L'association de consommateurs UFC-Que Choisir tire le signal d'alarme pour dénoncer l'augmentation des déserts médicaux. Dans le département de Meurthe-et-Moselle, certaines spécialités médicales comme l'ophtalmologie et la gynécologie sont de moins en moins accessibles. L'association a lancé une pétition et va mener une action devant l'Agence régionale de santé vendredi 24 novembre à Nancy.
L'association de consommateurs UFC-Que Choisir de Nancy et de sa région vient de rendre publique des chiffres alarmants concernant les déserts médicaux en Meurthe-et-Moselle. Pour parvenir à ce constat, l'association a étudié dans quelle mesure les habitants du département pouvaient consulter un généraliste installé à moins de 30 minutes de leur domicile.
Même chose pour l'accès à certains médecins spécialistes comme un ophtalmologue, un gynécologue ou un pédiatre, mais là un temps de trajet maximal de 45 minutes a été pris en compte.
Pour établir son diagnostic, UFC Que-Choisir a également intégré un autre critère, celui des dépassements d'honoraires qui sont de nature à entraîner un renoncement aux soins, comme l'explique Odette Beaumont, la présidente de l'antenne nancéienne de l'association : "on pense que la santé doit être accessible à tous quels que soient ses moyens et quand on n’a pas le choix et qu'on est obligé d'aller voir un généraliste pratiquant un dépassement d'honoraires important et pas pris en charge par la complémentaire santé, cela ne nous semble pas normal."
On pense que la santé doit être accessible à tous quels que soient ses moyens et quand on a pas le choix et qu'on est obligé d'aller voir un généraliste avec un dépassement d'honoraires important et pas pris en charge par la complémentaire santé, cela ne nous semble pas normal.
Odette Beaumont, présidente d'UFC Que-Choisir de Nancy et de sa région
Il ressort de cette étude grandeur nature que si seulement 2,2% des habitants de Meurthe-et-Moselle vivent dans un désert médical pour l'accès direct à un généraliste, le pourcentage d'habitants qui ont de réelles difficultés à consulter un généraliste monte à 20,9%, avec d'importantes disparités selon les territoires. Les zones rurales comme le nord-toulois, le sud-lunévillois et le Pays-Haut sont davantage confrontés à des déserts médicaux que des grands centres urbains comme Nancy.
Manque de spécialistes
La situation se complique énormément pour ce qui est de l'accès à certaines spécialités médicales. Ainsi, 28,1% de la population vit dans un désert ophtalmologique et près de la moitié des habitants ne peuvent pas consulter un ophtalmologiste qui respecte le tarif de base de la sécurité sociale. Pire encore est la situation des femmes de plus de 15 ans qui cherchent à accéder à un gynécologue pas trop loin de leur lieu d'habitation. 41,3% en sont éloignées et ce chiffre monte à 62,6% si elles cherchent un gynécologue qui ne pratique pas de dépassement d'honoraires. (voir carte ci-dessous)
UFC Que Choisir Nancy qui pointe aussi du doigt la difficulté pour trouver un médecin généraliste lorsque l'on en est dépourvu. "Le plus inquiétant, c'est que la situation s'est dégradée ces dernières années puisqu'on avait fait exactement la même étude il y a tout juste 4 ans", explique Odette Beaumont.
La situation s'est dégradée ces dernières années puisqu'on avait fait exactement la même étude il y a tout juste 4 ans. Désormais, 51% des médecins du département refusent de prendre en charge de nouveaux patients contre 34% auparavant
Odette Beaumont, présidente d'UFC Que-Choisir Nancy et de sa région
"Désormais, 51% des médecins du département refusent de prendre en charge de nouveaux patients contre 34% il y a encore 4 ans. Et cela ne devrait pas s'arranger dans les années qui viennent avec le départ à la retraite de nombreux praticiens qui ne seront peut-être pas remplacés."
Actions nationales et locales
Devant cette situation, UFC Que-Choisir passe à l'action. Au niveau national d'abord où une pétition en ligne intitulée " Accès soins - J'accuse l'Etat" a été lancée et où un recours déposé mardi devant le Conseil d'Etat pour dénoncer l'inaction du gouvernement.
Enfin, une manifestation est organisée devant l'Agence Régionale de Santé du Grand Est à Nancy vendredi 24 novembre à 10 heures. Une action symbolique pour informer les consommateurs.