Plus de 800 pompiers ont manifesté à Strasbourg (Bas-Rhin) le 17 janvier pour dénoncer les violences qui les prennent pour cible. Un cortège composé de sapeurs-pompiers volontaires et professionnels du Bas-Rhin et du Haut-Rhin, mais aussi des Vosges et de Moselle.
Des pompiers de tous âges et de tous statuts. Mais un seul message : un ras-le-bol contre la généralisation des violences les ciblant. Ce sont plus de 800 pompiers qui ont manifesté à Strasbourg (Bas-Rhin) le vendredi 17 janvier 2020.
Le cortège était composé de sapeurs-pompiers volontaires et professionnels du Bas-Rhin et du Haut-Rhin, ainsi que des Vosges et de la Moselle. Parti de la caserne du quartier Cronenbourg à 9h30, il a rallié l'hôtel préfectoral après un arrêt devant le palais de justice. Une délégation a été reçue par le préfet Jean-Luc Marx.
Ces pompiers ont confié à France 3 Alsace les raisons de leur colère. Elle a atteint un pic avec les violences survenues la nuit du Nouvel An.
Michaël, 29 ans, sergent sapeur-pompier volontaire
"Nous sommes là pour exprimer notre mécontentement, y en a ras-le-bol. J'ai connu 11 soirs de Nouvel An, et celui qu'on vient d'avoir, c'était le pire. Si ça continue, il y a aura un mort. Ils attendent que ça pour réagir..."
"Nous ne sommes pas là pour nous faire agresser. Il faudrait plus de fermeté de la part de la justice face à ces agissements. Car on ne fait plus face à des agressions, mais à de la haine : il s'agit de tuer du pompier."
"Moi j'ai des collègues qui sont en arrêt, qui ont eu un choc psychologique. Ils ont pensé à arrêter. Certains refusent à présent d'intervenir la nuit du Nouvel An. Je refuserai aussi si ça continue : j'ai une femme et une fille, et je veux être encore en vie après mon intervention pour les revoir..."
Marie, 44 ans, sapeur-pompier 1ère classe volontaire
"On se fait caillasser. On se fait même agresser au couteau. Par des victimes qu'on vient sauver. Ce n'est pas normal."
"Quand nos collègues nous racontent ça, on passe par la colère, puis l'incompréhension. On n'y croit pas ! Ensuite, il y a la peur. J'ai un collègue très doué pour calmer toutes les situations : si ça lui est arrivé, alors ça peut tous nous arriver."
"Mais après, on se raisonne. On se dit qu'on ira quand même, qu'ils ne nous empêcheront pas d'intervenir. Parce que ne plus y aller, c'est donner raison aux agresseurs."
Henri, 65 ans, adjudant sapeur-pompier professionnel retraité
"En 1999 et en 2002, on manifestait déjà ! Il y avait eu quelques solutions ponctuelles, on envoyait la police dans les quartiers où on avait des problèmes. Mais c'était plus calme à mon époque : je n'ai pas connu des embuscades ou des agressions à la barre de fer comme aujourd'hui ! C'est devenu un problème récurrent."
"Je ne sais pas pourquoi il y a ça : c'est à cause de l'éducation ? Ou de la justice ? Il faudrait que quelqu'un qui agresse ne soit pas remis en liberté le lendemain de son agression. C'est une tentative de meurtre. C'est même prémédité !"
Justine, 27 ans, élève à l'école départementale d'incendie et de secours (EDIS)
"Je suis en tout début de carrière, encore en formation. Je n'ai pas encore été confrontée à des événements comme la nuit du Nouvel An. Mais cela m'arrivera forcément."
"On aura une formation sur les violences urbaines. Et je veux quand même être pompier. Je suis de formation militaire, et je préfère servir sur le territoire national plutôt qu'à l'étranger."
David, 46 ans, lieutenant sapeur-pompier professionnel
"Les pompiers sont conscients des risques inhérents à ce métier. Ils l'acceptent. Mais les agressions ne sont pas censées faire partie de ces risques... Aujourd'hui, je ne peux plus dire à mes équipes que tout ira bien, qu'il n'y aura pas d'incident."
"Dans les quartiers sensibles, les pompiers représentent avec leurs uniformes un symbole du pouvoir... Et la société a évolué, elle est moins tolérante. On ne voit plus les pompiers comme un service public, mais comme un dû."
Isabelle, 47 ans, comptable au siège des pompiers du Bas-Rhin
"Je suis venue les soutenir. Ce qui leur arrive, ce n'est pas normal. Ils font leur métier du mieux qu'ils peuvent, et on les agresse !"
"On entend les témoignages d'insultes, de caillassages. Et même de guet-apens, lors du Nouvel An ! On ne les appelle pas pour ça. Ça nous met en colère, c'est surnaturel, ce qui arrive."