Depuis deux ans, l'Ehpad Abrapa Finkwiller à Strasbourg accueille une fois par mois des clowns de l'association Coeur de clown. Un moment de douce fantaisie pour les quelque soixante résidents de la maison de retraite. Reportage.
Nous sommes au deuxième étage de l'Ehpad Abrapa Finkwiller. Ici, une dizaine de résidents, fortement dépendants. Atteints de la maladie d'Alzheimer, de troubles cognitifs graves, leur quotidien se résume parfois à regarder la télévision. Mais aujourd'hui, ce quotidien va être quelque peu bouleversé. Deux clowns se sont invités dans les chambres. Ils s'appellent Chiffon et Dolo. Chants, musiques ou tout simplement quelques paroles tendres, les échanges sont courts mais suscitent toujours un intérêt, un échange, un sourire.
Claude est émerveillé, à chacune de leur venue. L'homme de 68 ans, arrivé il y a un an à la maison de retraite, parcourait autrefois les foires et rues avec son orgue de Barbarie. Il retrouve, l'espace de quelques minutes, son passé de saltimbanque, "ça me fait du bien, ça fait du bien à l'esprit. On pense à autre chose. Et on se remémore une certaine époque".
Au fond du couloir, Marcelle, 95 ans. "Vous avez de gros nez, vous me faites peur" plaisante la résidente qui ne quitte que très rarement sont lit. La pluie, le beau temps, son fils, Marcelle échangera de tout et de rien. Quelques minutes pour sortir du quotidien, s'évader de sa chambre. "Merci", conclura-t-elle en fin de visite.
"Il y a beaucoup de fantaisie chez les personnes âgées"
Pour Chiffon, alias Bruno Journée et Dolo alias Hélène Hoos, les deux clonws de l'association Coeur de Clowns à Strasbourg, entrer en contact avec les résidents d'Ehpad, n'est pas toujours chose aisée. Il faut "procéder avec beaucoup de douceur et de patience. Le contact passe souvent par le toucher". Et d'ajouter, "Mais il y a beaucoup de fantaisie chez les personnes âgées. Elles entrent vite dans notre univers."
Des sourires parfois des larmes
"Apporter un peu de vie et joie", c'est justement l'objectif recherché par l'Ehpad Abrapa Finkwiller. En faisant appel aux clowns, la maison de retraite espère rompre l'isolement de ses résidents. Mais aussi travailler le langage, les souvenirs qui se sont effacés avec le temps. "Toute la journée en chambre, c'est difficile pour les patients. Et avec les clowns, nous voyons des résidents qui ne parlent jamais, prononcer quelques mots. Nous avons vu des sourires, des larmes aussi", explique Laurence Benhamedane, en charge des animations.Provoquer l'émotion pour se sentir vivre. Dans un mois, Chiffon et Dolo reviendront à l'Ephad pour offrir quelques nouvelles notes de fantaisie.