Funkindustry : comment ce groupe français a séduit le Japon

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L'arrivée au Japon du groupe strasbourgeois Funkindustry. ©Libelo Productions

C'est la belle histoire, presque un conte musical proposé par Antoine Goetghebeur dans son documentaire "Funkindustry, sur les traces de la city pop japonaise". Comment la réception d'un mail expédié du Japon, ouvre de nouvelles perspectives à un jeune groupe de funk à la notoriété jusque-là régionale.

Ils ont d'abord cru à une blague. Les six petits gars du groupe strasbourgeois Funkindustry, à la notoriété toute régionale, ont reçu en juillet 2020 un mail en provenance du Japon. Dans ce message, un chorégraphe leur expliquait, en substance, que son groupe de jeunes danseuses souhaitait utiliser un de leurs morceaux pour réaliser leur choré. Et pourquoi pas le pape tant qu'on y est ? Mais à y regarder de plus près, le message est bien réel et marque de point de départ d'une formidable aventure qui va les projeter dans une tournée de concerts au Japon. 

Voici trois bonnes raisons de regarder le documentaire d'Antoine Goetghebeur "Funkindustry, sur les traces de la city pop japonaise".

1. Pour s'imprégner de la culture urbaine japonaise 

Et oui, il n'y a pas que les animés, les mangas et les geishas au Japon. Il y a, entre autres, tout un pan de cultures urbaines, de danses, de musiques et de graphismes qui font fureur auprès de la jeunesse des grandes agglomérations nippones.

C'est le cas du locking. Il s'agit de chorégraphies, réalisées souvent en groupes, et favorisées par les réseaux sociaux de vidéos comme Youtube, Tik Tok ou Instagram. Ces danses, proches du hip hop, enchainent les mouvements fluides, rapides et des arrêts spectaculaires sur des rythmes plutôt funk ou R'nB. 

Et l'expéditeur de l'étrange message électronique, reçu par le groupe Funkindustry, Yutaro Yoshihira est justement chorégraphe de locking.

Il leur demande l'autorisation d'utiliser leur morceau "Do it" pour une chorégraphie. Après avoir lu et relu le message, voilà donc que les jeunes alsa-musiciens font quelques recherches sur la toile et constatent que non, ce message n'est décidément "pas un fake", comme le dit lui-même l'expéditeur. Ils tombent sur une première vidéo de danse réalisée sur un de leurs morceaux. Puis une autre et encore une autre. C'est ainsi, qu'à l'insu de leur plein gré, ils découvrent leur formidable notoriété au Japon, mais aussi dans une bonne partie de l'Asie de l'Est. Parce que cette tendance se décline en Corée, à Taiwan et aussi en Chine. "On a cherché le #funkindustry sur Instagram et on est tombés sur une flopée de vidéos, de réels. Oh les gars ! J'en ai encore une ! On n'y croyait pas" témoigne l'un des musiciens. Vertigineux ! Jusqu'à voir un groupe de danseurs présenter une chorégraphie dans une émission télévisée, équivalent japonais de "Danse avec les stars", "Japan dance Delight" édition 2020. "Il y a du niveau sur notre musique" s'enorgueillit le chanteur.

@funkindustry When #funkindustry is played on a #Japan dance show #dance #locking #lockingdance @dapump_kenzo01 ♬ son original - Funkindustry

À y regarder de plus près, ils découvrent aussi que leur musique, aux cuivres funk mâtinés de R'nB peut coller à la tendance musicale qui fait fureur depuis quelques années au Pays du Soleil levant. La city pop est une réminiscence de la musique de variété japonaise des années 80. Remise au goût du jour, elle emporte la jeunesse des grandes villes dans une nostalgie des années fastes de l'économie japonaise, qu'elle n'a pourtant pas connue. Des extraits de mélodies d'anciens tubes sont repris et remis au goût du jour. Un côté pile nostalgie, un côté face modernité et urban-attitude. La recette du succès city pop.

Une pincée de vintage musical à la sauce teriyaki. Les jeunes Français se laissent séduire par le genre et les voilà qui se prennent à rêver de Japon.

