Usine "Suchard" à Strasbourg: une nouvelle ligne de production, une belle recette pour les 200 salariés

Les Strasbourgeois l'appellent "l'usine Suchard". Plus de 12.000 tonnes de chocolat y sont produites chaque année, mais le rocher n'en représente qu'une petite quantité. Le site est passé sous pavillon de Carambar&Co, un jeune groupe français dont le credo est de relocaliser ses marques en France. 

On pourrait l'appeler la "boule aux oeufs d'or" (avec l'accent alsacien, ça marche encore mieux). De quoi parle-t-on? De la boule de chocolat à l'orange de la marque Terry's, dont les Britanniques raffolent. L'année dernière ils en ont acheté plus de 37 millions. Un incontournable sous le sapin de l'autre côté de la Manche. La marque Terry's a été créée en 1767. L'idée était de transformer la traditionnelle orange, cadeau classique de Noël, avant que les enfants ne deviennent des petits diables trop gâtés, en confiserie. En 250 ans d'existence, ce chocolat parfumé, qui présente toutes les caractéristiques de l'orange, est devenu une institution; son ouverture : un rituel.
 Et la bonne nouvelle dans tout ça: ces boules de Noël un peu spéciales sont désormais produites à Strasbourg, plaine des Bouchers, dans ce que les Strasbourgeois nomment "l'usine Suchard". Une nouvelle ligne de production pour un coût total de 10 millions d'euros: c'est le premier investissement important depuis 1990, soit près de 30 ans, pour cette usine vieillissante. La production des chocolats de la marque Terry's est relocalisée: auparavant les usines se situaient en Pologne et en Tchécoslovaquie. 
 

Miser sur le Made in France

Des marques connues et une relocalisation française: le credo de Carambar&Co, nouveau venu dans le secteur de la confiserie et des chocolats, un petit poucet aux 250 millions d'euros de chiffre d'affaires. Un David face aux Goliath de l'agroalimentaire que sont Nestlé, Mondelez et consorts. Pour se faire une place, il faut être original. Comme par exemple en misant sur des marques anciennes, quatorze en tout, connues et aimées du grand public, mais un peu délaissées: Carambar, Poulain, Krema, Suchard, Vichy, Malabar, La Pie qui Chante... et Terry's of course. Pour les relancer, le groupe d'investisseurs français à l'origine de la création de Carambar&Co en 2017 parie sur le Made in France. Car l'hexagone présente des atouts quoiqu'on en dise. "Certes le coût du travail est plus important," reconnaît Thierry Gaillard, président de Carambar&Co, "mais nous bénéficions d'un niveau de qualification, des infrastructures de premier plan. Et je pense que dans le contexte actuel les consommateurs et les clients valorisent ce genre d'initiatives."
 

Une bonne nouvelle pour l'emploi?

Début 2019 au plus tard, l'ensemble de la production du groupe sera relocalisé dans les cinq usines françaises du groupe : Vichy, Saint-Genest, Blois, Marcq-en-Baroeul et Strasbourg bien sûr. Un processus entamé dès la création du groupe pour un investissement global de 25 millions d'euros. Pour les 1.000 salariés de ces usines (dont 200 à Strasbourg) c'est une vraie bonne nouvelle. Bien que ces relocalisations misent avant tout sur une plus grande automatisation de la production. La nouvelle ligne strasbourgeoise par exemple: 120 mètres de long capable de produire à elle seule plus de 12 millions de tonnes, soit la capacité de production de l'ensemble de l'usine. Une seule énorme ligne de production, pour à peine cinq salariés aux manettes. Malgré tout, la priorité affichée du groupe est le maintien de l'emploi. Les économies réalisées sur ces chaînes de production ultra-moderne doivent permettre de pérenniser les autres marques.
 

L'exemple de "l'usine Suchard" est particulièrement symbolique. Ici, on fabrique du chocolat depuis 1870. Les célèbres rochers ne représentent plus que 15% de la production globale. Il a fallu diversifier, travailler pour Milka ou Cadbury entre autres. Mais ces productions quitteront progressivement le site pour se consacrer à la nouvelle orientation du groupe. Reste à savoir si le pari de Carambar&Co, un pari un peu fou, à l'image de cette grosse boule orangée, se transforme en pari gagnant. Une question vitale pour les 200 salariés de l'usine alsacienne. 

Petit bonus: un peu d'humour anglais. 
 

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