Le gouvernement veut faciliter la création de péages urbains. Fabienne Keller, auteur d'un rapport sur le sujet, est favorable à ce dispositif. Roland Ries, lui, s'interroge sur le bruit causé par cette affaire, alors qu'une telle taxe est possible depuis les lois Grenelle de 2010.
Pour "limiter la circulation automobile et lutter contre la pollution et les nuisances environnementales", le gouvernement veut permettre à plus de grandes villes de créer des péages urbains. Le principe est d'instaurer des "tarifs de congestion". Cinq euros maximum seront demandés pour les véhicules légers, selon un avant-projet de loi d'orientation des mobilités publié mercredi 17 octobre par le site Contexte.
La sénatrice du Bas-Rhin Fabienne Keller (Agir) soutient le projet. Elle vient de remettre un rapport sur le sujet à la Commission des finances du Sénat, et appelle les grandes villes françaises à s'inspirer des exemples de Londres et Stockholm, où le dispositif existe depuis une quinzaine d'années. Si elle tient à parler de "contribution anti-congestion" ou de "contribution qualité de l’air" plutôt que de "péage", elle insiste sur le fait que le dispositif a fait ses preuves à l'étranger.
Un dispositif "incitatif et non punitif"
Il est selon elle un outil parmi d'autres pour améliorer la qualité de l'air, une nécessité pour faire baisser le nombre de décès causés chaque année par la pollution (44.000). L’argent récolté "doit servir à améliorer et encourager les alternatives : transports en commun, vélo, co-voiturage".
Le maire de Strasbourg, lui, se dit "étonné que cette vieille affaire ressorte", surtout à un an et demi des prochaines élections municipales. "Aucun maire ne va se lancer là-dedans maintenant. Mais ce que je comprends encore moins, c'est qu'on parle de péage urbain alors que les grandes villes ont déjà la possibilité de mettre ce dispositif en place". Cette taxe est en effet applicable depuis les lois Grenelle de 2010. "En huit ans, pas une ville n'a pu ou voulu le tester. N'importe quel président d'intercommunalité aurait pu le faire."
"On a déjà un péage urbain, c'est le stationnement"
Interrogée en marge du Salon de la mobilité urbaine, la ministre des Transports, Elisabeth Borne, a expliqué que "le cadre mis en place à l’époque n’était pas très opérationnel, et le péage urbain très peu encadré. La loi d’orientation des mobilités va préciser les conditions dans lesquelles les péages urbains pourront s’appliquer".
Pour Roland Ries, se pencher sur la question du péage urbain est néanmoins un "débat intéressant": "On a déjà un péage urbain, c'est le stationnement. Mais on peut se demander pourquoi le péage zonal ne fonctionne pas en France contrairement à d'autres pays", insiste-t-il, en livrant son explication. "L'octroi, qui était en place il y a très longtemps, était déjà une forme de péage urbain mais il a été supprimé après la Révolution française. Il y a, depuis, un état d'esprit très libertaire. C'est presque une question psychologique".
A chaque ville, son choix
Quoi qu'il en soit, pour franchir ces péages urbains, les conducteurs de voitures devraient s'acquitter de 2,50 euros et les chauffeurs de camions de dix euros. Pour les villes de plus de 500.000 habitants comme Paris, Lyon et Marseille, la facture pourrait grimper à 5 euros pour une voiture et à 20 euros pour un camion. Les villes, les communautés de communes ou encore les régions ne seront soumises à aucune obligation, elles décideront d'appliquer ou non le système.