Strasbourg : changement de nom pour l'ENA et refondation de l'école, qu'en pensent la direction et les élèves?

L'ENA va changer de nom et de philosophie pour devenir l'Ecole d'administration publique. Le but: désacraliser l'institution et l'ouvrir davantage aux milieux les moins aisés. Une "réflexion saine" pour les élèves au risque malgré tout de nuire à l'image de marque dont jouit l'ENA à l'international.

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C'est une volonté qui vient d'en haut. De tout en haut. Du président de la République en l'occurrence. Lui-même issu de l'ENA (école nationale d'administration), Emmanuel Macron avait exprimé en avril dernier sa volonté de réforme cette institution créée en 1945 et décriée par beaucoup pour être devenue l'un des symboles de l'élitisme à la française.
 
Ce mardi 18 février, les contours de la future réforme ont été dévoilées dans un rapport de 95 pages remis par Frédéric Thiriez, chargé de repenser le fonctionnement de la haute fonction publique.

Plus de diversité, plus de classes prépa

Objectif principal, comme annoncé, décloisonner la haute fonction publique et la rendre davantage accessible aux candidats issus de milieux modestes. "La diversification, c'est ce qui me semble être le point clé de la réforme à venir. Etant moi-même un ancien étudiant boursier, ça me tient à coeur", explique Ousmane Galokho, un élève.

'Elite' ou 'haut fonctionnaire', ça ne choque pas s'il y a l'idée de méritocratie
- Yvan Salin, élève à l'ENA

Plus de diversité, des efforts ont déjà été faits en ce sens. Une classe préparatoire "égalité des chances" a notamment été créée à Strasbourg en octobre 2019, en plus de celle qui existait déjà à Paris. Une vingtaine d'autres offres de ce type devraient voir le jour partout en France avec la réforme à venir. Charge au gouvernement de les financer...

"C'est bien de vouloir casser l'esprit de corps qui peut exister, mais il faut savoir aussi de quoi on parle, estime Yvan Salin, élève à l'ENA. Les termes 'élite' ou 'haut fonctionnaire' ne sont pas choquants en tant que tels s'il y a derrière tout ça l'idée de méritocratie et pas de position acquise, de rente."

Parmi les autres chantiers, il est aussi proposé de modifier certaines modalités du concours, de proposer un tronc commun de six mois entre différentes écoles de magistrature dont la future ex-ENA, une école qui, vous l'avez compris, changera également de nom et deviendra l'EAP (école d'administration publique). Sur ces points-là, les avis sont plus partagés, tant chez les élèves que chez le directeur, Patrick Gérard.

L'ENA, une image de marque à l'international

"L'ENA est aujourd'hui un nom admiré dans le monde entier, explique ce dernier. Pour la France, c'est une marque de prestige. L'an dernier, nous avons eu 1.500 candidats étrangers pour 20 places."

Le nom d'ENA devrait justement rester le même à l'international, pour permettre à l'école de conserver son aura hors de l'Hexagone. Une décision qui souligne le deux poids deux mesures de la réforme.

"Vous savez, on parle de diversité et c'est très bien. Mais ici, on recrute chaque année 40 élèves sur tout le territoire, c'est très peu. Et parmi ces élèves, 35% en moyenne étaient boursiers dans l'enseignement supérieur. Aucune autre grande école en France n'a de telles chiffres", souligne le directeur actuel.

La réforme, une ouverture pour d'autres combats?

Patrick Gérard ne se montre pas non plus favorable à l'instauration d'un second concours, à destination des candidats les moins aisés. "Qu'on les aide massivement pour qu'ils aient les mêmes chances que les autres, oui, bien sûr. Mais inventer un 'sous-concours, je n'y suis pas favorable. Les futurs élèves pourraient se sentir moins légitimes."
 
Briser la glace et ouvrir la future EAP au plus large spectre de population possible, cela pourrait permettre en revanche d'élargir le combat à d'autres horizons. "L'autre vrai sujet, explique Anouk Canet qui fait partie de l'association ENA 50-50, c'est l'égalité hommes-femmes. On a chaque année 30 à 40% de femmes qui se présentent au concours d'entrée. Si la réforme va dans le sens de la diversité, c'est tant mieux et ça peut ouvrir des portes."

Des portes ouvertes, comme celles, à Strasbourg, de la future EAP, ou ex-ENA. Magré la réforme, l'école d'administration, installée dans la capitale européenne depuis 1991, ne déménagera pas.

Le rapport Thiriez, rendu ce mardi 18 février:

Rapport de M. Frédéric THIRIEZ - Mission Haute Fonction Publique by France3Alsace on Scribd

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