Le 16 novembre 2024, le bureau de poste du Vieux Cronenbourg à Strasbourg a officiellement fermé ses portes, au grand désarroi des habitants du quartier. Une tendance qui se ressent à travers toute l'Eurométropole : depuis deux ans, La Poste a fermé 25% de ses guichets.
Désormais les volets du bureau de poste du Vieux Cronenbourg vont rester baissés. Après plusieurs décennies de service, colis, lettres, recommandés et billets de banques ne passeront plus par ce commerce, anciennement situé à l'intersection de la rue de l'Orne et de la rue Jules Verne à Strasbourg.
Un guichet de La Poste emblématique de ce quartier, qui a officiellement fermé ses portes le 16 novembre dernier.
Une dégradation du service
La surprise des premiers jours a finalement laissé place à une évidence : depuis un certain temps, les habitants du quartier avaient noté quelques changements dans le fonctionnement du bureau. "Ce n'était plus vraiment des horaires habituels, du 8h-midi, 14h-18h", explique Marie-Jeanne avec déception. "Il fallait se renseigner avant d'y aller pour être sûr qu'il soit ouvert." L'absence de conseiller bancaire depuis plusieurs années, faisait aussi pressentir la fermeture de l'établissement.
Selon La Poste, en 10 ans, la fréquentation de La Poste Cronenbourg avait chuté de 56%.
Marie-Jeanne fait la moue. Malgré une baisse de la qualité des services et des couacs en termes de communication, la fermeture de cette Poste reste une grande perte aux yeux de cette Strasbourgeoise. "Elle va manquer au centre du Vieux Cronenbourg... Les autres bureaux de poste sont rue d’Hochfelden ou dans la Cité, donc pour les personnes qui habitent à l’opposé ou les personnes âgées ce sera plus compliqué de s'y rendre." Un problème d'accessibilité qui inquiète. Certains habitants, qui ne mâchent pas leurs mots, parlent même de "désintérêt", d'un "abandon" des politiques et de La Poste dans les quartiers excentrés.
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La mairie, simple consultante
À Strasbourg, le spectacle des fermetures de bureaux de postes est tristement habituel. En seulement deux ans, la ville a perdu 25% de ses guichets.
Diminution du courrier, nouveaux usages, concurrence... Une multitude de facteurs qui pèsent sur l'activité de La Poste, engendrent une baisse de moyens et, par conséquent, des difficultés à maintenir un réseau de grande proximité. "Sauf que l’État ne compense pas cette baisse des moyens et La Poste est dans une situation exsangue provoquant de nombreuses fermetures à Strasbourg", fustige Benjamin Soulet adjoint à la maire en charge de l’équité territoriale.
Place de Zurich en 2017, Place de la Gare en 2018, quartier Ampère en 2019, bureau de poste de la Cathédrale en 2022. Des dizaines de bureaux ont fermé ces dernières années dans l'Eurométropole.
Pourtant, selon l'élu, le conseil municipal tente de peser dans la balance. "Dans le cas particulier des quartiers politiques de la ville, comme à l’Elsau, la présence postale demande un accord de la mairie." Mais pour le bureau de Cronenbourg, la Ville ne pouvait donner qu’un avis à titre consultatif. Une intervention symbolique comme lorsqu'en mars dernier, le conseil municipal avait voté à l'unanimité le maintien du service postal du Vieux Cronenbourg.
Les points relais : solution miracle ?
Aujourd'hui, Strasbourg dispose de 22 bureaux de poste éparpillés à travers la ville. Plusieurs points relais sont également mis à disposition des riverains pour continuer d'assurer l'offre postale.
Avec la fermeture de leur bureau de poste, les habitants du Vieux Cronenbourg ont donc gagné deux points relais, situés au supermarché U Express et au Relais Tabac Centre. Benjamin Soulet confirme d'ailleurs travailler à la création d'un troisième point relais, qui sera accueilli au sein du supermarché Auchan, place Saint-Antoine.
"Notre travail est désormais de nous assurer que les points relais soient bien répartis dans l’espace, que les horaires soient pratiques et adaptés, et que les habitants soient informés des changements", précise l'élu, interviewé par la journaliste de France 3 Alsace Catherine Munsch.
Pour les enseignes sélectionnées, ce système représente un supplément de revenu. Côté clients, la perte de leur bureau de poste sera compensée par des plages horaires plus importantes qu'en guichet. Le service bancaire, lui, ne trouvera malheureusement pas repreneur.