TEMOIGNAGES. À Strasbourg, une distribution de fournitures scolaires vitale avant la rentrée pour les plus démunis

À dix jours de la rentrée scolaire, le Secours populaire du Bas-Rhin et l'association Caritas Alsace ont organisé une distribution de fournitures scolaires pour les enfants de familles défavorisées ce lundi 22 août. Une initiative saluée par les parents.

C'est la sixième année que l'association Caritas et le Secours Populaire organisent ensemble cette distribution de fournitures scolaires à destination de familles dans le besoin, à Strasbourg. Parmi elles, beaucoup ne sont pas en situation régulière, et ne peuvent pas toucher l'allocation de rentrée scolaire.

C'est le cas de Tamera et de sa mère. Originaire d'Arménie, elles ont dû fuir l'Ukraine pendant la guerre, et vivent à Strasbourg depuis cinq mois. Tamera a 17 ans, et rentre en classe de première en septembre : "J'ai un petit frère qui rentre en troisième. Nous sommes venues prendre des affaires pour lui aussi", explique-t-elle.

"Nous vivons sans notre père. Et ma maman ne peut pas travailler, car elle n'a pas ses papiers. Nous n'avons presque rien, alors nous venons souvent à l'aide alimentaire juste à côté. C'est là que nous avons entendu parler de cette distribution de fournitures", ajoute l'adolescente en reprenant les mots de sa maman, qui ne parle pas français.

Dans les paniers de Tamera, des cahiers de toutes tailles, et des stylos : "J'ai aussi pu prendre un sac à mon petit frère", sourit-elle. Comme pour les autres familles venues au siège du Secours populaire du Bas-Rhin, dans le quartier strasbourgeois du Neuhof, cette distribution est la bienvenue.

L'opération est saluée par Medina et Makka, respectivement 14 et 16 ans. Elles sont venues ce matin, accompagnées de leur mère. Toutes les deux au lycée, les deux sœurs sont arrivées de Tchétchénie il y a quatre ans : "Nous avons fait quatre demandes d'asile, qui nous ont toutes été refusées. En attendant, notre maman ne peut pas travailler", expliquent-elles.

Pouvoir avoir ces cahiers, c'est très important pour nous. Mes filles veulent continuer leurs études en France.

Une mère de famille tchétchène

Depuis avril, elles vivent dans des tentes, à huit, dans le quartier Étoile-Bourse : "Nous avons demandé de l'aide pour la rentrée, témoigne leur mère. Pouvoir avoir ces cahiers, c'est très important pour nous. Mes filles veulent continuer leurs études en France, dans la cuisine pour l'une, et dans la vente pour l'autre."

"Ici, je trouve tout ce dont j'ai besoin. Les fournitures, c'est un budget important, l'association m'aide beaucoup et je les remercie, témoigne Tatevik Petrosyan, mère de deux enfants qui vit à l'hôtel depuis deux ans. J'attends encore mes papiers, et je n'ai pas la CAF."

À 16 ans, Nata s'estime heureuse de pouvoir bénéficier de toutes ces fournitures : "La rentrée, ça représente un budget immense. Alors ce genre d'action, ça fait plaisir", réagit-elle en choisissant des crayons de papier. Avec sa mère et son frère, elle est arrivée de Géorgie en 2019 : "Je vais rentrer en première, et mon petit frère en CM1. J'espère qu'il sera content de ce que je lui ai pris."

300 enfants aidés en 2022, contre un millier l'an dernier

Au total, 300 enfants pourront récupérer des fournitures à la fédération du Secours populaire du Bas-Rhin, d'ici la rentrée : "Les inscriptions se sont faites très rapidement, témoigne Camille Vega son directeur. L'an dernier, une dotation exceptionnelle de la ville nous a permis de donner des affaires à un millier d'enfants." 

Cette dotation d'environ 30.000 € n'a pas été renouvelée en 2022, ce qui a poussé le Secours populaire et l'association Caritas à retrouver le niveau des années pré-Covid. Mais les organisateurs l'assurent : la demande est plus que jamais là, et distribuer des fournitures à 1 000 enfants n'aurait pas été de trop.

Floriane Varieras, adjointe à la maire de Strasbourg en charge des solidarités sociales, confirme qu'il n'a pas été possible pour la Ville de verser la dotation cette année. Mais son retour pour 2023 serait en bonne voie.