Il y a 100 ans, une loi de 1922 qualifiait les fortifications militaires de Strasbourg de "zone non constructible". C'est comme cela que la ceinture verte est née. A l'occasion de son centenaire, la municipalité souhaite l'agrandir et mieux la protéger.
La ceinture verte est une zone de nature qui fait le tour de Strasbourg. Elle est née en 1922 grâce à la loi du 21 juillet relative au déclassement de l'enceinte de la ville. Ce texte classe les fortifications militaires de la cité en "zones non constructibles".
Ces édifices sont construits par les Allemands après la guerre de 1870. "L’artillerie était sur le haut des remparts et il fallait qu’ils aient une zone de tir dégagée de toute construction. Cette zone faisait 600 mètres de long parce qu’à l’époque les canons ne tiraient à cette distance", raconte Denis Matter, le président de l’association Zona ceinture verte de Strasbourg.
"Après la guerre, beaucoup de fortifications ont été détruites. Le maire de l’époque s’est dit, comme c’est non construit, ce serait intéressant de laisser cela sous forme de nature", explique le président de l’association en charge de la protection de la ceinture verte.
Ce bout de nature mesure 17 kilomètres de long et 600 mètres de large et couvre une surface de 800 hectares. On peut y trouver par exemple 4.800 jardins familiaux. François Schneider est locataire de l’un d’entre eux. C’est la troisième génération de sa famille qui exploite une parcelle de 2 are dans le quartier de la Meinau. Il y cultive des légumes.
Ceinture Verte Périmètres Carte (002) by France3Alsace on Scribd
Le retraité paye 80 euros par an pour son terrain. "C’est du travail et c’est une occupation saine, ça nous permet de faire du sport. On cultive des pommes de terre et quand on fait la récolte on en a pour tout l’hiver alors qu’au supermarché, après trois semaines on ne peut plus rien en faire", détaille le jardinier.
Une réserve nourricière pour la ville
La ceinture verte est donc une réserve nourricière pour les citadins. Jean-Pierre Andres en a même fait son métier. Il est maraîcher à la Robertsau où sa famille est installée depuis 1928. A cette époque, il y avait environ 130 maraichers. Aujourd’hui il n’en reste plus que deux dans ce quartier du nord-est de Strasbourg.
Ces terres sont entourées d’immeubles et il rencontre des problèmes de voisinage. "C’est compliqué pour travailler. Il y a des vols. Quand ce sont des nécessiteux, ce n’est pas grave. Mais quand certains viennent avec des cagettes pour revendre les légumes sur le marché, ce n’est pas possible", affirme Jean-Pierre Andres.
De l’autre côté de la ville, à la Montagne Verte, les habitants ont sauvé un terrain de la construction. Il s’agit du Grand Près, une friche de 2,7 hectares. En 1986, la municipalité voulait y construire un bâtiment administratif. Mais les habitants du quartier, avec l’association Zona ceinture verte, ont réussi à faire annuler le permis de construire.
Pas assez de nature en pleine ville
Depuis, il est devenu un parc pour les riverains. "C’est un espace qu’on aime bien, on s’y retrouve entre voisins et on a déjà fait des goûters d’anniversaire. Maintenant, on a un nouveau projet, on va planter des forêts", raconte Pauline Leurent, une habitante du quartier.
Mais c’est une victoire anecdotique. À l’origine, la loi de 1922 prévoit l’autorisation de construire sur seulement 20% de la surface de la ceinture verte. Mais au fil des années, les dérogations se sont multipliées et c’est 40% de la zone qui est actuellement bétonnée.
Pour les 100 ans de la ceinture verte, la municipalité veut réduire cette part. Pour cela, elle prévoit d’agrandir le périmètre qui passera de 800 à 1400 hectares. "Notre objectif, c’est de déminéraliser tout ce qu’on peut et renaturer un maximum d’espace. Aujourd’hui, ce sont des espaces fragmentés sans continuité. On aimerait trouver des continuités écologiques mais aussi cyclables et piétonnes", explique Suzanne Brolly, l’adjointe en charge des questions d’urbanisme et des espaces naturels à la ville de Strasbourg.
La ville prévoit de construire des passerelles et des ponts pour relier tous les espaces de verdures entre eux. La ceinture verte élargie comprendra des parcs comme celui de l’Orangerie. Certaines zone deviendront non constructibles afin de mieux protéger la nature.