Elles ont représenté des bombes mais aussi des fleurs et des oiseaux. Des œuvres de femmes syriennes réfugiées en Turquie sont présentées sur la gare de Strasbourg jusqu’en septembre 2019.
Juste avant de prendre son train, souvent pris dans la précipitation, on ne pense pas forcément à la regarder, la verrière de la gare de Strasbourg. Et pourtant, on y observe parfois de jolies choses, comme cette exposition organisée par le Programme alimentaire mondial de l'ONU.
Elle met en scène des reproductions d’œuvres de réfugiées syriennes en Turquie. Des œuvres "à la hauteur de l'architecture de la gare", explique Sylvain Bailly, de Gares et Connexions, branche de la SNCF qui organise une centaine d'expositions par an.
Au total, douze femmes, âgées d'une vingtaine à une soixantaine d'années, ont suivi une courte formation à la linogravure, la sérigraphie et au patchwork en Turquie grâce au Programme alimentaire mondial, qui vient en aide aux plus vulnérables des 4 millions de réfugiés hébergés par la Turquie.
C’est un "récit à la première personne de ce que c'est d'être un réfugié vulnérable" explique Martin Penner, responsable de la communication du Programme. Au grès des peintures, des patchworks, c’est la vie, les expériences, les douleurs qui s’expriment.
Sur l'une des œuvres, Hatice D, 38 ans, a représenté des pupitres d'écoliers pour illustrer le courage qu'il lui a fallu pour aller chercher son fils à l'école après le bombardement du bâtiment.
Emine N, elle, ne voulait pas quitter la Syrie lorsque le conflit a commencé et a d'abord déménagé d'Alep à la campagne environnante avec sa famille. Elle a représenté des bombes transformées en fleurs pour illustrer l'espoir du retour de la paix.
La plupart des patchworks aux couleurs vives figurent les maisons de ces femmes, souvent détruites mais restées gravées dans leurs mémoires.
"En travaillant avec ces réfugiés les plus vulnérables, nous nous sommes demandé si certains d'entre eux aimeraient exprimer quelque chose de leur expérience à travers l'art. Nous avons fait cela aussi pour améliorer la compréhension entre la population turque et les réfugiés", explique encore Martin Penner. "C'est absolument incroyable ce qui est sorti de cette toute petite formation pour ces femmes qui n'avaient aucune expérience artistique", estime-t-il, se disant "heureux" que ces œuvres servent aujourd'hui à faire mieux comprendre à des Européens le "voyage émotionnel" effectué par ces femmes, entre peur, nostalgie et espoir.
L’exposition restera en place jusqu'à la mi-septembre.