Le musicien professionnel Jeremy Lirola anime un atelier de découverte du jazz, dans un collège du quartier strasbourgeois de Cronenbourg. Il nous explique comment et pourquoi il s'est engagé dans cette démarche, qui finira par un concert des élèves, en public, au mois de mai.
Jeremy Lirola, contrebassiste, compositeur et improvisateur a simplement répondu "oui" quand les organisateurs du festival strasbourgeois Jazzdor lui ont demandé s'il était prêt à participer à "La fabrique à Jazz".
Dans ce programme, initié par la Sacem, l'idée est simple : amener le jazz dans des collèges, à des publics qui n'ont pas forcément accès à cette musique par d'autres biais que l'école.
"D’un point de vue de musicien et personnellement, j’ai toujours été favorable à ce genre de démarches", explique le jazzman. "Je trouve que c’est important de donner aux enfants et aux adolescents l’occasion de rencontrer cette musique-là."
Alors, il s'est lancé dans l'aventure : six rendez-vous de deux heures chacun, avec les élèves de 4e du Collège Sophie Germain de Cronenbourg-cité. "Ils ne sont pas dans des sections musicales, mais ont été très bien préparés par leur prof de musique. Ils sont très curieux, ouverts et n'ont pas d’idées reçues. J’ai ressenti quelque chose de très positif."
"J'aime et je joue plusieurs styles de musique, mais le jazz est au centre de mon activité."
Jeremy Lirola, Contrebassiste et compositeur de jazz
Jeremy Lirola a son propre quartet depuis une dizaine d'années, a enregistré des disques sous le label La Buissone, donne beaucoup de concerts en Alsace et ailleurs. Son père est Américain et sa famille vit dans plusieurs pays dans le monde. Une explication peut-être pour ses titres en anglais comme "Mock the frontiers" (se moquer ou rire des frontières).
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Avec ces collégiens, il veut dépasser les choses qu'ils connaissent, leur ouvrir l'horizon. "Dans leur classe, il y a une basse électrique, une guitare, une batterie, des petits claviers. Moi, j'apporte ma contrebasse et une basse électrique. On joue ensemble et on chante, tout le monde participe et ce qui est important est que chacun se sente libre."
L'école comme vecteur de rencontres et de découvertes
"Ce que nous faisons en groupe lors de ces ateliers n'est pas scolaire," précise Jeremy, "je travaille avec eux comme avec d'autres musiciens. Je leur montre que l'improvisation est accessible, qu'elle stimule la créativité et permet de s'emparer de quelque chose. "
"Tout le monde peut essayer quelque chose avec sa voix ou un instrument."
Jeremy Lirola, animateur d'un atelier de découverte de jazz en collège
Par ses interventions, Jeremy cherche à faire comprendre à ces adolescents que "ce qui nous entoure n’est pas seulement le fait des autres, mais que l'on peut créer soi-même quelque chose."
Se lancer dans un contact direct avec la musique est complètement nouveau pour certains élèves. "Comme beaucoup de personnes, ils pensent que la musique est faite pour les spécialistes, qu'il faut des connaissances particulières pour y accéder, mais c'est vraiment faux", insiste le musicien. "Même si ça ne veut pas dire que ce sera simple" reconnait-il.
Ce projet permet aux participants de se rapprocher les uns des autres et de comprendre qu'ils peuvent créer quelque chose de neuf ensemble. En outre, le fait que les élèves puissent présenter leur travail en public est essentiel dans leur expérience. "Ils comprennent que la musique, c'est aussi faire des concerts avec d'autres musiciens, qu'il n'y a pas qu'Internet et les disques. C'est un pas vers un autre monde et une expérience de la complexité."
La restitution du travail collectif réalisé entre les élèves du collège Sophie Germain et le musicien Jeremy Lirola aura lieu le mardi 16 mai 2023, au centre culturel du Fossé des treize à Strasbourg. Les élèves seront sur scène, en ouverture du concert de l'artiste. Ils donneront leur "Suite improvisée", construite au fil des cinq ateliers, en première partie de Mystic Materials, un solo de contrebasse de Jeremy Lirola.
