"Il est temps d’allumer le chauffage" : des classes de maternelle à 16 degrés déclenchent la colère

Pas de chauffage dans certaines classes d'école maternelle de Strasbourg pour les enfants de 4 ans. Des parents, enseignants et élus s'insurgent, car le problème ne serait pas nouveau.

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La photo prise ce mardi matin 5 novembre dans l'école Oberlin de la Krutenau à Strasbourg est parlante : 16 degrés dans une salle de classe (comme indiquée sur la photo) qui accueille des enfants de quatre ans. Ils y passent trois heures le matin et deux heures et demie l'après-midi, largement de quoi prendre froid.

Mélanie, maman de Nélia, 4 ans, est aussi représentante de parents d'élèves. "Ce matin quand je suis entrée en classe pour déposer ma fille, j'ai vu la maîtresse et l'Atsem qui grelottaient, j'ai demandé combien de degrés il faisait et j'ai vu 16 degrés sur le thermomètre, alors j'ai pris la photo. J'ai immédiatement fait un mail avec cette photo et une capture d'écran des températures indiquées par Météo France ce matin, il faisait 7 degrés, à la direction enfance et jeunesse de la ville de Strasbourg."

Mélanie sait qu'il faut agir vite parce que les enfants sont fragiles : "La petite a repris l'école hier matin et, le soir, elle avait déjà le nez qui coulait. À la rentrée, début septembre, les températures étaient encore douces, mais maintenant ce n'est plus le cas." Alors dans l'immédiat, elle mettra un gilet supplémentaire à sa fille jusqu'à ce que le problème soit réglé.

Pour Alexandra, la maman de Louisa, 4 ans, le problème n'est pas nouveau. "Avant les vacances de la Toussaint, des parents s'étaient déjà plaints, et en participant à une activité "jeux de société", j'ai constaté qu'il faisait froid dans la salle. Je crois bien qu'il faisait meilleur dehors. En attendant que le chauffage revienne vraiment, elle couvre mieux sa fille, qui garde son tour de cou en cours.

Des exercices d'échauffement pour qu'ils ne prennent pas froid

"Nous avons prévenu tous les parents de bien habiller les enfants" explique une des enseignantes de l'école. "Maintenant ils sont en gros pull en classe, certains ont des écharpes et une de nos élèves qui est en situation de handicap, et particulièrement fragile, est vraiment emmitouflée." 

L'an dernier on est descendu à 14°. Tous les ans on doit râler et leur dire qu'il est temps d'allumer le chauffage.

Enseignante en école maternelle, d'un quartier de Strasbourg

Les enseignantes ont mis en place des exercices pour que les enfants ne prennent pas froid. " Entre deux ateliers, on leur fait faire des mouvements d'échauffement, comme avant les cours de sport." Pour elle aussi, ce problème de chauffage n'est pas nouveau. "On l'a déjà eu l'an dernier et l'année d'avant. On est même déjà descendu à 14°. C'est surtout le matin, le chauffage n'est pas allumé quand on arrive. Tous les ans on doit "râler" et leur rappeler qu'il est temps d'allumer"  insiste l'enseignante qui précise qu'ils ont des enfants qui doivent encore faire la sieste l'après-midi.

De son côté, la directrice de l'école maternelle a contacté la mairie dès lundi matin. Le responsable technique lui a expliqué qu'il s'agirait en fait d'un "problème de télégestion. L'ordre du chauffage aurait été donné, mais n'aurait pas été transmis jusqu'aux salles de classe."

Ce mardi en milieu d'après-midi, il ne fait encore que 17 degrés dans une des salles, 18 dans une autre, 19 dans une troisième. "Les classes où il fait le plus froid sont celles du rez-de-chaussée, une autre salle à l'étage, bien exposée au soleil, indique 20 degrés à 15h30." relève la directrice en précisant que "le chauffage semble relancé dans certaines salles, mais pas partout."

Pour une écologie de bon sens, mais pas des cours en doudoune

Dans un communiqué de presse, Nicolas Matt, conseiller municipal de l'opposition, vice-président en charge notamment de la jeunesse, de la réussite éducative affirme avoir écrit à la maire de Strasbourg : "Nous comprenons tous l'importance des mesures pour lutter contre le réchauffement climatique et nous partageons cet engagement pour une transition écologique réussie. Cependant, ces efforts ne doivent en aucun cas se faire au détriment des conditions d'apprentissage et du bien-être des enfants. Le confort thermique est essentiel pour permettre aux élèves d’étudier dans de bonnes conditions et éviter une multiplication des maladies à l’approche de la période hivernale."

Il faut agir avec bon sens et distinguer les bâtiments scolaires bien isolés de ceux qui ne le sont pas.

Nicolas Matt, conseiller municipal de l'opposition, vice-président CEA jeunesse et réussite éducative

"Il faut du bon sens, en fonction de la qualité de l'isolation des écoles." insiste le conseiller municipal de l'opposition., qui a été interpellé sur cette question de chauffage pour d'autres écoles de Strasbourg. "J'ai entendu qu'il y a un coup de chauffe dans certains bâtiments le matin, mais pas partout. Cela fait un pic de dépense et le confort journalier des utilisateurs s'effrite très vite. Nos universités et collèges sont chauffés, selon les préconisations du gouvernement,  à 19 degrés pour le confort des personnels et donc en dessous, ça peut vite s'assimiler à de la maltraitance." estime-t-il. Ce mardi, 5 novembre, la ville n'a pas encore répondu à son courrier du 11 octobre.

Si la situation n'est pas réglée en fin de semaine, l'élu prévoit de saisir la maire et l'adjointe en charge de l'éducation, par une question en conseil municipal.

Le problème de chauffage soulevé dans l'école de la Krutenau en cache-t-il un autre ? Ce n'est pas impossible. "Les après-midi d'été, on doit sortir avec les enfants, on ne peut pas les garder à l'intérieur, parce qu'il fait trop chaud dans ces salles de classe" précise l'enseignante, "pourtant le bâtiment n'est pas vieux." Il y a eu une restructuration et extension en 2013. 

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