Strasbourg : l'équipe de Charlie Hebdo apparaît publiquement pour ouvrir le off du forum mondial de la démocratie

La rédaction de Charlie Hebdo, décimée par un attentat en 2015, est apparue en public pour la première fois ce samedi 2 novembre. Elle ouvrait la version "off" du forum mondial de la démocratie qui se tient à Strasbourg. L'un des thèmes principaux de l'édition 2019 du forum : la liberté d'informer.

C'était un évènement à ne pas manquer : pour la première fois depuis l'attentat qui l'a décimée en 2015 (voir tweet ci-dessous), la rédaction de Charlie Hebdo est apparue en public. Elle ouvrait la partie "off" du forum mondial de la démocratie, qui a lieu à Strasbourg de ce samedi 2 novembre 2019 jusqu'au vendredi 8.
 


Une présence évidente, et sous haute surveillance, au regard de l'un des thèmes principaux du forum pour son édition 2019 : la liberté d'informer. Trois tables rondes avaient lieu. Au cours de la première, l'usage des réseaux sociaux a été commenté par Riss (surnom de Laurent Sourisseau), caricaturiste qui dirige Charlie Hebdo depuis la mort de Charb (Stéphane Charbonnier) en 2015 : "Les réseaux sociaux, c'est du bavardage. Le bavardage, ça m'emmerde." Le ton était donné.
 


"Le dessin est une forme d'expression qui s'appauvrit", a relevé Riss. "On reproche à Charlie de ne pas faire plaisir aux gens. Mais la satire n'a jamais été faite pour faire plaisir aux gens. C'est fait pour éclairer leurs travers. Il y a toujours une raison pour laquelle on fait un dessin." Dixit Gérard Biard, rédacteur en chef du journal satirique. "Il y a de la colère chez Charlie Hebdo, mais il faut en faire quelque chose de créatif", a encore ajouté Riss. 
 

Le dessin est une forme d'expression qui s'appauvrit
- Riss, directeur de la publication de Charlie Hebdo


De la créativité, ce "off" du forum de la démocratie n'en manquait pas. Une quinzaine de dessinateurs et dessinatrices du journal étaient à pied d'oeuvre dans les coulisses de l'Opéra national du Rhin (ONR). Leurs créations étaient diffusées en grand format sur scène. Nous vous proposons de les retrouver ci-dessous, notamment le dessin de Coco (Corinne Rey), qui remplace le turban du prophète Mahomet par un bretzel. Rescapée de l'attentat après avoir été forcée de faire rentrer les deux terroristes dans la rédaction où ils avaient ensuite commis leur carnage, elle ne s'est pas pour autant désarmée de son crayon. Car la plume demeure plus forte que l'épée.
 

Pour la troisième table ronde, qui pose la question "Pourquoi écrire et dessiner à Charlie Hebdo aujourd'hui ?", la journaliste Laure Daussy explique que "travailler à Charlie Hebdo, c'est faire un pas de côté par rapport à l'actualité". L'occasion de parler de journalisme engagé et d'objectivité.

C'est aussi l'occasion pour Riss de parler de son livre, Une minute quarante neuf-secondes (voir l'extrait dans le tweet ci-dessous), nommé ainsi car c'est le temps qu'il a fallu pour perpétrer la fusillade dans les locaux de Charlie Hebdo. Un récit pour lequel il a "mis en forme le désordre qu'il avait dans [sa] tête".
 
S'il y raconte l'attentat, il narre également la période qui a suivi, sombre elle aussi : le (très lourd) coût de la bunkerisation du journal, les disputes au sein de la rédaction après l'attaque, et même les tentatives d'arnaque visant les millions d'euros récoltés après la diffusion record du "numéro des survivants". Les auteurs de l'attentat prétendaient avoir "tué Charlie". Presque cinq ans plus tard, preuve en est que non.

 
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