"C'est le côté plus doux, plus sympa, moins commercial qui m'a attiré vers cette coopérative." reconnaît Michel 76 ans. Mais c'est quoi une coopérative funéraire ? Pour expliquer les services qu'elle propose et se distinguer des pompes funèbres privées, les membres d'Akène accueillaient le public dans leurs locaux ce samedi 2 novembre. La coopérative funéraire ou comment voir les obsèques autrement.
Des urnes funéraires uniques fabriquées par des artisans locaux, un accompagnement sur mesure pour les familles endeuillées, un engagement à ne pas pousser à la consommation, sont les aspects principaux mis en avant par la coopérative funéraire strasbourgeoise Akène, installée dans le quartier de Cronenbourg.
Créée par un groupe de citoyens, elle se présente comme une alternative aux agences de pompes funèbres privées et compte une soixantaine de sociétaires au bout d'un an.
Parce que la mort d'un proche est une épreuve, et que l'on peut se retrouver seul et désemparé, les fondateurs de la première coopérative funéraire d'Alsace ont décidé de présenter leurs services lors d'une journée conviviale.
Ne pas se sentir poussé à la consommation
Présents lors de cette journée portes ouvertes, Michel et Eva sont adhérents depuis quelques mois. "C'est le côté plus doux, plus sympa, moins commercial qui m'a attiré vers cette coopérative." reconnaît Michel Perreau, 76 ans.
"J'ai déjà choisi mon cercueil, c'est du bois de récup. C'est génial, pour être incinéré ! Ce n'est pas la peine de mettre de l'acajou. Dans la boutique c'est beau, ça fait plus personnalisé. Cette solution me semble une meilleure approche, plus intime, plus discrète." Comme pour Michel, le respect de l'environnement, la possibilité d'opter pour une concession dans une forêt funéraire sans monument est un aspect de plus en plus recherché et important pour les citoyens.
Eva, elle, a découvert ici les documents à remplir pour exprimer ses dernières volontés pour son inhumation. "Ce n'est pas évident, il y a des choix à faire et on n'est pas forcément prêt ou sûr de faire les bons choix à ce moment-là, mais il y a la possibilité de faire des modifications. On choisit la cérémonie, la musique, quelles personnes avertir. Ça évolue avec le temps et il y a possibilité de modifier, c'est important. On n'a pas toutes les réponses tout de suite, il faut parfois un petit moment."
"C'est pour faciliter la vie aux enfants, mais aussi pour que ça corresponde plus à ma façon de voir et vivre les choses."
Eva Perreau, adhérente à la Coopérative funéraire Akène
Pour Eva, organiser soi-même sa cérémonie d'adieu au monde, est une façon de souligner ses convictions auprès de la famille et des amis. Elle sait déjà qu'elle voudrait "Quelque chose de simple et joyeux plutôt que quelque chose de solennel et triste."
Vivianne Gangloff découvre le lieu. Ce qui lui plaît de prime abord, c'est l'ambiance du lieu, la couleur jaune partout autour d'elle. Elle vient se renseigner et a pris rendez-vous pour la semaine suivante "Je suis venue chercher des informations, je commence à penser aux funérailles de mes parents qui ont 90 et 93 ans et aux miennes aussi. J'ai travaillé un temps dans une coopérative d'emploi et l'esprit coopératif me plaît beaucoup. Contrairement aux pompes funèbres classiques, c'est une économie sociale et solidaire, ça me paraît plus humain comme approche."
Un espace d'écoute et de paroles, sans jugement
Caroline Laemmel est présidente et directrice d'Akène. "On propose des cafés-deuil et des ateliers-deuil pour accompagner les personnes qui ont vécu le décès d'un proche. Une fois par mois, le samedi, nous accueillons un petit groupe de 6 à 8 personnes, autour d'un café entre 10h et midi. Cela permet à chacun de libérer la parole. Parler de son chagrin avec des inconnus est souvent plus facile que dans le milieu familial."
Lors de ces cafés, les participants évoquent des deuils plus ou moins récents, parfois même anciens, dont ils n'ont jamais pu parler. Le sentiment de liberté dans un milieu bienveillant est privilégié dans ces rencontres. "La mort est un sujet universel, malheureusement tabou " regrette la directrice du collectif. "Elle touche pourtant la vie. Alors on aborde tous les sujets, même financiers, psychologique, familiaux, médicaux..."
Les prochains cafés-deuils alsaciens auront lieu les samedis 16 novembre de 10h à 12h et le 14 décembre de 10h à 12h, toujours sur inscription, dans le quartier de Cronenbourg.
D'autres ateliers vont être proposés début 2025., notamment autour des volontés funéraires pour soi-même. On y dessine, écrit et précise ce que l'on voudrait comme cercueil, urne, discours ou "mise en scène".
Il y aura aussi des ateliers de musique apaisante, d'art-thérapie ou encore un atelier de contes en lien avec la mort intitulé "En fin de conte, la vie".