À Strasbourg (Bas-Rhin), une double-rangée de barrières a été installée devant le consulat de Russie, après les dégradations (croix gammées) qui y ont eu lieu le vendredi 25 février. Des anonymes opposé(e)s à l'invasion russe de l'Ukraine y ont placardé des dizaines de pancartes, drapeaux, et dessins.
Au consulat de Russie situé à Strasbourg (Bas-Rhin), les choses ont bien changé depuis que des croix gammées y ont été taguées le vendredi 25 février 2022. Un acte isolé commis pour dénoncer l'attaque russe de l'Ukraine, et rapidement condamné (l'auteur était jugé ce lundi 28 février).
Les combats n'épargnent pas la capitale ukrainienne (c'est ce qu'a raconté un pâtissier alsacien expatrié à France 3 Alsace). Et la diaspora de l'Ukraine vivant en Alsace ne cache pas son inquiétude.
Depuis les dégradations, les panneaux d'affichage en plexiglas du consulat ont été retirés pour éviter un nouvel acte de vandalisme. Une présence policière se trouve sur place "pour assurer la sécurité" pendant toute la journée. Et pour renforcer ladite sécurité, une double-rangée de barrières isole l'entrée du consulat de la place Sébastien Brandt (voir sa localisation sur la carte ci-dessous).
Il n'est toutefois pas interdit de rentrer dans le consulat. Ni d'emprunter le trottoir où ont été disposées les barrières.
Les personnes supportant l'Ukraine en ont profité. Des pancartes, des drapeaux ukrainiens (bleus et jaunes pour le ciel au-dessus des champs de blé), des dessins y ont été accrochés, suscitant parfois la curiosité des passantes et passants. Les messages qui y figurent sont écrits en français et en anglais, parfois en biélorusse et en ukrainien (une langue qui se différencie du russe).
Puisqu'on parle des langues, on peut faire l'observation qu'un des plus gros panneaux fait mention de Kyiv, et non pas Kiev comme on entend ou lit souvent en français. En fait, Kiev est tirée de la francisation du nom russe de la capitale, et Kyiv du nom ukrainien. Employer l'un ou l'autre est donc un acte politique auquel on ne songe pas forcément (voir le tweet ci-dessous).
Plusieurs appels à des sanctions politiques et économiques contre le régime russe sont présents. D'autres affichages critiquent vertement (pour employer un terme poli) Vladimir Poutine en tant que président de la Russie, mais pas les Russes. Le mot-valise "P(o)utler" (fusion de Poutine (Putin en anglais) avec Hitler) est employé sur l'un d'eux.
Un photomontage montre d'ailleurs le président russe grimé d'une moustache hitlérienne. Sur un autre, on le voit reposer dans un cercueil... De manière plus classique, un message en anglais l'invite tout simplement à "aller se faire foutre" ("go fuck yourself").
Une autre référence à la Seconde Guerre mondiale est faite en affichant côte-à-côte des photographies de personnes réfugiées dans le métro londonien dans les années 40, et dans le métro ukrainien en 2022. Plus pacifiquement, on trouve aussi des dessins.
Recouvrir ces barrières de messages plutôt que dégrader le consulat russe, c'est un acte de résistance pacifique à la guerre voulue par Vladimir Poutine en Ukraine. L'occasion de rappeler que que "la guerre, c'est le massacre de gens qui ne se connaissent pas; au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas." Cette citation de Paul Valéry est toujours d'actualité.