Huit mois que la guerre fait rage dans leur pays : une soixantaine d'Ukrainiens ont manifesté ce jeudi 13 octobre en face du Conseil de l'Europe de Strasbourg. Toujours combatifs mais très inquiets de voir le sujet banalisé.
On a tous en mémoire ces rassemblements de soutien au peuple ukrainien au lendemain du déclenchement de la guerre, le 24 février 2022. A Strasbourg, des centaines d'Alsaciens aux couleurs jaunes et bleues étaient là chaque samedi face à l'ambassade de Russie pour demander l'arrêt des combats.
Huit mois plus tard, la guerre fait toujours rage. Le 10 octobre 2022, nouvelles frappes massives revendiquées par la Russie. 84 missiles et 24 drones suicide déferlent sur l'Ukraine.
Au total, 23 villes sont touchées, parmi lesquelles Lviv, Kharkiv, Odessa, Dnipro ou encore Zaporijia. Les combats continuent et combien sont-ils encore aujourd'hui dans la rue, en France, pour les dénoncer?
Seuls sur le front?
Ce jeudi 13 octobre, une soixantaine de personnes, toutes issues de la diaspora ukrainienne, se sont rassemblées à 8h du matin face au Conseil de l'Europe de Strasbourg. Arborant fièrement drapeaux et pancartes, hommes, femmes et enfants scandent à qui veut encore l'entendre : "Russia is a terrorist", "Don't let them kill us" ou encore "Stop genocid in Ukrain".
Pour Ludmyla Ilchuck, la présidente de l'association PromoUkraïna, "être là aujourd'hui, c'est important. Il y a eu cette nouvelle attaque terrible de lundi. Et puis c'est aujourd'hui que Volodymyr Zelenski doit prendre la parole devant le Conseil de l'Europe. Il y a un débat d'urgence sur l'agression russe. Nous sommes là en soutien pour demander aux organisations européennes une résolution pour que ce génocide soit stoppé".
Les manifestants de ce matin sont tous ukrainiens. Les Alsaciens les auraient-ils oubliés? Native de Marioupol, au sud du pays, Ludmyla Ilchuk ne le pense pas : "On a été très touchés par cette vague de solidarité au début de la guerre. C'est vrai qu'aujourd'hui, ils ne sont pas là. En même temps, il est 8h du matin, beaucoup sont à leur travail."
Les Français n'ont pas l'air de comprendre que ce qui nous arrive peut leur arriver aussi.
Olga KostenkoVice-présidente de l'association PromoUkraïna
Même si elle temporise aussi, Olga Kostenko, la vice-présidente de l'association PromoUkraïna alerte : "Ce qui m'inquiète, c'est que les Français n'ont pas l'air de comprendre que ce qui nous arrive peut leur arriver aussi. Et dès demain! Nous ne sommes qu'à 2.000 kilomètres". 2.000 kilomètres, c'est un Strasbourg-Lisbonne ou un Strasbourg-Palerme. On n'ose imaginer. Et pourtant.
Non loin d'elle, Stanilav Litovtchenko, un jeune Ukrainien arrivé en France à l'âge de 10 ans déplore le fait que "le champ médiatique se rétrécisse. Aujourd'hui, et c'est normal, tout le monde ne parle que de la pénurie d'essence, des blocages. regardez la place de l'Ukraine dans un journal télévisé. On arrive juste avant les sports".
En première ligne avec son association, Ludmyla Ilchuk remue ciel et terre pour rassembler les forces vives, les dons et organiser l'arrivée et l'accueil des réfugiés. Elle a pu faire évacuer ses parents de Marioupol : "Ils ont tout de même vécu 15 jours sous les bombardements. C'était très dur de les savoir en danger là-bas et j'ai déjà perdu tellement, tellement d'amis, si vous saviez..."
Dans quelques jours, elle affrétera d'Alsace deux ambulances pour Kharkiv. Le départ, si tout va bien, est prévu dans la nuit de samedi à dimanche 16 octobre 2022.