Municipales à Strasbourg : Beretz, Hornecker, Gernet, les grands disparus de la nouvelle liste Fontanel au second tour

Alain Fontanel (LREM) et Jean Philippe Vetter (LR) vont donc présenter le 28 juin prochain une liste commune pour le second tour des municipales à Strasbourg. Commune certes mais pas fusionnelle. Toutes les têtes d'affiche d'Alain Fontanel ont disparu. Fuite des cerveaux ou décapitation sans bavure.

Coup de tonnerre dans la campagne des municipales à Strasbourg. Mardi 2 juin vers 19h, Alain Fontanel et Jean-Philippe Vetter annoncent l'union de leur liste. Une union inconcevable la veille encore. Une union qu'on imagine, sans mal, de raison.

Sous les sourires, les chiffres parlent. A eux deux, les candidats totalisent 38.12% des voix du premier tour. De quoi se permettre d'espérer, main dans la main s'il le faut. D'autant que leurs concurrentes Jeanne Barseghian (EELV) et Catherine Trautmann (PS) a contrario, n'ont pas pu, pas su, s'écouter ou du moins s'entendre. Alliance virile contre crêpage de chignons, on frise le cliché.

Dans cette véritable partie de poker menteur, il semblerait que Jean-Philippe Vetter ait rafflé la mise. Des colistiers tout du moins. Car la nouvelle liste, présentée comme celle de la fusion, fait la part belle aux candidats LR. Toutes les têtes d'affiche de 100% Strasbourg ont disparu. Du jamais vu. Version fuite des cerveaux pour Alain Beretz. Ou tout bonnement sectionnées pour Laetitia Hornecker. 
 

Fusion, confusion

Il est déjà bien loin le temps des sourires pour une liste "100% Strasbourg qui rassemble notre ville au-delà des clivages et qui lui ressemble". Une liste, où nous explique-t-on sur le site internet Fontanel 2020, "80% de nouveaux visages s’engagent pour la première fois, notamment les 10 premiers." Car figurez-vous que, lors de la fusion, les dix premiers se sont évaporés. Les alambics politiques sont aussi tordus qu'impitoyables. Et pour beaucoup, la première fois, ça ne sera pas pour cette fois.
 

Liste candidats Alain Fontanel 2020 by France3Alsace on Scribd


Out Laetitia Hornecker, Alain Beretz et Marc Philibert. Jamila Mayima (6e) est rétrogradée à la 10e place. Martin Guillaumé à la 29e. Anne Heintz à la 22e. De quoi perdre le sourire. Et/ou la motivation. Plus étonnant encore : Anja Linder (4e) rétrogradée à la 56(a priori non éligible) alors qu'elle annonce sur Facebook son retrait officiel de cette liste de fusion. De quoi être perplexe, cette fois-ci. 

La clé des champs

Laetitia Hornecker fait partie des disparus de la liste Fontanel. Pas la peine de lancer un avis de recherche, elle est retournée travailler à ses champs. Ceux du jardin de Marthe à la Robertsau. Pas le choix en fait. Mardi 2 juin, celle qui est encore deuxième sur la liste d'Alain Fontanel tombe de sa chaise. Et du classement. Il est 17h.

"Juste avant le dépôt des listes, je reçois un coup de fil. On m'apprend que je ne suis pas sur la nouvelle liste. Que je suis écartée." La jeune femme de 37 ans, maraîchère à la Robertsau, est encore sous le coup de la surprise. "Moi je suis novice en politique, je suis naïve, je suis apolitique donc bon c'est sûr que je ne pensais pas que des choses comme cela arrivaient. C'est comme ça. On ne m'a pas laissé le choix. On m'a laissé entendre que Jean-Philippe Vetter ne souhaitait pas me voir apparaître sur la liste, que ça faisait trop de monde à la Robertsau... " 

C'est comme ça. On ne m'a pas laissé le choix.
-Laetitia Hornecker, le jardin de Marthe


Le coup de fil est difficile à encaisser pour Laetitia Hornecker qui a joué le jeu pendant de longs mois. "J'étais motivée, je me suis beaucoup investie mais que voulez-vous ? C'était une belle opportunité, je n'y peux pas grand-chose. Alain a fait de son mieux. Il a saisi cette main tendue. J'espère maintenant que ce choix va payer. En tous les cas je ne lui en veux pas. Il fait ce qu'il y avait de mieux à faire." 

