Des élèves en CAP coiffure, de l'Unité de Formation pour Apprentis de Haguenau coiffent des sans-abris dans la rue. Un beau moment de partage et de réconfort, un geste de solidarité et un moyen d'apprendre leur métier pour les élèves.
Ce matin-là, ils sont une vingtaine d'étudiants en deuxième année de CAP coiffure à avoir fait le déplacement. Sourires aux lèvres et ciseaux et tondeuses aux mains, ces élèves de l'Unité de Formation pour Apprentis André Siegfried de Haguenau, dans le Bas-Rhin, sillonnent les rues de Strasbourg pour coiffer des sans-abris.
"Au départ, la première fois, ils ont peur. Et quand ils y retournent, ils se rendent compte que ce sont des gens comme eux. Certains jeunes se reconnaissent dans les personnes sans-abris et sont émus", dit Christine Laeuffer Devevey, enseignante coiffeuse qui les accompagne et qui est à l'initiative du projet. Elle coiffe dans la rue depuis plus d'une dizaine d'années.
On les considère, on les traite comme des égaux. Ça leur permet d'avoir une meilleure image d'eux.
Christine Laeuffer DeveveyEnseignante de l'UFA André Siegfried
Un moment de partage
Ils ne sont pas venus les mains vides, les élèves en profitent aussi pour donner de la nourriture, des affaires chaudes et enfin des produits d'hygiène. Luna, une sans-abri déclare : " C’est génial ça permet aux petits jeunes d’apprendre. Ce n’est vraiment pas simple de se faire couper les cheveux dans un salon, c’est trop cher. Ça fait plaisir de les voir."
Stacy et Océane, deux apprenties témoignent de cette expérience : " Nous sommes émues, on rend les gens heureux dans la rue. On parle avec eux et ils nous racontent leurs histoires. On se rend compte qu’on a de la chance d’avoir une maison, à manger... Alors que certains n’ont rien et qu’ils sont dehors."
L'enseignante qui les encadre se souvient d'une rencontre marquante : "Une fois, un monsieur que j'avais coiffé et à qui j'avais donné des vêtements m'a remercié. Il m'a dit qu'il avait trouvé du travail grâce à cela".
Retourner dans la rue pour coiffer
Ces moments, modifient aussi l'image qu'ils se faisaient des SDF : "J’avais peur, j’appréhendais au départ, et quand je les ai rencontrés et qu’on a parlé d’eux ça a changé mon regard sur eux" explique Esteban en CAP coiffure. Il a même décidé de réitérer l'expérience : "Nous sommes allés à Strasbourg avec un ami et on a coupé les cheveux de trois SDF. C’était intéressant pour tout le monde."
Cette expérience de solidarité a plusieurs objectifs. "Ça leur permet de s'exercer et d'apprendre leur métier, d'être confrontés à un public varié comme dans un salon", atteste Christine Laeuffer Devevey. L'autre but, "c'est de semer des graines", "qu'ils retournent dans la rue sans moi pour coiffer".
Ultime bénéfice de ce moment de partage, la coiffeuse constate qu'il y a un avant et un après pour ses étudiants. Certaines classes dans lesquelles les élèves ne s'entendent pas au départ, reviennent de cette expérience " très soudés".