Le saviez-vous, la radiographie du sein a été inventée à Strasbourg et a révolutionné la détection des cancers

"Octobre rose" est le mois consacré aux informations sur les cancers du sein. L'occasion de rappeler que Strasbourg est le berceau de la sénologie (l'étude des maladies du sein) et que la machine de radiographie du sein y a été inventée par le professeur Charles-Marie Gros.

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Avant 1960, la radiographie des seins n'existait pas. C'est un physicien cancérologue, venu s'installer à Strasbourg dans ces années-là qui l'a inventée. Il a adapté un appareil de radiographie aux besoins spécifiques de la radio des seins et l'a baptisé le sénographe.

Auparavant, il n'existait que l'examen clinique (la palpation) une radiographie contre une plaque en verre, puis la cytologie (prélèvement de cellules) en matière de diagnostic. Le premier sénographe de Charles-Marie Gros a été mis en service en 1966, à Strasbourg, faisant de la mammographie l'examen de référence pour le diagnostic des cancers du sein.

En 1976, il a aussi créé la Société nationale de Sénologie à Strasbourg puis, un plus tard, la Société Française de Sénologie et de Pathologie Mammaire (SFSPM) ainsi qu'une revue spécialisée Senologia. Grâce à lui, l’Université Louis-Pasteur délivre depuis 1973 un certificat de cette discipline.

L'examen clinique par palpation manuelle est indispensable avant les examens d'imagerie

Marie-Françoise Bretz-Grenier / Patricienne hospitalière au CHRU de Hautepierre

La Docteure Marie-Françoise Bretz-Grenier, praticienne hospitalière au CHRU de Hautepierre, a été formée par le docteur Dominique Gros, lui-même formé par son père, l'inventeur de la sénographie. Elle sait combien cet appareil a révolutionné le diagnostic, mais insiste aussi sur le fait que "l'examen clinique par palpation manuelle est indispensable avant les examens d'imagerie. Grâce à cette palpation, les bras de la patiente le long du corps, puis les bras levés, coudes vers l'avant. L’examinateur va déceler des cancers du sein qui ne figureront pas sur la mammographie, car situés très haut, dans les régions paramammaires ou au niveau des sillons sous-mammaires." Elle souligne que le/la médecin pourra aussi mettre plus facilement en évidence des lésions peu visibles en imagerie, quand il s'agira d'un sein très dense (car on cherche du blanc sur du blanc).

Unité de lieu, de temps et d'action

La clinicienne, pathologiste formée également à l'imagerie du sein défend le "concept unique" mis au point par le professeur Charles-Marie Gros. Pratiqué exclusivement au CHU de Hautepierre, ce concept conjugue unité d'action, unité de lieu et unité de temps. "Le même médecin fait tout," explique la spécialiste "il écoute la patiente, l'examine, lit la mammographie, pratique l'échographie, la ponction si nécessaire et fait la synthèse. Et tout se déroule dans un même endroit, dans un laps de temps assez court, entre 1h30 et 2 heures."

Ce lieu appelé "unité d'imagerie du sein" permet donc à la femme de faire ses examens et d'en obtenir les résultats rapidement. Pas d'attente longue qui laisse le temps de s'inquiéter inutilement. Ce dispositif va permettre, si nécessaire, de rassurer la patiente et de la prendre en charge immédiatement.

Depuis que le professeur Charles-Marie Gros a inventé le sénographe, la pratique évolue en permanence et permet des détections de plus en plus fines et précoces. Se sont rajoutées les biopsies (prélèvement de tissus) et aujourd'hui, même l'intelligence artificielle est associée au diagnostic de certaines maladies, mais pour la détection des cancers du sein, elle reste encore très loin derrière la lecture et l'interprétation humaine.

"Chaque femme a des seins différents et chaque tumeur évolue différemment" témoigne la pathologiste qui a plus de quarante ans d'expérience dans la confrontation quotidienne des femmes atteintes de cancers du sein.

Le docteur Sébastien Molière, va dans le même sens qu'elle. Pour lui, "le principal problème de l'intelligence artificielle, est qu'elle ne comprend pas l'image. Il faudra toujours combiner l'intelligence de la machine et du radiologue sémiologue pour comprendre et classer les images."

Dans le cadre des journées d'octobre rose (le 18 octobre), le CHU de Hautepierre proposera un dépistage gratuit aux femmes.

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