C'est une maman à bout qui nous a contactés. Son appartement du rez-de-chaussée à Ostwald dans le Bas-Rhin est régulièrement visité par des punaises de lit et elle ne sait plus quoi faire. De nombreux logements sont ainsi infestés un peu partout en France, un problème pris très au sérieux par les pouvoirs publics depuis quelques années.
Cynthia Pinto vit au rez-de-chaussée d'un immeuble situé à Ostwald. Elle a emménagé il y a un peu plus de 10 ans dans cet appartement avec ses trois enfants âgés de 4, 12 et 14 ans. Tout se passait bien jusqu'à ce que de nouveaux voisins emménagent juste au-dessus de chez elle.
"Je pense qu'ils sont venus avec des punaises de lit, et comme ils mettent leur matelas sur le balcon, les insectes colonisent ensuite chez moi. C'est simple, avec mes enfants, on ne dort plus, je n'arrête pas de pleurer. J'ai traité, j'ai acheté un appareil vapeur, j'ai mis nos vêtements dans des sachets mais c'est bientôt la rentrée et j'angoisse, je ne sais plus quoi faire !", raconte cette maman au bord de la crise de nerfs.
Et c'est bien toute la difficulté avec ce fléau. "Il faut bien préciser et insister sur un point très important, ce n'est pas honteux d'avoir des punaises de lit chez soi !", rappelle Evelyne Poughon, secrétaire général chez Habitation moderne, bailleur social de Strasbourg. Il faut tout de suite prévenir dès qu'il y a le moindre doute afin que nous puissions intervenir."
En effet, les punaises de lit, contrairement aux idées reçues, n'ont rien à voir avec un problème d'hygiène et ne sont pas non plus liées au niveau socio-économique, bref elles touchent tout le monde et partout. Disparu dans les années 1950, cet insecte parasite est de retour depuis les années 1990, avec l'accroissement des échanges internationaux et l'apparition de résistance aux insecticides.
Un plan ministériel publié en 2022
Un phénomène suffisamment inquiétant pour que les pouvoirs publics mettent en place un plan interministériel publié en 2022 afin d’améliorer la sensibilisation et d’intensifier la mobilisation dans tous les secteurs d’activité concernés par ce fléau. Dans l'Eurométropole de Strasbourg, cela passe par une vaste compagne d'information préventive avec distribution de plaquettes et flyers.
"L'un des soucis majeurs, c'est la seconde main, nous explique Françoise Schaetzel, vice-présidente à l'EMS, chargée des questions de santé et d'environnement. Quand par exemple vous achetez un vêtement d'occasion, il faut soit le laver à 60 degrés avant de le porter soit le mettre au congélateur pendant 72 heures."
Canapés et autres lits d'occasion sont autrement plus problématiques. "Là, il faut vraiment regarder toutes les coutures, pour voir si on trouve des petits points noirs, signe d'une infestation", précise encore Françoise Schaetzel. Un nettoyage à la vapeur peut alors s'avérer efficace.
Un chien renifleur
En cas d'infestation massive, la seule solution reste de faire intervenir un professionnel. Et c'est là que la bât blesse. Parce que ces interventions coûtent très cher, plusieurs milliers d'euros, inaccessible pour de nombreuses bourses. Les bailleurs sociaux ont, quant à eux, des prestataires avec lesquels ils travaillent.
"Ce sont des interventions très lourdes, quasi des déménagements, précise Evelyne Poughon. Ca veut dire qu'il faut que tout le monde joue le jeu. Les entreprises de désinfestation vont passer plusieurs fois pour être sûr que les insectes et les larves sont éradiqués. Et; à la fin, c'est un chien renifleur qui intervient, le seul capable de détecter s'il reste des punaises ou non."
C'est pour cela qu'une proposition de loi a été déposée en 2022 par certains députés dont Bruno Studer, député de la 3e circonscription du Bas-Rhin, pour mettre en place des aides financières à destination des ménages les plus modestes. Une proposition qui n'a pas encore été validée par le Parlement.