L'histoire est aussi belle que touchante. Près de 14 ans après sa construction en Alsace, l'orgue Blumenroeder revient, provisoirement, sur ses terres natales, à Strasbourg. Hébergé pour quelques années à la paroisse Ste-Aurélie, il s'accorde parfaitement avec le résident permanent des lieux. Un miracle.
Le fait est assez inédit pour le souligner. À l'église Ste-Aurélie, à Strasbourg, sous les voûtes en ogive, deux orgues désormais se toisent. Non dans un duel, mais dans un duo. Les deux s'accordent à merveille, un petit miracle du hasard ou de dieu. C'est selon.
Retour aux origines
L'orgue Blumenroeder est le tout nouveau locataire, provisoire, de l'église. Il a été monté le 17 novembre dernier par une équipe de bénévoles de l'association OSA (Orgue de Sainte-Aurélie). Mais avant cela, il a fait un long trajet, 800 km depuis la petite commune de Saint-Amand-de-Boixe située en Charente. Il trônait en majesté dans l'abbaye aujourd'hui fermée pour des travaux de rénovation.
Pour lui, c'était la caisse, la remise ou le déménagement. Les amoureux fervents de cet orgue du 18e siècle ont choisi la deuxième option. Le faire vibrer, souffler, vivre ailleurs. Pendant 2 à 5 ans, le temps des travaux.
C'est le facteur d'orgue alsacien Quentin Blumenroeder qui l'a construit il y a 14 ans. C'était d'ailleurs sa première création. Il en a désormais une trentaine à son actif. Alors, ce retour de l'orgue Blumenroeder en Alsace, sonne particulièrement doux aux oreilles de Quentin. Doux, même si l'instrument a un sacré tempérament.
"En fait, il faut imaginer que chaque esthétique correspond un peu à un accent et donc cet orgue, il est d'origine flamande. Dans sa prononciation, on cherchait à ce qu'il y ait un peu d'accent flamand, c'est un son qui est à la fois très prononcé. Il y a beaucoup de consonnes en tchik tchak comme ça et puis aussi des wououou très ronds, il a beaucoup de résonance. On dit que l'orgue s'exprime, il a une expression."
Au diapason
Une expression forte qui, miracle, nous l'avons dit, s'entend à merveille avec son nouveau voisin d'en face, le résident permanent et plus classique orgue Silbermann. Techniquement, les deux orgues jouent ensemble, au diapason, même s'ils n'ont pas le même tempérament.
"C'est incroyable. Je n'aurais jamais imaginé ça. C'est extraordinaire, les diapasons coïncident, ce qui nous permettra de jouer à deux orgues, comme ça se faisait en Italie ou en Espagne où souvent, il y avait deux orgues, oui, mais qui se construisaient en même temps" explique Jérôme Mondésert, titulaire de l’orgue de l’église Sainte-Aurélie.
Pour fêter ce retour (temporaire) aux origines, deux concerts seront organisés ce dimanche 8 décembre à l'église Ste-Aurélie. Une dizaine d'organistes français et suisses viendront faire chanter les orgues au fil de pièces des 16e et 17e siècles. Au diapason.