes volontés. Elle a mis en place une application de covoiturage et une plateforme pour faire se rencontrer les personnes qui souhaitent covoiturer.

"Le covoiturage était l’un des derniers outils à développer pour contribuer à la révolution des mobilités. Le lancement d’Aut’hop (l'application de covoiturage) doit permettre de massifier le covoiturage quotidien pour diviser par deux les émissions de gaz à effet de serre, améliorer la qualité de l’air, réduire les bouchons et permettre de se garer plus facilement grâce à la réduction du nombre de véhicules."

Pour donner encore davantage envie de covoiturer, les conducteurs peuvent être "rémunérés entre 1.50 euros et 4 euros par trajet, dans la limite de 150 euros par mois." apprend-on sur le site de l'EMS. Pour cela "le trajet doit être situé entre 5 et 50 km, il doit démarrer ou arriver dans l'Eurométropole et ne doit pas pouvoir se faire en tram ou bus à haut niveau de service."

Sanction et avantage financier chez les assureurs

Du côté des assurances, le covoiturage est aussi considéré désormais. "Si vous avez utilisé la voie réservée sans en avoir le droit, vous vous retrouvez avec une infraction au code de la sécurité routière, infraction à déclarer. L’impact pourrait se retrouver sur votre prime."peut-on lire dans l'article d'Éric Plamondon - collaborateur éditorial de Banque Nationale Assurances.

Par contre, "si vous êtes plusieurs conducteurs dans le même véhicule, ça signifie qu’un véhicule est moins utilisé sur les routes. Les primes en assurance automobile se basant en partie sur le kilométrage annuel, sur l’utilisation du véhicule. Logiquement, moins vous roulez, plus vous risquez d’économiser."

Il va sans aucun doute falloir un peu de temps pour que les automobilistes intègrent la nouvelle donne. Les amendes forfaitaires prévues sont de 135 euros, minorées jusqu'à 90 euros en cas de paiement par carte bancaire sous trente jours.

Autre nouvelle contrainte pour les automobilistes autour de Strasbourg, la vitesse est réduite à 70 km/h entre Reichstett et la place de Haguenau ainsi qu'entre la Vigie et la porte de Schirmeck au sud. De 6h à 19heures tout au long de l'année.

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