Alors que le mois de mars vient tout juste de commencer, les arbres bourgeonnent déjà en Alsace. Un phénomène favorisé par un mois de février très doux, avec 5 degrés de plus que la normale. Atmo-Risk nous explique les raisons de ce phénomène.
Avec une moyenne de 7,7°C, contre une normale de 2,8°C, le mois de février est le plus doux jamais observé depuis 1990 sur le secteur Strasbourg-Entzheim. Comme l'indique le bureau d'étude spécialisé dans les prévisions météorologiques Atmo-Risk, le constat peut être généralisé à l'ensemble de l'Alsace et s'inscrit pleinement dans le phénomène de réchauffement climatique.
"Il a fait 20,4°C le 16 février à Strasbourg"
Le record de février 1990 (7,5°C) a été tristement battu en février 2020. "À Strasbourg, on a eu un mois de février équivalent à un mois normal à Nîmes. Il a fait 20,4°C le dimanche 16 février à Strasbourg", déplore Christophe Mertz, météorologue et expert en phénomènes météorologiques violents à Atmo-Risk. Avec un écart de presque 5°C par rapport à la normale, l'expert souligne un phénomène paradoxal : la température la plus froide est en même temps une température chaude pour la période concernée.FEVRIER 2020 est le plus doux jamais observé à Strasbourg-Entzheim avec 7.7°C (contre une normale de 2.8°C !), devant février 1990 (7.5°C). Idem à Colmar-Meyen où février 2020 est 1er ex aequo avec 90 alors qu'à Bâle-Mulhouse, février 1990 reste 1er et 2020 second. @F3Alsace pic.twitter.com/SJG6L1RDEb
— ATMO-RISK (@atmorisk) March 2, 2020
L'absence de neige et de gelées
En montagne comme dans les villes, la douceur s'est fait ressentir avec des impacts sur les activités, notamment dans les stations de ski. "C'est simple, à Strasbourg, il y a eu zéro jour de neige, seulement deux chutes de neige qui ne tiennent pas au sol. Je ne sais pas encore si c'est inédit, mais c'est très inhabituel", poursuit Christophe Mertz.Pour le secteur de Bâle-Mulhouse, les jours de gèle se sont comptés par trentaines alors qu'en temps normal ils se comptent par cinquantaines. Ce constat ciblé peut être généralisé en Alsace. Seul le vent a été très présent en cette fin d'hiver avec une mesure de 90 km/h dépassée à sept reprises en février à Strasbourg.
Je ne sais pas encore si c'est inédit, mais c'est très inhabituel.
Christophe Mertz, météorologue à Atmo-Risk.
Cette vague de douceur observée en février était déjà valable en décembre et en janvier, où les températures les plus froides ne l'étaient pas vraiment. À Strasbourg, la température la plus basse, - 4°C, a été observée le 6 décembre. "C'est la plus basse mais c'est aussi une température "chaude". On n'est même pas descendu à - 5°C", constate Christophe Mertz. Et ce temps favorable entraîne également des perturbations au niveau de la flore avec une "végétation qui se réveille trop tôt" et qui devient plus fragile au premier coup de froid.
L'hiver le plus chaud
Cet hiver, les conditions météorologiques favorisent les températures douces avec un temps pluvieux et/ou venteux. La particularité se trouve dans "la concentration de l'air froid, située autour des pôles, qui n'est pas redescendue. L'air froid est resté en haut et la douceur est venue de l'Atlantique avec le vent d'Est", explique Christophe Mertz, pour qui le phénomène s'inscrit dans le changement climatique. Et selon Météo Suivi Alsace, l'hiver 2019-2020 est le plus chaud jamais observé depuis le début des relevés météorologiques. Pour l'expert d'Atmo-Risk, une vague de froid n'est pas à l'ordre du jour concernant le début du mois de mars. L'hiver va plutôt se poursuivre par "un temps frais et médiocre avec beaucoup de pluie."