Le livreur Deliveroo qui avait refusé de livrer des restaurants juifs jeudi dernier a été condamné à quatre mois de prison ferme par le tribunal de Strasbourg jeudi 14 janvier, lors d'une comparution immédiate. Il a été placé en détention après l'audience.
L'affaire aura été très courte. Jeudi 7 janvier, à Strasbourg, deux restaurateurs se voient annuler deux commandes par le même livreur, au motif "qu'il ne livre pas les juifs". Quelques jours plus tard, les restaurateurs, le consistoire israélite du Bas-Rhin et le bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA) portent plainte. Une enquête de police et des relevés GPS de téléphone identifient un seul livreur, qui travaillait grâce au compte prêté par un autre livreur Deliveroo (pratique courante).
Une semaine plus tard, jeudi 14 janvier, les deux livreurs ont été jugés en comparution immédiate au tribunal de grande instance de Strasbourg. Le livreur qui a prêté son compte n'est pas inquiété. L'autre livreur, confondu par des relevés GPS de son téléphone et reconnu par l'un des restaurateurs est condamné à quatre mois de prison ferme avec mandat de dépôt. Il a nié avoir tenu ces propos et avoir été présent dans les restaurants. Interpellé la veille, il comparaissait dans le cadre de sa garde à vue. Il est donc ressorti de l'audience pour repartir en détention immédiatement. Le tribunal a suivi exactement les réquisitions du parquet.
"Une sanction sévère"
"C'est une sanction sévère", note Maître Raphaël Nisand, avocat des deux restaurateurs et du BNVCA, partie civile, à l'issue de l'audience, "mais la rapidité dans cette affaire est une bonne chose : cet individu ne nuira plus, et puis il est très important de montrer que la discrimination antisémite est interdite en France."
Le jeune homme de 19 ans va rester quatre mois en prison. De nationalité algérienne, il est aussi par ailleurs sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) antérieure à cette affaire et devra quitter la France après ces quatre mois, si l'Algérie l'accepte sur son territoire.
"Deliveroo ne rend pas de comptes"
"Dans cette affaire, le seul point noir c'est que Deliveroo ne rende pas de comptes devant la justice. Leur façon de fonctionner pose questions, à la fois sur cette affaire de discrimination. Mais aussi sur la sécurité de la livraison faite par ces livreurs non-officiels", ajoute Maître Nisand.