Ce sont des notes tout droit surgies du passé qui ont résonné samedi 28 octobre au Conservatoire de Strasbourg. Des notes que personne n'avait jamais entendues : elles proviennent de partitions datant du 18ᵉ et 19ᵉ siècles, retrouvées par hasard à Munster il y a dix ans.
Le passé réussit parfois à s'inviter de manière complètement inattendue. Ce fut le cas samedi 28 octobre, au Conservatoire de musique de Strasbourg. Des notes écrites entre 1787 et 1870 ont été jouées pour la toute première fois. La fin d'un long silence.
Tout a commencé par une découverte, il y a dix ans. Lors du déménagement de l'école de musique de Munster, 15 000 pages de partitions, parfaitement conservées, ont été retrouvées. Les œuvres sont signées de compositeurs renommés, comme Johann Evangelist Brandl, Joseph Fiala ou encore Franz Krommer. Des contemporains de Beethoven.
Ce trésor retrouvé témoigne de la vie culturelle très riche de Munster, à cette époque. Les industriels mécènes, et notamment la famille Hartmann, entretenaient des liens d'amitié avec de nombreux artistes : Franz Liszt, Chopin, et d'autres.
Des partitions inédites, qui restent à déchiffrer
Parmi les 223 manuscrits, soit 15 000 pages au total, des œuvres solistes pour basson ont été interprétées samedi 28 octobre au conservatoire de Strasbourg. "Il y avait parfois quelques pages manquantes. Donc, il a fallu de temps en temps reconstituer par rapport à un contexte. Souvent les choses se répètent à l'intérieur d'un mouvement, des fois dans une autre tonalité, donc on reconstitue un peu comme un restaurateur de tableau " explique Jean-Christophe Dassonville, professeur de basson au conservatoire de Strasbourg.
Un travail minutieux. " Il reste encore des morceaux à interpréter, dit-il. Et encore, je ne parle pas de toutes les œuvres exhumées, dont celles dédiées à des chœurs de femmes, ou des chœurs mixtes. Je me suis consacrée à mon instrument, car pour reconstituer le tout, il faudrait plusieurs vies" s'amuse-t-il.
Cette minutieuse enquête musicale est donc toujours en cours. D'autant qu'à Munster, d'autres partitions ont été retrouvées dans cinq coffres en bois... Comme une symphonie inachevée.