Vendredi 30 novembre, Facebook a investi pour la première fois le marché de Noël de Strasbourg. Son chalet niché au cœur du Village du partage au milieu des associations solidaires surprend.
Il y a ceux à qui l’on apprend la nouvelle et ceux qui l’on vaguement entendu et n’ont pas forcément voulu ou eu l’occasion de creuser la question. Un nouveau venu, nommé Facebook, a pris place dans le chalet jusqu’alors tenu par l’association Emmaüs sur le Village du partage au petit matin ce vendredi. Et qu’ils soient bénévoles, habitués de l’incontournable marché strasbourgeois ou touristes à peine débarqués d’un train, un même questionnement les unit : "mais que vient faire Facebook ici ?"
"Humaniser Facebook", "être sur le terrain pour mieux comprendre les besoins des utilisateurs" et surtout "profiter de la période des fêtes où les gens sont beaucoup plus sensibles à l’entraide" pour les accompagner dans leurs dons, nous répond Michelle Gilbert, directrice de la communication de Facebook pour l’Europe du sud.
Pour inciter au don, le groupe a notamment créé "des pulls solidaires". Les curieux peuvent en récupérer moyennant une donation d’au moins 10 euros à n’importe quelle association. "Vous pouvez directement faire un don au stand de l’association qui correspond ou en vous servant des tablettes mise à disposition dans notre chalet", souligne-t-elle.
Cette opération sur le marché de Noël serait aussi l’occasion pour les représentants du groupe de former et d’accompagner les bénévoles des associations dans l’utilisation des outils de la plateforme. De quoi mettre en valeur pour ne pas dire promouvoir, le petit dernier testé depuis septembre et tout juste officiellement lancé, malgré les nombreuses réticences et interrogations soulevées ces derniers mois. En effet, il permet à n’importe quelle entreprise ou particulier de lever des fonds.
"Ce n’est pas vraiment la philosophie du village du partage"
Malgré ces explications, au sein des bénévoles leur présence divise. Si pour Dominique "ils font ce qu’ils veulent et s’ils rendent des gens heureux c’est tant mieux", Francis, derrière l’établi de son association se montre plus perplexe. "C’est un peu comme avec la Bugatti exposée (à quelques encablures dans un quartier adjacent). Leur présence ne correspond pas vraiment à la philosophie du Village du partage ou du marché de Noël (...) Même si c’est le but des réseaux sociaux et que le mot partage est le même. Ce qu’il y a derrière me semble différent. C’est une grosse entreprise au milieu d’associations de solidarité", expose-t-il bonnet vissé sur la tête.
La présence d'une société qui brasse des milliards, pointée du doigt pour son impôt dérisoire versé à la France, au milieu des Petits Frères des Pauvres ou du Secours populaire, n'est pas anodine. Facebook dont l'image s'est effritée après les nouvelles révélations de fuites de données personnelles se doit de redorer son blason. Au côté des initiatives de dons ou de la formation gratuite aux différentes fonctionnalités proposées, les passants sont d'ailleurs invités à apprendre à optimiser la sécurité de leurs données sur l'application. Coïncidence ?