Si Laetitita Hornecker a appris une chose de cette campagne c'est qu'elle est une jungle."Moi on ne m'y reprendra plus. La prochaine fois qu'on me fera des propositions, j'y réfléchirai à deux fois, je prendrai plus de recul. C'est sûr. Ce matin, certains clients ont rigolé en me disant haha je vous l'avais bien dit. Je suis prête à encaisser quelques réflexions de ce genre encore. Et puis je me tourne vers l'avenir : mon travail. On a beaucoup à faire sur l'exploitation." La saison des salades bat son plein. Des salades bio.
 

La fuite des cerveaux

Si Latetita Hornecker a été évincée, Alain Beretz troisième sur la liste, lui, est parti de son propre chef. "Je ne suis pas un élu, je n’ai pas l’intention de l’être", précise-t-il. "Le fait d’être issu de la société civile me permet de rester ferme dans mes positions". Une alliance avec Catherine Trautmann aurait eu sa préférence. Jean-Philippe Vetter n’était clairement pas sa tasse de thé. Même s’il respecte l’homme, il le martèle : "j’ai mes opinions et à ce stade-là, je préfère rester en accord avec elles". Voilà qui est dit. Et pour le second tour, il votera pour Alain Fontanel. Voilà qui est dit aussi.
 


Un saut dans le vide

Il était 23e sur la liste du premier tour d’Alain Fontanel. Adjoint au maire en charge des mobilités alternatives, Jean-Baptiste Gernet s’est volontairement retiré de la liste commune avec Jean-Philippe Vetter. "Je savais que c’était une option qui était sur la table. J’ai choisi de céder ma place en âme et conscience. C’est une décision intime et mûrement réfléchie". Il n’a aucune amertume.

Socialiste de cœur, il regrette davantage que Catherine Trautmann n’ait pas fait le choix d’accepter la main tendue d’Alain Fontanel. Il aurait préféré que la tête de liste socialiste "fasse preuve de dépassement pour Strasbourg".

Et qui s’occupera de la cause des cyclistes ? "Nul n’est irremplaçable et la responsabilité thématique n’est pas quelque chose de figé. Je suis sûr que le futur maire saura trouver les compétences ad hoc". Jean-Baptiste Gernet renouvelle son soutien actif à Alain Fontanel : "c’est lui le meilleur". Pour le futur ex-adjoint en charge des mobilités alternatives, la suite il ne l’a connaît pas : "c’est un saut dans le vide mais je n’ai aucune inquiétude".
 


Les raisons de la colère


Pour Marc Philibert, directeur de l’ARES, le centre socio-culturel de l’Esplanade, c’est une douche froide. Bien placé en cinquième position sur la liste du premier tour d’Alain Fontanel, il jette, lui aussi, l’éponge. Une déception, une grosse désillusion à lire sur son compte Facebook. Il a d’ailleurs changé de photo de profil ce mercredi 3 juin au matin : seul, le regard lointain et un peu dans le vague.

Il confie à ceux qui le suivent : "J’avais envie de mettre des mots sur ma décision, mais ils ne viennent pas, je ne les chercherai pas. Je vais en rester là, avec ma désillusion et garder pour moi ma colère". Il laisse le soin de conclure cette parenthèse au "corbeau, honteux et un peu confus", de Jean de la Fontaine qui "jura mais un peu tard qu’on ne l’y reprendrait plus".
 
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