Le festival new romance, organisé à Strasbourg, a ouvert ses portes ce vendredi 3 novembre pour trois jours. Il affiche complet depuis des mois ! Zoom sur un phénomène qui dépoussière le livre et affole les ventes.
Gabrielle, 26 ans et Chloé, 23 ans, ont pris leur quartier dès 7 heures du matin ce samedi 5 novembre devant les portes du palais de la musique et des congrès de Strasbourg. Arrivées, l'une de Paris et l'autre de Nantes, il ne fallait pas rater une miette de ce festival new romance dont c'est la 7e édition, et qu'elles attendaient depuis des mois.
"Moi, je n'ai pas réussi à avoir de place tout de suite, raconte Chloé dans un sourire chaleureux. J'ai dû en acheter une dans le cadre d'une revente sur internet". Il faut dire que le festival est complet depuis le jour même de la mise en vente des billets, en février dernier. "Ça fait des mois qu'on attend ça", confirment les deux jeunes femmes, férues de lecture.
Chloé raconte qu'elle a découvert ce genre littéraire sur les réseaux sociaux, et, depuis, dévore livre sur livre. Mais la new romance qu’est-ce que c'est? "Ce sont des histoires d'amour", explique Olivia Debarge, la responsable presse des éditions Hugo Publishing, principal diffuseur de la new romance en France et organisateur du festival.
"Tout le monde a envie d'amour dans sa vie, non? Interroge-t-elle malicieusement. Et puis les histoires traitées dans ces romans sont très actuelles avec des problématiques vécues par les lectrices, comme les problèmes de harcèlement ou de violence". Ajoutez à cela une bonne dose d'érotisme et vous avez le cocktail gagnant.
Un genre littéraire né aux Etats-Unis
La new romance perce depuis une dizaine d'années, avec la publication de Cinquante nuances de Grey, et nous vient des Etats Unis. Au départ, les autrices sont elles aussi essentiellement américaines mais les Françaises s'y mettent avec succès. Sarah, Julie et Sohane, arrivées de Paris disent lire moitié-moitié et Julie affiche même sa préférence pour les autrices hexagonales.
Toutes trois sont des lectrices assidues. "Je suis tombée dedans quand j'avais 16, 17 ans témoigne Julie, qui compte aujourd'hui 21 printemps, je dévore les livres." "Nous sommes de grandes lectrices, confirme Sarah, 25 ans. D'ailleurs quand on nous demande notre passion et qu'on dit la lecture, on nous regarde bizarrement", ajoute-t-elle dans un éclat de rire.
Des histoires qui rassurent sur l'envie de lire de la jeunesse que l'on pensait scotchée sur les réseaux sociaux. "Les lectrices de la new romance sont de plus en plus jeunes et de plus en plus nombreuses", raconte Olivia Debarge. Et Arthur de Saint-Vincent, le directeur général des éditions Hugo Publishing, nées il y a près de 20 ans, de confirmer. "On sait que le pass culture de Macron (une enveloppe de 300 euros pour tous les jeunes de 15 à 18 ans, NDLR), est consommé à 75% dans les livres et majoritairement dans les mangas et la new romance".
Une autrice vosgienne
De quoi donner des envies d'écriture. Laura S. Wild fait partie des autrices invitées du festival. Elle publie de la new romance depuis sept ans maintenant et n'en revient toujours pas. "Quand je me lève le matin, et que je me dis que mon métier c'est d'écrire des livres, wahoo, c'est un virage à 180 degrés me concernant !"
La Vosgienne de 32 ans a toujours écrit mais plus pour elle jusqu'à ce que cette puéricultrice entende parler de plateformes comme wattpad qui mettent en relation lecteurs et auteurs. "Grâce à cela, on peut réaliser ce qui plaît aux lecteurs, tenir compte de leur remarque. Pour moi l'étape suivante a été de me confronter à des professionnels, via une autre plateforme de concours d'écriture, Fyctia."
Un concours que Laura S. Wild a remporté en 2016 et qui lui a permis de publier son premier roman. Depuis, treize ont suivi, tous des succès commerciaux. Comme en témoigne la longue file d'attente de jeunes filles qui rêvent d'une dédicace. "Ça réchauffe le cœur évidemment, et en même temps, ça met un coup de pression, conclut l'autrice. Elles ont beaucoup d'attentes".
Et veulent profiter de ce festival. Le prochain est dans un an, dans une autre ville de France pas encore déterminée. 3 500 festivalières à Strasbourg, record à battre.