Les cardiologues au coeur du conflit
La clinique de l’Orangerie a été rachetée fin 2015 par le très puissant groupe Elsan. Ce géant de la santé détient à ce jour 123 établissements, son actionnaire principal est un fonds de pension luxembourgeois. Quand Elsan découvre que les cardiologues s'apprêtent à partir, la direction dénonce le contrat qui permet à ces spécialistes d'exercer à l'Orangerie. L'enjeu est de taille: le Gerc représente 25% des patients de l'Orangerie, et 35% de son chiffre d'affaires.
Sauver Rhéna sans léser l'Orangerie
S'engage une bataille juridique sur tous les fronts. Financier d'abord : l'Orangerie/Elsan attaque d'abord le bail emphytéotique de Rhéna. Celle-ci se voit forcée de débourser 16 millions d'euros pour acquérir les terrains qu'elle devait louer à la ville à tarif préférentiel.
Le soutien de la Ville et de l'ARS
Nouvelle attaque contre la garantie d'emprunt consentie par la ville de Strasbourg à Rhéna. Le maire Roland Ries et l'Agence régionale de santé (qui avait décidé de verser 20 millions d'euros de subventions à Rhéna) prennent les devants en organisant des rencontres pour calmer le jeu. Les consultations s'enchaînent. Il faut trouver un terrain d'entente pour sauver Rhéna, sans léser l'Orangerie. Au total, dix-huit procédures judiciaires sont en cours en mars 2018. En décembre 2017, Rhéna perd une bataille. Et elle est de taille : le tribunal administratif de Strasbourg annule les autorisations d'exploitation de Rhéna et du GERC. En février 2018, c'est au tour de l'Orangerie de "reculer" : le TGI de Strasbourg lui ordonne de garder - à titre provisoire - ses cardiologues dans ses murs. Deux mois plus tard, nouveau rebondissement : le TGI de Strasbourg juge les contrats des cardiologues résiliés. Un mois plus tard, la cour d'appel de Colmar suspend la décision de l'Orangerie. La partie de ping-pong judiciaire continue jusqu'à l'automne 2018.
Obligation d'association
En novembre 2018, un communiqué laconique annonce la création d'une direction commune entre les deux établissements. Le groupe Elsan prendra 30% du capital de Rhéna. Au passage, le directeur général de Rhéna, Guillaume Lohr, est débarqué et remplacé.Les cardiologues eux se disent prêts à déménager au mois de mai. Ils ont investi plus de 3 millions d’euros d’équipement pour leur nouveau bâtiment mais sont exclus des négociations et ne savent pas du tout avec quel personne et quels statuts ils fonctionneront. Surtout, ils continuent à être étouffés juridiquement, les contentieux engagés par le groupe Elsan à leur encontre sont toujours en cours.
La situation est telle qu'on peut se demander si ce n'est pas la première étape d'un rachat complet par Elsan et si Rhéna resterea un établissement à but non lucratif.