Déserts médicaux : la réorganisation des hôpitaux "met en danger la vie des habitants en Haute-Marne"

Éviter un scandale sanitaire. C’est l’objectif de Didier Loiseau, ancien maire de Langres (Haute-Marne), avec son livre : "Dessine-moi un désert". Dans cet ouvrage, qui sort le 24 novembre, il dénonce le projet de réorganisation des hôpitaux entre Chaumont et Langres, qui selon lui "mettra des vies en danger".

Lorsque Didier Loiseau, ancien maire de Langres (Haute-Marne), a pris connaissance le 16 décembre dernier du projet de l’Agence Régionale de Santé pour les hôpitaux de la Haute-Marne, il a cherché un moyen de le faire changer. « Après une nuit d’insomnie, j’ai décidé d’écrire ce livre ». « Après tout » ajoute-t-il, « deux livres ont récemment permis de mettre fin à des scandales sanitaires, celui d’Irène Frachon sur le Mediator et celui de Victor Castanet sur Orpea. Il faut tout essayer, en plus de la mobilisation et du recours auprès du Tribunal Administratif, car on va droit dans le mur ».

Il espère ainsi que son ouvrage de 130 pages pourra influencer les autorités publiques. Objectif : les faire renoncer à la réorganisation des hôpitaux de Langres et de Chaumont telle qu’elle est prévue actuellement. Ce projet consiste à reconstruire, pour 2028, les deux hôpitaux existants avec des bâtiments neufs et un pôle technique principal à Chaumont. Ce pôle concentrera notamment les services de chirurgie et de maternité, tandis que l’hôpital de Langres proposera des services de médecine classique ainsi qu’un service d’urgences. Coût du projet : 140 millions d’euros (110 millions pour l’hôpital de Chaumont et 30 millions pour celui de Langres).

Le pôle technique médico obstétrical sera à plus de 40 minutes pour 25% de la population.

Didier Loiseau, ancien maire de Langres

Un projet que dénonce Didier Loiseau car il ne correspond pas selon lui aux besoins des patients. Il défend le projet porté par l’association « égalité santé » qui regroupe 585 soignants. Tous plaident pour l’installation d’un hôpital à Rolampont, commune située au niveau d’un nœud autoroutier, à mi-chemin entre Langres et Chaumont. « Quand on fait le calcul, explique Didier Loiseau, le pôle technique médico obstétrical sera à plus de 40 minutes pour 25% de la population si on l’installe à Chaumont. Si on l’installe à Rolampont, ce chiffre passe à moins de 10% ». 

La preuve selon lui que le projet actuel est une erreur est que les précédents regroupements ont échoué : « en 2016, il y avait 300 accouchements à Langres et 600 à Chaumont. L’ARS a décidé de fermer la maternité de Langres et de regrouper les accouchements à Chaumont. Finalement, en 2022, au lieu des 900 attendus, seuls 490 accouchements ont eu lieu à Chaumont. La plupart des patientes sont allées dans d’autres établissements comme l’hôpital de Dijon ».

Un risque pour la santé des patients 

L’ancien maire de Langres s’appuie notamment sur une étude de l’IFROSS (L'Institut de formation et de recherche sur les organisations sanitaires et sociales) de 2006 qui démontre que l’attractivité des hôpitaux dépend avant tout de la situation géographique pour l’ensemble de la population d’un territoire. « Implanter un hôpital au cœur des villes est une idée vétuste affirme Didier Loiseau. Nous recherchons l’excellence et la proximité. Pour attirer les médecins, comme les patients, il faut être accessible au plus grand nombre. Or en Haute-Marne, 70% des habitants vivent dans des communes rurales ». Didier Loiseau prend l’exemple du pôle hospitalier de Trévenans, créé en 2017, à égale distance de Belfort et Montbéliard : « cet hôpital fonctionne très bien, donc on voit bien que l’étude de l’IFROSS dit vrai ».

Quand je vois qu’il y a deux jours une jeune femme a accouché dans l’ambulance entre Langres et Chaumont, je me dis que des vies sont en jeu.

Didier Loiseau, ancien maire de Langres

Selon Didier Loiseau, le projet actuel représente même un risque pour la santé des patients : « ceux qui ont besoin d’un hôpital ne sont pas les militaires ou les étudiants en gendarmerie qui vivent à Chaumont, ce sont les personnes vulnérables et isolées en milieu rural ». Le service d’urgences qui est annoncé à Langres 7 jours sur 7 et 24h/24 n’en est pas vraiment un selon lui : "dans cet hôpital de Langres, il n’y aura par exemple pas de service de chirurgie. Ça signifie qu’une personne qui arrive aux urgences avec une appendicite ou une fracture grave devra être transférée. De même, il n’y aura pas de laboratoire de biologie, donc on ne pourra pas soigner un malade qui vient pour une méningite ou une septicémie".

Il dénonce un choix fait selon des considérations politiques et symboliques : « en tant qu’ancien maire, je ressens encore plus de colère de voir qu’on ne prend pas en compte la réalité. On est en train de créer un désert médical et on va le payer sur des générations. » 

Son livre « dessine-moi un désert », aux « éditions du Palio » est publié à 1000 exemplaires. Il sera disponible dès le 24 novembre en librairie et dans certaines pharmacies. Il sera également vendu sur la foire de la Sainte-Catherine le 26 novembre à Langres.

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