Strasbourg : une pétition pour alerter sur l'insalubrité et les incivilités

En juillet 2022 plusieurs Strasbourgeois ont créé le collectif et la pétition "Ça gâche Strasbourg" pour exprimer leur ras-le-bol. Tous notent une détérioration de leur cadre de vie depuis deux ans, et regrettent le manque de réaction de la municipalité écologiste.

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Avec "Ça gâche Strasbourg", des citoyens strasbourgeois veulent se faire entendre. Ils dénoncent la saleté des rues de la ville, et constatent de plus en plus d'incivilités. Ces Strasbourgeois veulent se faire entendre par la municipalité.

Le hashtag #saccageparis, par lequel les Parisiens dénoncent le manque d'entretien des rues de la capitale, a désormais son penchant strasbourgeois : "Ça gâche Strasbourg, c'est comme 'saccage' mais avec l'accent alsacien, sourit Stéphane*, habitant du quartier de la gare. Plus sérieusement, il est mené par des citoyens qui trouvent que Strasbourg est belle et restera belle, mais que certaines choses gâchent cela."

Fin juillet, un thread (fil) Twitter de Stéphane a rencontré un certain succès. Le père de famille dit regretter le manque d'action en matière de propreté de Jeanne Barseghian, maire de la capitale alsacienne depuis deux ans : "On serait dans une ville avec un maire RN, on serait moins étonné. Mais là, Strasbourg doit être exemplaire sur ce sujet", appuie-t-il.

Ce que les citoyens regrettent, ce sont les apparitions de points de deal, mais également de violence. Mais aussi la saleté des rues de Strasbourg, et ce dans tous les quartiers : "Beaucoup de personnes qui vivent en dehors de Strasbourg me disent qu'elles ne viennent plus dans le centre-ville parce qu'elles ne peuvent plus circuler avec les vélos et les trottinettes, parce que se garer coûte cher, ou parce qu'il y a des déchets partout."

Sur Facebook, un groupe dédié a été créé. Ses presque 200 membres témoignent, photos à l'appui, de l'insalubrité de certaines rues. Un des initiateurs du mouvement y parle de "l'état déplorable de la ville de Strasbourg" et invite les riverains à partager leurs expériences, comme ici :

En parallèle, une pétition a été lancée. En deux semaines, elle a déjà obtenu 1.000 signatures : "On est assez estomaqués de voir l'ampleur que ça prend, et c'est bon signe. Les gens ont pris la balle au bond."

Un cri du cœur donc, qui n'est pas expressément dirigé contre Jeanne Barseghian. "Je ne veux pas mettre tout sur le dos de la municipalité, explique Stéphane. On ne va pas demander à Madame Barseghian de ramasser les mégots. C'est aux gens de mieux se comporter."

Un bon élu, c'est quelqu'un que vous reconnaissez quand vous le croisez dans la rue

Stéphane

Signataire de la pétition #CaGacheStrasbourg

Pourtant, le commercial de métier ne s'en cache pas : "Au bout du compte, c'est la municipalité qui a les clefs en main. Il faudrait mettre en place des actions, organiser des petites fêtes pour dire aux gens : 'Revenez, réappropriez-vous vos rues!'"

Mais ce que Stéphane regrette le plus, c'est le manque d'actions concrètes de la mairie, et une communication très discrète : "Nous n'avons pas d'interlocuteur. On ne connait pas nos représentants de quartier. Un bon élu, c'est quelqu'un que vous reconnaissez quand vous le croisez dans la rue."

Je me suis demandé : "Mais concrètement, qu'est-ce qui est fait depuis deux ans?"

Stéphane

Signataire de la pétition #CaGacheStrasbourg

En clair, les signataires de la pétition sont frustrés. Frustrés de ne pas être entendus : "On ne nous tend pas le micro! Quand je vois que la ville de Reims met en place une application très simple pour signaler des incivilités, j'aimerais voir ça ici."

Stéphane espère pouvoir faire bouger les choses : "C'est ce qui m'a donné envie d'écrire mon thread. Je me suis demandé : 'Mais concrètement, qu'est-ce qui est fait depuis deux ans?'. Eh bien, pas grand chose. Il faut du pragmatique pour faire redescendre cette frustration."

L'opposition s'empare du sujet

Stéphane l'assure, ce mouvement est purement citoyen et sans revendication politique. "Parmi les signataires, il y a des électeurs écolos, sensibles à la question du tri, et qui sont déçus de voir qu'il n'y a pas assez de poubelles de tri au centre-ville", note le quadragénaire. Le mouvement est tout de même soutenu par Pierre Jakubowicz, élu (Agir) au conseil municipal de Strasbourg.

"C'est un des sujets sur lesquels je suis le plus sollicité, explique-t-il. J'ai tous les jours des témoignages d'habitants qui me disent que leur cadre de vie se dégrade. Ils n'osent plus faire jouer leurs enfants dans certains parcs, par peur qu'ils ne tombent sur des bouteilles en verre ou des cartouches de protoxyde d'azote. La problématique des rats se pose de plus en plus également."

Pour l'élu, la ville perd en attractivité : "Des personnes qui travaillent au Parlement européen me demandent ce qu'il se passe. Ils voient passer des rats place Gutenberg, et des déchets partout. Tout cela nuit à l'image touristique, économique et diplomatique de Strasbourg."

Pierre Jakubowicz pointe deux leviers pour remédier à ce problème d'insalubrité. Il soulève d'abord la question du manque de civisme des citoyens : "On ne va pas demander à Mme. Barseghian de ramasser les mégots. C'est aux gens de mieux se comporter", appuie Stéphane. Mais l'élu Agir note "un manque de prise de sérieux du sujet" par la municipalité.

Le laxisme de la municipalité pointé du doigt

Il invite la mairie à impliquer les associations de quartier dans la création d'un "Plan propreté", mais aussi à être plus sévère en matière de répression des incivilités : "On a atteint une telle situation que les pouvoirs publics doivent donner l'impulsion. Il y a des choses à faire, mais je ne sens pas de réel mouvement en face", regrette celui qui se dit à l'entière disposition des habitants pour faire remonter le sujet au conseil municipal.

Contactée par France 3 Alsace, la ville de Strasbourg n'a pas encore répondu à nos demandes d'interview.

*Le prénom a été modifié

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