L'annonce est tombée le 28 septembre à Berlin, le Goethe-Institut doit faire des économies. Sur les 158 sites existant dans le monde, neuf devront fermer, dont celui de Strasbourg. Un mauvais signal pour les défenseurs du bilinguisme Français-Allemand, les politiques réagissent.
"En tant qu'institut culturel de la République fédérale d'Allemagne, actif au niveau mondial, nous nous engageons en faveur de l’entente entre l'Allemagne, l'Europe et le monde.", annonce le Goethe-Institut en ouverture de ses missions, sur son site.
Mais là, l'entente cordiale pourrait bien en prendre un coup. Fermer l'antenne de Strasbourg "n'est pas un bon message envoyé pour la promotion du bilinguisme dans notre région", déclare Brigitte Klinkert, co-présidente de l'Assemblée parlementaire franco-allemande (APFA) et députée Renaissance du Haut-Rhin.
"Strasbourg est une capitale européenne, l’Alsace est une région profondément européenne et ouverte sur l’espace rhénan où le français et l’allemand se parlent couramment" rappelle Brigitte Klinkert. "Fermer l’institut Goethe dans la ville siège du Parlement européen et du Conseil de l’Europe, où l’allemand fait partie du quotidien des institutions dont elle est une langue de travail officielle, n’est pas un bon choix."
Je rencontre prochainement l'Ambassadeur d'Allemagne en France, nouvellement nommé, et lui parlerai de ce point particulier pour déterminer avec lui ce qu'il est possible de faire.
Brigitte Klinkert, Co-présidente du bureau de l'Assemblée parlementaire franco-allemande
Le site de Nancy, quant à lui, doit rester ouvert, mais le président de la Région Grand Est, Franck Leroy, exprime lui aussi ses regrets pour la capitale alsacienne et évoque une "décision prise de manière unilatérale". Il en appelle à la mobilisation des deux côtés du Rhin.
Sollicitée par France 3 Alsace, Brigitte Klinkert, la députée du Haut-Rhin et conseillère de la CEA (Collectivité européenne d'Alsace) confirme que "la mobilisation de tous les acteurs du franco-allemand et des élus locaux est nécessaire pour défendre le bilinguisme." et rajoute "Je rencontre prochainement l'Ambassadeur d'Allemagne en France, nouvellement nommé, et lui parlerai de ce point particulier pour déterminer avec lui ce qu'il est possible de faire. Je reste déterminée."
Je regrette profondément cette fermeture et en appelle à la mobilisation de part et d’autre du Rhin.
Franck Leroyprésident de la Région Grand Est
L'antenne strasbourgeoise du Goethe Institut indique sur son site qu'elle génère elle-même environ un tiers de son budget "grâce aux recettes des cours de langue et des examens. En outre, l'Union européenne, d'autres ministères fédéraux ainsi que des fondations et des entreprises en Allemagne et à l'étranger nous soutiennent."
Pour expliquer son choix, le Goethe Institut, basé à Berlin, avance l'obligation d'économiser 24 millions d'euros par an sur un budget de 239 millions d'euros. Parmi les neuf sites qui doivent fermer à travers le monde, celui de Strasbourg est considéré comme n'étant qu'un "bureau de liaison" où l'on ne dispense pas de cours d'allemand.
« Ce bureau n’était pas un centre de formation proprement dit. On n’y dispensait pas de cours d’allemand, mais on y renseignait et orientait les personnes intéressées par la langue et la culture allemande", a indiqué le service de communication du Goethe Institut à nos confrères des DNA.
Pour l'instant, le site strasbourgeois du Goethe Institut, affiche des activités culturelles et linguistiques jusqu'en novembre, mois du Festival Augenblick, consacré au film allemand, avec des projections dans tous les cinémas indépendants du Grand Est. Contactée, la direction de l'Institut n'a pas encore, à cette heure, répondu à nos sollicitations.