Dans un communiqué publié lundi 4 décembre, l'UFC-Que choisir du Bas-Rhin fait état de l'augmentation alarmante des déserts médicaux dans le département. Outre la pétition lancée à l'échelle nationale fin novembre, l'association prévoit une mobilisation à Strasbourg, jeudi 7 décembre.
Le problème ne date pas d'hier, mais commence sérieusement à préoccuper les premiers concernés. Comme dans toute la France, les déserts médicaux se multiplient dans le Bas-Rhin. D'après l'UFC-Que choisir, 65% des habitants du département habitent à plus de 45 minutes d'un gynécologue quand 44% connaissent un accès difficile à des services d'ophtalmologie. L'accès à la pédiatrie est également critique. Un enfant sur quatre vit dans un désert médical d'après l'association.
Selon le référent santé de l'association, Alain Denoual, cette dégradation touche "les zones rurales, mais aussi les grandes villes comme Strasbourg". La situation est notamment favorisée par deux facteurs, le vieillissement de la profession et les dépassements d'honoraires abusifs.
À l'échelle nationale, l'UFC-Que Choisir a déposé un recours devant le Conseil d’État le 21 novembre 2023 pour dénoncer et sanctionner "l’inaction du gouvernement". À Strasbourg, l'antenne bas-rhinoise donne rendez-vous devant la gare aux habitants, jeudi 7 décembre, pour mettre en lumière le difficile accès aux soins médicaux dans le département.
"Les gens sont obligés de renoncer aux soins"
Le problème ne touche pas seulement les médecins spécialistes. En ce qui concerne les généralistes, ils sont deux fois plus à refuser de nouveaux patients dans le Bas-Rhin qu'en 2019. Le problème ne devrait pas trouver solution de sitôt d'après l'association, qui souligne l'âge avancé des professionnels de santé. "Le nombre de médecins diminue d'année en année et cette situation devrait atteindre son point le plus critique vers 2030", explique Alain Denoual.
De l'autre côté, le numerus clausus, qui limite le nombre d'étudiants en facultés de médecine, est toujours aussi restreint et ne permet pas de combler efficacement les différents départs à la retraite. L'augmentation du nombre de dépassements d'honoraires est également un facteur aggravant le difficile accès aux soins dans le pays.
"Il y a de plus en plus de spécialistes qui font des dépassements d’honoraire abusifs." L'augmentation des frais, ainsi que le fort délai pour obtenir une consultation, poussent bien souvent le patient à revoir leurs priorités. "Les gens sont obligés de renoncer aux soins. Leur état de santé va s'aggraver et ils coûteront encore plus cher à l'Assurance maladie au final", déplore le référent santé de l'UFC-Que choisir du Bas-Rhin.
S'ils décident de ne pas y renoncer, certains patients chercheront des soins auprès des urgences, participant bien malgré eux à l'engorgement des hôpitaux.
Une pétition a été lancée par l'association le 20 novembre 2023 pour alerter le gouvernement et cumule déjà 60 000 signataires. Sur son site, l'UFC-Que choisir a également mis en place une carte interactive indiquant le niveau d'accès au soin de chaque commune française.