Les étudiants paient un lourd tribut à la Covid19. Economique. La plupart n'ont pas pu travailler cet été et ce second confinement les prive une fois encore de leur job souvent capital pour continuer leurs études et payer leur loyer. L'association strasbourgeoise lance un appel aux dons.
Avec ce second confinement, l'Afges, une association étudiante strasbourgeoise, a repris ses distributions de denrées de première nécessité. La semaine dernière, plus de 1000 étudiants y sont allés chercher de quoi manger et se laver. Du jamais vu pour Léa Santerre, sa présidente. "Nous avons très peur peur pour la suite qui s'annonce extrêmement compliquée." Le décor est planté. Le clou aussi.
Des étudiants de plus en plus précaires
Les choses sont simples. Tristement simples. Privés de leurs petits boulots, privés de leurs revenus complémentaires, privés de leurs restaurants universitaires désormais fermés, les étudiants se retrouvent en grande précarité. Alimentaire surtout. Alors oui pas tous. Mais au moins un sur deux. Constat terrible.
"A Strasbourg, nous avons fait des sondages, un étudiant sur deux est obligé de travailler pour payer ses études. Et c'est sans compter ceux qui bossent tout l'été pour financer leur scolarité" explique Léa. Selon l'Afges toujours, lors du premier confinement 2500 d'entre eux auraient perdu leur emploi. "C'est difficile à chiffrer tout ça mais on voit bien que la situation s'aggrave. Dans nos épiceries solidaires, on les interroge : 98 % de nos bénéficiaires, soit environ 200 personnes, vivent avec moins de trois euros par jour."
98 % des bénéficiaires de nos épiceries sociales, soit environ 200 personnes, vivent avec moins de trois euros par jour.
Pour les plus précaires, tout repose alors sur la bourse versée par les Crous, attribuée en fonction de critères sociaux. "A Strasbourg, cette aide varie de 100 euros à 580 euros par mois. Le montant est calculé en fonction des revenus et charges des parents mais ce qu'il faut bien savoir c'est que beaucoup d'étudiants n'entrent pas dans ces critères alors que leurs parents ne leur donnent rien du tout. Il faut arrêter ces bourses en fonction des revenus et faire des aides systématiques."
On se sent abandonnés par l'Etat oui. Il ne fait pas son travail.
Léa ne cache pas sa colère. "On se sent abandonnés par l'Etat oui. Il ne fait pas son travail. Protéger les plus faibles. Protéger les jeunes. Les accompagner. Les montants des bourses stagnent alors que le coût de la vie ne cesse d'augmenter. C'est à nous les associations de pallier ces manquements. C'est grave."
Une aide vitale
Vous l'aurez compris, sans les associations, sans vous, les étudiants se meurent de faim. Et ce n'est pas exagéré de le dire. Et d'ailleurs ce n'est pas moi qui le dis, c'est Léa.
"Alors qu'au printemps, pendant le premier confinement, on avait max 750 étudiants chaque mercredi, la semaine dernière pour la reprise de la distribution, on en a eu 1080 en 8 heures. 1080 vous imaginez. Il y avait la queue de Gallia au Palais U. On n'avait jamais vu ça. On a dû aller faire des courses en vitesse pour se ravitailler : nos stocks étaient à sec." Ce mercredi-là, 9 tonnes de denrées ont été distribuées.
"J'explique cette affluence par le fait que ceux qui avait un matelas financier au printemps ne l'ont plus. Il a fondu cet été faute de travailler. Ils ont donc été obligés de venir. Et ça ne va pas s'arranger même après le confinement. L'activité économique ne reprendra pas sur un coup de baguette magique. Le temps passe, plus c'est compliqué pour eux. Et je vous avoue qu'on a très peur pour la suite."
A votre bon coeur
Au printemps, l'Afges avait organisé une dizaine de distributions. Distributions qui ne sont jamais vraiment arrêtées. Simplement espacées. Mais au train où vont les choses, l'association strasbourgeoise a décidé d'intensifier ces rendez-vous.
Un par semaine jusqu'à la fin du mois de décembre. "Nous savons que la fin de l'année va être compliquée. On imagine que beaucoup d'étudiants ne pourront pas rentrer chez eux, on ne va pas les laisser tomber pendant les vacances."
Les distributions ont lieu tous les mercredis de 10h à 18h, 1 boulevard de la Victoire, porte n°3. Chaque étudiant peut en bénéficier sur simple présentation de sa carte étudiante ou de son certificat de scolarité. Produits alimentaires mais aussi d'hygiène : savon, shampoing, protections hygiéniques.
N’oubliez pas la distribution de première nécessité demain, de 10h 18h au Minotaure, 1, boulevard de la victoire !
— AFGES (@AFGES) November 10, 2020
Sur présentation de la carte étudiante ? https://t.co/aVPxgQFXGj
Pour organiser cette distribution, l'Afges s'appuie sur la banque alimentaire qui lui fournit 50% des denrées. Pour le reste, tout repose sur le don. Don des entreprises certes. Mais aussi ceux des particuliers. Vous.
Et il manque, c'est là que vous entrez en piste : "Du riz surtout, des sauces, des conserves de légumes et des oeufs. Des produits d'hygiène également. Sinon les étudiantes devront choisir entre un savon et une boite de tampons. Et ça ce n'est pas concevable."
Vous pouvez apporter vos dons tous les lundis et mardis directement à l'Afges, au 1 boulevard de la Victoire. Vous pouvez également faire des dons financiers directement sur le site de l'Afges. Pour tous renseignements c'est ici.