Enfant électrisé lors d’un atelier de gravure sur bois : "le grand absent de ce procès, c'est la Ville de Strasbourg"

Le tribunal correctionnel de Strasbourg rendra son délibéré le 8 juin concernant l’affaire de l’enfant électrisé lors d’un atelier de gravure sur bois. 10 mois de prison avec sursis ont été requis à l’encontre de l’animateur ayant fabriqué l’engin à l’origine de l’accident. Les parents de la jeune victime regrettent surtout l'absence de la Ville de Strasbourg au banc des accusés.

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Ils ne comprennent pas. Ils le répètent encore et encore. "Il y a quelque chose qui ne va pas dans cette histoire. La Ville de Strasbourg doit être mise en cause et ça ne doit pas s'arrêter là". Les parents de Sacha, électrisé et grièvement blessé lors d'un atelier de gravure sur bois en juin 2019 dans le cadre d'une activité périscolaire, font face aux micros et aux caméras, sur le parvis du tribunal correctionnel de Strasbourg ce jeudi 1er juin. Il est 13 heures et l'audience vient de se terminer. Ils seront fixés dans une semaine.

Le tribunal correctionnel de Strasbourg se prononcera le 8 juin. Les faits remontent au 4 juin 2019. Sacha, 10 ans à l'époque, a été électrisé à Strasbourg (Bas-Rhin) alors qu’il participait à un atelier de gravure sur bois au périscolaire. A la fin de l’audience, l’avocat général a requis 10 mois d’emprisonnement avec sursis à l’encontre de l’animateur ayant fabriqué l’engin, assortis d’une interdiction d’exercer des activités avec des enfants pendant 5 ans. Une amende de 10.000 euros a été requise à l'encontre de l’association Les Disciples employant l'animateur.

Ce jeudi matin, à l’ouverture du procès, les parents de Sacha ont pris place dans la salle. Cela fait 4 ans qu’ils attendent cette journée. 4 ans qu’ils vivent avec les conséquences de l’accident au quotidien. L’animateur mis en cause a présenté des excuses dans la matinée. Il a dit à plusieurs reprises qu’il était "désolé" de ce qui est arrivé. "On est content que l’association les Disciples nous ait demandé pardon mais pour nous la Ville doit être mise en cause et ça ne doit pas s’arrêter là" a réagi la mère de Sacha au sortir de l'audience. 

Un engin bricolé avec un micro-ondes

Car c'est un faisceau de circonstances qui ont conduit à l'accident du mardi 4 juin 2019. Sacha, élève de CM1 à l’école Gustave-Doré dans le quartier Cronenbourg à Strasbourg, participe ce jour-là aux activités périscolaires. M.M., l’animateur de l’association Les Disciples, a prévu un atelier de gravure sur bois (procédé de Lichtenberg), pour lequel il a mis au point un engin artisanal en bricolant un transformateur de micro-ondes.

Parmi la dizaine d’enfants présents, Sacha, 10 ans à l’époque, prend alors une décharge de 2000 volts. L’animateur est victime lui aussi. Il retient l’enfant de tomber et tous deux se retrouvent à terre, inconscients et en arrêt cardiaque. Après l’accident, Sacha passe un mois à l’hôpital. Brûlé au 3ème degré sur le thorax et aux avant-bras, il subit greffes et amputations, et a toujours des séquelles aujourd’hui.

La maman de Sacha a accepté de témoigner devant nos caméras et sur notre site internet. Elle a relaté sa souffrance voir son fils hurler de douleur sur son lit d’hôpital. Surtout, avec son mari, elle regrette vivement l'absence de la Ville de Strasbourg, dont la responsabilité n'a pas été mise en cause dans cette affaire. "Le grand absent de ce procès, c'est la Ville de Strasbourg et le responsable du site périscolaire de la Ville" affirme-t-elle.

Un absent très présent

Absent même dans les mots prononcés dans la salle d'audience : "On dit "l’activité est branchée" mais on ne dit pas "l’activité est branchée parce que le responsable du site périscolaire (ndlr : de la Ville) prend une rallonge, permet qu’elle soit branchée dans son bureau" et on ne dit pas non plus qu’on ne peut pas couper le courant quand Sacha est électrisé parce que le local où est situé le disjoncteur est fermé, par l’école, et l’école elle est sous la responsabilité de la Ville de Strasbourg et ça on ne le dit pas non plus."

Les parents de Sacha ont pu s'exprimer lors de l'audience. Mais leur parole et leurs explications n'ont pas été permises lors de la préparation du procès, et ils le regrettent aussi. "Notre plainte contre la Ville a été classée sans suite" rappelle Maître Leslie Ulmer, l'avocate de la famille. "Nous pouvons contester ce classement à hauteur du parquet général, et c'est ce qu'on va faire" annonce-t-elle. 

Une prochaine étape quelle que soit la décision annoncée par le tribunal le 8 juin prochain. Pour que les parents de Sacha puissent lui dire : "On t'a rendu justice". 

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