Depuis mars dernier, les bars et restaurants français sont à l’arrêt pour freiner l'épidémie de coronavirus. En soutien, la plateforme "J’aime mon bistrot" permet de précommander ce qu'il sera possible de consommer après réouverture. Près de 200 structures y participent en Alsace.
S’assoir en terrasse pour siroter (avec modération) un bon cocktail ou profiter d’un repas entre amis est devenu un doux rêve pour beaucoup d’entre nous depuis l’annonce de la fermeture des bars-restaurants, le 14 mars 2020, par le Premier ministre, Édouard Philippe. Une mesure radicale, décrétée "jusqu’à nouvel ordre", destinée à freiner l’épidémie de coronavirus, qui a pris de court bon nombre d’établissements, obligés de s’organiser en catastrophe pour vider les stocks de denrées et congédier le personnel.
"Le samedi soir à 20h on nous a dit qu’on fermait à minuit. Il n’y pas eu d’anticipation", déplore Franck Meunier, à la tête de plusieurs enseignes de restauration à Strasbourg. Rideaux baissés dans l’attente du déconfinement, certains commerces voient plonger leurs trésoreries qui virent au rouge vif. L’œil sur la calculette, les gérants sont inquiets. "Si on fait le bilan pour l’entreprise, c’est une perte sèche en terme de matières premières. Nous avons, en outre, les loyers qui continuent à courir, les charges, le chômage partiel dont il faut financer une partie. Tout additionné, nous craignons de ne pas y arriver", avance encore Franck Meunier.
Pour soutenir la filière, les acteurs de la Consommation Hors Domicile (CHD) lancent la plateforme en ligne "J'aime mon bistrot". Son but: récolter des fonds pour aider les professionnels à tenir le coup et à payer les factures qui courent encore.
Soutenez votre bistrot préféré ! « J’aime mon bistrot » est un fonds #solidaire permettant à tout un chacun de contribuer librement au soutien d’un ou plusieurs établissements CHR. https://t.co/S8AiSy6PCx pic.twitter.com/K5NMMR3TgW
— CCI Alsace Eurométropole (@ccialsace) April 10, 2020
"Derrière ces fermetures, c’est toute une vie sociale qui est mise en pause et des milliers de patrons qui, chaque matin, craignent de ne pas pouvoir rouvrir leur établissement au sortir de la crise", indique la plateforme sur son site internet.
Le principe est de permettre aux clients fidèles de précommander un café, du vin, une bière, un cocktail ou même un repas, pour un montant de 1,50 à 50 euros. La consommation pourra être servie dès la fin du confinement. À la manœuvre, de grandes marques telles que France Boissons, Coca-Cola, Pernod Ricard, Heineken, Kronenbourg, Lavazza... Pour les 10.000 premiers bons d'achat payés, ces dernières abonderont le ticket de 50%. Par exemple pour 10 euros réglés par le consommateur, le patron du café en recevra 15.
Une rentrée d’argent immédiate
Une aide financière bienvenue mais surtout immédiate. "Ces fonds pourront être utilisés dès à présent par les patrons d’établissements pour leur permettre de faire face à cette situation ou, plus tard, pour assurer les réouvertures et soutenir les plus fragiles", détaille également la plateforme.Difficile de recenser les commerces alsaciens participants. Leur nombre évolue jour après jour, mais plus de deux cents sont déjà comptabilisés. "Cela nous permet de rentrer un peu de trésorerie mais aussi de garder un lien avec les clients", s’enthousiasme Joseph Thomas, gérant de deux bistrots dans l’hypercentre strasbourgeois. En deux jours de présence sur le site internet, il a déjà engrangé 22 précommandes solidaires. Parmi les formules proposées "ce sont celles que j’ai intitulées "revoir ses amis" qui marchent le mieux", précise-t-il. 30 euros à dépenser sur toute la carte lors de la réouverture. "Pour l’instant ce n’est pas grand chose, mais c’est super de voir que les gens pensent à nous".
"Ce sont des initiatives qui vont peut-être permettre de sauver nos entreprises", renchérit Franck Meunier. De quoi rassurer, mais aussi préparer la reprise. Sur ce point, Roger Sangel, président des hôteliers-restaurateurs du Bas-Rhin, 1200 adhérents prévient: "Elle ne se fera pas à la vitesse grand V, ni sans difficultés. On fait partie des gens qui ont sacrément pris. Se mobiliser pour nous maintenant c’est bien, mais on voudrait juste qu’on ne nous oublie pas après. Il faut sauver notre peau", conclut-il.