Christophe Kocher, le pasteur de la paroisse Saint-Guillaume de Strasbourg, bénit depuis le mois de mai des couples LGBT mariés civilement. Ce samedi 16 novembre, l'Union des églises protestantes d'Alsace et de Lorraine (UEPAL) va décider s'il peut ou non poursuivre son engagement.
Christophe Kocher, pasteur de la paroisse Saint-Guillaume de Strasbourg, ne marie pas les couples LGBT, il bénit leur union. "Le fait de bénir des gens qui demandent la bénédiction de Dieu n'a rien de progressiste, dit-il, c'est juste ma mission de pasteur." Une conviction qui ne va pas de soi. Si le militantisme affiché de certains pasteurs alsaciens n'est pas nouveau, la bénédiction des LGBT s'applique, pour l'instant, sans l'accord prononcé de l'Union des églises protestantes d'Alsace et de Lorraine (UEPAL).
Pourquoi avez-vous décidé d'autoriser les bénédictions de mariages civils LGBT dans votre église Saint-Guillaume ?
"Il y a des demandes de couples de même sexe civilement mariés. Je rappelle que nous ne marions pas de couples : nous bénissons des mariages qui ont été contracté à la mairie. J'ai présenté ces demandes à mon conseil presbytéral, qui est l'instance qui a l'autorité, à la fois matérielle et spirituelle, dans une paroisse protestante. Le conseil presbytéral m'a unanimement demandé d'accepter ces demandes et de célébrer ces bénédictions de mariage ici, à Saint-Guillaume."Depuis quand organisez-vous ces bénédictions et combien ont pu être célébrées ?
"Ces bénédictions de mariage ont commencé ici au mois de mai 2019, un couple de jeunes femmes a pu être béni. Et il y a eu une deuxième bénédiction début septembre, il s'agissait d'un couple d'hommes."
Êtes-vous le seul pasteur de Strasbourg à procéder à ces bénédictions de mariages civils ?
"Alors non, il y a d'autres pasteurs à Strasbourg, et en dehors de Strasbourg qui ont béni des mariages. Certains en Alsace même, et d'autres, comme une consoeur, qui a emmené le couple de l'autre côté de la frontière, en Allemagne, où les bénédictions de couples de même sexe civilement mariés sont déjà autorisées."
Ce samedi 16 novembre, l'Union des églises protestantes d'Alsace et de Lorraine va dire si vous pouvez continuer à bénir ces couples : qu'attendez-vous de cette décision ?
"Évidemment, j'espère que cette décision du parlement de notre union d'églises sera positive. La décision avait en fait déjà eu lieu il y a plus de deux ans. A l'époque, on en était arrivé au point suivant : on a décidé de ne pas décider, parce que le fruit ne semblait pas encore mûr tout simplement. Pourquoi toutes ces précautions ? Il y a là une conscience importante pour la direction de notre église, de l'importance de l'unité, il ne faudrait pas qu'une question comme celle-ci provoque des divisions et des séparations au sein même de l'église.""La position que j'entends, qui est défendue par beaucoup, qui est la mienne aussi, est de dire qu'au fond, on peut être en désaccord sur un certain nombre de points sans que cela ne devienne vecteur de séparation. Il n'y a là pas un point de foi fondamentale qui pourrait justifier qu'on se sépare. Donc on espère que cette question pourra être réglée de manière positive à la prochaine assemblée de l'union. J'imagine bien qu'il n'y aura pas d'unanimité, mais pourvu que le résultat des débats ne donne pas lieu à des conflits internes".
Pensez-vous faire partie de cette mouvance de pasteurs progressistes, à l'instar de Caroline Ingrand-Hoffet, qui avait pris parti pour les opposants du GCO ?
"Je ne me prononcerai pas pour le GCO... mais effectivement, oui. Il y a quelque chose, de l'ordre d'un engagement convaincu et décidé, qui ne craint pas la médiatisation sur un point pour lequel il n'y a pas d'unanimité. Je suis heureux et fier de m'engager. Alors est-ce que c'est progressiste ? Je ne sais pas.""Pour moi, le fait de bénir des gens qui demandent la bénédiction de Dieu n'a rien de progressiste. C'est juste ma mission de pasteur d'être là pour accompagner des personnes dans leurs différentes situations de vie, dans les joies comme dans les peines. Et si un couple a un projet qui s'inscrit dans la durée, et demande une bénédiction, je crois que c'est de ma responsabilité d'y répondre."
À quoi sert l'antenne inclusive de l'église Saint-Guillaume ?
"C'est une commission de la paroisse, mise en place par le conseil présbytéral qui réfléchit à des activités et manifestations ciblant la population LGBTI. Nous proposons un accompagnement pour des personnes qui sont en chemin, en questionnement, et qui ont besoin d'un accompagnement spirituel. Nous avons lancé début octobre la chapelle arc-en-ciel, en référence à la chapelle de l'église qui vient d'être restaurée.""Nous tenons tous les premiers lundis du mois une permanence d'accueil en partenariat avec une association. Par exemple, lors de la première rencontre, c'était un représentant de la communauté juive libérale. Il y a, pendant ces trois heures de permanence, des temps de discussion, de débat, de convivialité et aussi des possibilités de prier ensemble ou d'avoir des entretiens individuels."