À cause de la pluie, les restaurateurs en Alsace sont obligés de fermer leurs terrasses. Un manque à gagner qui oblige les professionnels à s'adapter et à prendre leur mal en patience.
Sur le calendrier, c'est l'été. En effet, les journées sont les plus longues de l'année, mais pas moyen de passer des soirées en terrasse, pour profiter de l'extérieur. La pluie tombe sans cesse depuis des semaines.
Alors les terrasses de restaurants et bars restent désespérément fermées. Et si les conséquences ne sont pas bonnes pour le moral, elles ne sont pas bonnes non plus pour les finances des propriétaires, qui comptent sur leurs espaces extérieurs pour augmenter leur chiffre d'affaires.
À l'heure où il devrait être en plein service, Julien Rychen se tient debout, les bras croisés, sous son grand store pare-soleil. Il regarde la pluie tomber et semble dubitatif. 22 juin et comme durant ce printemps, il pleut et il repleut. "Six tables de huit personnes et quatre mange-debout sont inutilisables. Ça fait soixante-six places inoccupées quand il pleut." pas évident quand on vient d'ouvrir une nouvelle enseigne, comme lui avec deux de ses amis.
"On a ouvert en novembre dernier et pour l'instant on n'a pas souvent pu utiliser la terrasse."
Jean Rychen, Co-gérant de bar à Strasbourg-Koenigshoffen
Même situation dans tout le département, confie Véronique Siegel, présidente de l'Umih (Union des métiers et des industries de l'hôtellerie) Bas-Rhin. "Les détenteurs de terrasses savent qu'il fait rarement beau pendant quatre mois d'affilée " explique la présidente de l'Umih Bas-Rhin,"mais pour certains, l'argent généré pendant l'été sert à tenir le reste de l'année."
À cause de la pluie, et par report de clientèle, d'autres font salles pleines. Mais il faut relativiser. "Le public n'accepte pas systématiquement de s'installer à l'intérieur." souligne Jacques Chomantovski, président de l'Umih Strasbourg. "Souvent, il attend le beau temps, car c'est en terrasse qu'il veut profiter de la soirée."
Les plus touchés sont les petits bars, qui n'ont pas d'autres sources de revenus. Les grands groupes eux, gèrent cela différemment. Ce qu'ils ne réalisent pas comme chiffre sur un site, il le rééquilibre grâce à un autre.
"Ce n'est pas agréable, mais ce n'est pas la première fois" continue Jacques Chomantovski, lui-même patron de bar, avec 150 places en terrasse. "L’année dernière, il a fait mauvais temps du 20 juillet au 20 août et au final on a quand même fait une bonne saison."
"On a aucune emprise sur la météo, donc on gère, on serre la ceinture et on attend le beau temps."
Jacques Chomantovsky, président Umih Strasbourg
Même écho dans le sud de l'Alsace. Au lendemain de la fête de la musique, Jean-Jacques Better, président de l'Umih Haut-Rhin, est soulagé. "Hier il a plu dans l'après-midi, mais heureusement, ça s'est arrêté vers 18 heures et après il y a eu beaucoup de monde partout."
En fait, la situation varie en fonction des villes. "À Colmar, au centre-ville, il n'y a pas de place pour loger tous les clients d'une terrasse à l'intérieur" souligne Jean-Jacques Better, et il précise que désormais de toute façon, tout le monde est un peu à la même enseigne. "Quand il pleut, les commerces alentour et les hôteliers connaissent le même sort. Désormais les touristes choisissent leurs vacances en fonction de la météo, et en Alsace on travaille beaucoup avec du tourisme de dernière minute, où les gens ne réservent pas."
Voilà tout le monde contraint à prendre patience. "On avance au jour le jour, et même à la demi-journée." Et cela, sans perdre espoir, car dès qu'il fait beau les terrasses sont prises d'assaut.