Féminicide présumé aux assises du Bas-Rhin : "on ne l'a pas protégée" pour la sœur de Yasemin Cetindag, tuée en 2020

Le procès de Savas.O, accusé du meurtre de Yasemin Cetindag, mère de ses 4 enfants, en décembre 2020 débute ce mardi 21 mai à la cour d'assises du Bas-Rhin, à Strasbourg. À cette occasion, la sœur de la victime, Leyla Cetindag, prend la parole pour alerter sur les "failles" de la police et de la justice vis-à-vis des féminicides.

Le procès de l'ex-conjoint de Yasemin Cetindag, accusé de l'avoir tuée en décembre 2020, aura lieu à partir de ce mardi 21 mai à la cour d'assises du Bas-Rhin, à Strasbourg. Sa sœur, Leyla Cetindag, a régulièrement pris la parole depuis le drame pour dénoncer l'inaction des autorités malgré les multiples alertes de Yasemin avant sa mort. Elle s'exprime de nouveau en amont du procès.

Pourquoi avoir décidé de prendre la parole juste avant le procès ? 

C'est très dur pour ma mère. Pour mon père aussi, et les enfants qui n'ont plus de maman. C'est toute une famille qui est brisée. L'angoisse monte avec le procès qui approche. Tout me fait penser à nouveau à ce qui s'est passé. Je trouve que c'est bien d'en reparler pour faire comprendre qu'on n'oublie pas. 

Le corps de votre sœur a été retrouvé dans la forêt de Vendenheim, plusieurs jours après sa disparition. À l’époque, ça a été un choc pour vous. Mais en même temps, vous aviez déclaré que vous vous attendiez, quelque part, à ce que cela finisse mal. Pour quelle raison ? 

Je n'étais pas chez moi ce jour-là, c'est ma maman qui gardait les enfants. Mais quand on n'a pas eu de nouvelles dans la journée, on s'est doutés qu'il y avait eu un problème. C'est dû au fait qu'il avait déjà été violent avec elle. Elle disait toujours qu'elle espérait que rien de grave n'arrive parce que c'était le père de ses enfants, mais elle avait peur, ça c'est sûr. Alors quand elle ne répondait pas au téléphone ce jour-là, j'ai compris qu'il avait peut-être commis l'irréparable. 

Votre sœur a en effet déposé quatre plaintes, dont certaines ont été retirées, et treize mains courantes. Vous aviez exprimé votre colère à l'époque. Contre la justice, contre la police. Cette colère est-elle encore là ?

Elle n'est pas partie. Tous les jours je me dis que ça aurait pu se passer autrement. Ma sœur n'a pas eu de téléphone grave danger par exemple. Des choses auraient pu être mises en place, et ces choses n'ont pas été faites. Pour moi, on ne l'a pas protégée. C'est comme s'il n'y avait pas eu de suite à sa parole.

Vous comptez porter plainte contre l'Etat. Pour quelle raison ?

Pour non-assistance à personne en danger. C'est mon combat. J'exprime ma douleur ainsi. Pour moi, le combat n'est pas fini, et même après le procès, je ne sais pas s'il sera vraiment fini.

Qu'attendez-vous de ce procès ?

J'attends qu'il paye, d'abord, même si ça ne sera jamais assez. J'aimerais qu'il prenne la parole aussi, parce que j'ai compris que s'il le souhaitait, il pouvait ne pas s'exprimer. S'il ne veut pas parler, ce sera encore pire. 

Vous dites que l'accusé a prémédité ce meurtre. Lui le nie. Il reste d'ailleurs présumé innocent.

J'aimerais savoir. Pourquoi le 23 décembre ? Pour moi, il savait ce qu'il voulait faire, il le répétait qu'il voulait la tuer. Ce jour-là, le 23, était bien défini. C'était la veille de Noël, il savait que c'était un moment important pour toute la famille.

Depuis le drame, vous vous êtes engagée dans un combat pour la défense des femmes victimes de violences conjugales. Pourquoi?

Parce que ça me met en colère, parce que je me dis que ça n'avance pas. Quand les coupables finissent en prison, ils sortent un jour. J'ai l'impression qu'aux yeux de tout le monde, c'est devenu une banalité. Les lois ne changent pas. Et ça, ça me met encore plus en colère.

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