En raison de la crise épidémique et du confinement, le doute plane sur la vente des sapins de Noël, considérés comme "produits non essentiels". Cependant, face à l’inquiétude et à la mobilisation de la filière, le gouvernement s’apprêterait à autoriser leur distribution.
C’est l’un des symboles des fêtes de fin d’année. L’arbre de Noël, considéré comme produit "non essentiel", pourra-t-il être vendu en 2020? C'est en tout cas le souhait des producteurs, obligés de fermer leur point de vente pendant ce reconfinement.
"Alors que les dernières mesures gouvernementales limitent l'ouverture de points de vente ou des rayons des points de vente aux produits dits "essentiels", se procurer un sapin de Noël ne sera pas assuré cette année!", a ainsi écrit l'association française du sapin de Noël naturel (AFSNN) dans un communiqué publié il y a quelques jours, rappelant que novembre est "le mois de la coupe des sapins".
"A ce jour, on a rien. On prépare uniquement les commandes des communes qui décorent quand même un peu, mais tout le reste est en suspens", confirme Jean-Louis Marcinkowski, installé à la Petite Pierre. "Imaginez que vous avez 50 employés qui vous appellent tous les jours pour vous demander si vous avez le droit de démarrer. On est forcément inquiets", avance du côté d’Erstein, Arnaud Foeller, importateur et revendeur de sapins. "Je ne comprendrais plus rien à ce pays si on nous enlevait un symbole comme celui-là."
Une autorisation qui tarde à venir
Face à une filière dans le flou, le 6 novembre dernier, le ministre délégué aux PME, Alain Griset, a indiqué avoir proposé au Premier ministre que la vente de sapins de Noël soit autorisée dans certains lieux de distribution en extérieur.
"J'ai proposé au Premier ministre que pour les sapins de Noël, il puisse y avoir des points de distribution, nécessaires pour que les professionnels puissent écouler leur marchandise", a affirmé le ministre lors d'une audition par des sénateurs, évoquant "les jardineries, fleuristeries, marchés plein vent et parkings de la grande distribution".
Une demande qui aurait été entendue par Matignon. Un décret devrait être publié en ce sens d’ici quelques jours. "Le plus vite possible, on l’espère », reprend Arnaud Foeller. "Dans une semaine, on sera déjà dans le mur", s’alarme-t-il. "On arrive bientôt à la limite. Il n’y a pas que la vente des sapins, il y a aussi tout le travail en amont. La coupe, le conditionnement, le transport. Nous d’habitude, on commence vers le 11 à préparer les arbres. Là, on prend du retard et la période de vente s’annonce très courte", estime également Jean-Louis Marcinkowski.
Des ventes réorganisées
Dans quelles conditions seront vendus les sapins ? Dans l’attente du feu vert gouvernemental, les producteurs anticipent les possibles restrictions et tentent de s'adapter. Si certains ont déjà prévu d’augmenter leurs horaires de vente, d’autres tablent sur le système du "click and collect" pour sauver les meubles. Reste à savoir si les consommareurs accepteront de ne pas choisir eux-mêmes leur sapin, une tradition pour beaucoup de familles.
Arnaud Foeller se montre optimiste. "Si on est autorisés à vendre, on réalisera +20% de ventes. Les français n’auront probablement pas le droit de partir donc ils feront leur sapin. Tous les acteurs de Noël s’attendent à une augmentation cette saison", avance-t-il.
En France, 6 millions de sapins de Noël sont vendus chaque année, essentiellement dans les grandes surfaces, enseignes de bricolage et jardineries, dont 80% sont issus de la production française, selon l'AFSNN.