Les eurodéputés ont adopté mercredi un texte créant un nouveau corps européen pour protéger les frontières extérieures de l'UE, censé pouvoir envoyer rapidement jusqu'à 1.500 gardes-frontières des différents Etats membres dans un pays débordé par un afflux de migrants.
L'enjeu de ce nouvel outil, qui va remplacer, avec un mandat élargi, l'agence européenne Frontex, est d'éviter qu'un chaos à une frontière extérieure, comme celui qu'a connu la Grèce, n'ébranle à nouveau l'Union et ne remette en cause la libre circulation dans l'espace Schengen.
Ce nouveau corps européen a été adopté mercredi en plénière à Strasbourg par le Parlement européen (483 voix pour, 181 contre, 48 abstentions), après la proposition présentée en décembre dernier par la Commission européenne, avec le soutien appuyé de Paris. "La législation devrait entrer en vigueur cet automne", ont indiqué les services du Parlement, dont les négociateurs avaient conclu un accord avec ceux du Conseil de l'UE il y a quelques jours.
Les pays européens ont dû surmonter entre eux les réticences de certains pays, soucieux de préserver leur souveraineté. Ils s'inquiétaient notamment du "droit d'intervention" des gardes-frontières européens, que la Commission souhaitait pouvoir imposer dans un pays débordé, même si ce dernier ne sollicitait pas d'aide.
Dans le texte adopté, ce n'est plus la Commission, mais le Conseil, et donc les Etats membres, qui déciderait d'une intervention dans un pays ne demandant pas d'assistance, à la majorité qualifiée. Si le pays visé refuse, les autres pays pourraient réintroduire provisoirement des contrôles aux frontières intérieures de l'espace Schengen.
Le nouveau corps européen doit permettre de ne plus laisser les pays situés en première ligne porter seuls le fardeau des arrivées de migrants. Ce corps n'aura pas ses propres gardes-frontières mais il pourra faire appel rapidement à une réserve de 1.500 hommes désignés par les Etats membres. "Nous reconnaissons dans la pratique que nos frontières extérieures européennes sont des frontières communes, pour lesquelles nous partageons tous une responsabilité", s'est félicité le commissaire chargé des Migrations, Dimitris Avramopoulos.
La nouvelle agence doit également jouer un rôle plus important que celui de Frontex dans les renvois de migrants dans leur pays d'origine, quand ils ne peuvent pas prétendre au statut de réfugiés. Pour des raisons techniques, un dernier vote devra avoir lieu au Parlement européen pour finaliser le nouveau dispositif, probablement en septembre. Mais la Commission a appelé à commencer sans attendre sa mise en oeuvre. Avec plus de 850.000 arrivées par la mer en 2015, la Grèce a été débordée par l'afflux de migrants depuis les côtes turques, avant que le pacte scellé avec Ankara en mars ne fasse chuter les arrivées.
Les inquiétudes portent désormais davantage sur l'Italie. Environ 4.500 migrants ont encore été secourus mardi au cours d'une trentaine d'opérations dans le canal de Sicile, selon les autorités italiennes, qui ont recensé l'arrivée de 70.930 migrants sur leurs côtes entre janvier et juin. Plus de 10.000 migrants ont perdu la vie en Méditerranée en tentant de rejoindre l'Europe depuis 2014, dont plus de 2.800 depuis le début de l'année 2016, a indiqué le HCR début juin.