Puisque le Japon est venu à eux, pourquoi ne pas tenter le rapprochement ? Ils lancent alors un projet de clip exécuté à distance, en raison de la crise du covid, sans jamais rencontrer les danseurs, pour leur morceau "Gimme all you got". Les groupes de danseurs jouent le jeu et envoient leurs séquences enregistrées. De séquence en séquence, de danse en danse, le clip est empaqueté en mode distanciel.

2. Pour rencontrer des petits gars bien sympathiques

Funkindustry, c'est d'abord "une histoire d'ado, d'amitié et de fraternité" déclare JM (Jean-Mathieu), le bassiste du groupe. François-Xavier — prononcez FX —, affublé d'une casquette, embraye "on a toujours fait de la musique ensemble". On sent la cohésion du groupe, même si certaines personnalités sont plus démonstratives que d'autres. Le résultat de ce travail en commun, un bon funk au groove bien balancé qui pousse au déhanché.

Dans les séances de répétition, leur cohésion est presque palpable. Quand l'un propose une mélodie, l'autre ajoute un rythme, puis un troisième un gimmick et ainsi de suite. La place est donnée à chacun, dans l'écoute et la joie partagée de créer de la musique ensemble. 

Leur harmonie transpire dans les extraits de concerts répartis ici et là dans le documentaire. Ces six-là ne boudent pas leur plaisir de jouer en groupe. Tout comme ils ne boudent pas leur immense joie à être attendus au Japon. Comme des gosses, ils se prêtent volontiers au jeu des interviews. Comme des jeunes vedettes qu'ils sont devenus, ils se plient aux séances de selfies et d'autographes. Tout n'est que jeu. La musique et les à-côtés. La découverte d'un pays passionnant en bonus.

Ce plaisir et cette joie qu'ils partagent ne font qu'ajouter au côté professionnel de leur tournée. FX, (clavier, voix), Nathan (voix, guitare), JM (basse), Nico (trompette), Rémi (Saxo) et David, dit Dadou (Batterie) s'en donnent à cœur joie au Japon.

3. Pour approcher quelques vedettes nippones

Car la grande idée, initiée par le manager de Funkindustry, Fabien Bonnin, c'est de s'attaquer au marché japonais par le biais de ses propres stars. Créer un album de chansons interprétées par des artistes japonais de city pop. Des collaborations ou featuring qui mélangent le bon son du groupe avec les voix connues des chanteurs japonais. Une sorte de clé pour pénétrer plus avant un marché, où les artistes étrangers ont peu de place. 

"Ça a donné le titre "Suddenly" la première collab' franco-japonaise" explique Nathan, chanteur et guitariste du groupe. C'est le rappeur Jua, qui prête sa voix et pose son flow sur la musique proposée par Funkindustry. Puis vient "Another me" avec un autre rappeur Wes Atlas. Devenu leur titre le plus streamé.

De titre en titre, les collaborations s'enchainent, réalisées à distance, lors de séances de travail en visio."Au final, c'était juste une forme de télétravail", s'en amuse FX "à 13.000 km de distance et sept à huit heures de décalage". Et sur les playlists japonaises, les chansons "prennent". La méthode fonctionne et les invitations auprès d'autres artistes japonais sont lancées. Un EP de cinq titres, sort en 2023 "Midnight city lovers", disponible sur toutes les plateformes. 

  1. "I want you closer" feat. Asako Toki
  2. "Sunday cruisin'" feat. JiLL Decoy association
  3. "Midnight city lovers" feat.Emi
  4. "We need love" feat. Eri Takenaka
  5. "Loneliness" feat. Natsu Summer

Des coulisses des enregistrements, aux premières rencontres en présentiel, jusqu'à la tournée dans cinq villes du Japon (Osaka, Kyoto, Okayama, Nagoya et Tokyo), le documentaire vous donne l'impression d'être une petite souris embarquée dans leurs valises. Un conseil : embarquez !

Allez ! En bonus pour les amateurs, voici une captation d'un de leurs précédents concerts au Pelpass festival 2023. C'est cadeau.

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