À l'occasion de la journée mondiale de lutte contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie, nous avons recueilli le témoignage d'Hélène, 35 ans. Après avoir grandi à Strasbourg, elle est partie rejoindre sa compagne à Sarreguemines, où elle vit depuis sept ans.
Hélène Schneider a 35 ans. "J'ai découvert que je préférais les femmes vers 14-15 ans. J'étais au collège à Strasbourg, et je m'entendais très bien avec une camarade de classe, je l'aimais beaucoup, par contre, je n'avais aucun atome crochu avec son frère. J'ai commencé à me poser des questions. Il ne s'est jamais rien passé avec elle, mais ça a été le début de quelque chose."
À 17 ans, elle a sa première petite amie. "J'étais la seule de ma classe à être lesbienne, enfin du moins la seule qui le disait et l'assumait. Ma copine était dans le même établissement, elle avait un an de plus. En fait, nous étions officiellement les deux seules du lycée à être lesbiennes ! De la part de mes camarades, je n'ai eu aucune remarque méchante, c'était plutôt de la curiosité. De la surprise. En revanche, un jour, j'ai eu une réflexion de mon professeur principal qui m'avait vu embrasser ma copine dans la cour. Il m'a dit que ma vie privée devait rester privée, surtout quand elle était particulière. Et ça m'a vraiment marquée."
Il m'a dit que ma vie privée devait rester privée, surtout quand elle était particulière. Et ça m'a vraiment marquée
Hélène Schneider
Du côté de sa famille, les réactions sont diverses. "Mon père ? Il m'a simplement demandé si j'étais heureuse. J'ai répondu oui, et c'est tout ce qui comptait pour lui. Avec ma mère, ça a été plus compliqué. Encore aujourd'hui. Elle est dans un schéma disons plus traditionnel... En revanche, avec mes frères et ma sœur, cela n'a posé aucun problème."
Hélène rencontre Maud, sa compagne actuelle, le 28 août 2016. Le 1er décembre de la même année, elles emménagent ensemble à Sarreguemines. "Nous nous sommes rencontrées grâce à un site. À Strasbourg, on tombe souvent sur l'ex d'une ex, ou l'ex d'une amie. C'est une communauté très petite. À Strasbourg, j'ai déjà été agressée verbalement. Un jour, j'étais avec mon ancienne copine, quelqu'un nous a dit : "Vous devriez avoir honte de vous, vous êtes des déchets !" À Sarreguemines, ça n'est jamais arrivé. Avec Maud, on fréquente des amis hétéros, gays, lesbiens, on ne fait partie d'aucune communauté, les gens nous ont acceptées tout de suite."
Hélène est actuellement surveillante dans un lycée de la commune. Elle va passer le concours de CPE, conseiller principal d'éducation. "C'est génial de travailler dans un établissement scolaire, les jeunes me posent des questions et on discute beaucoup. Mon orientation sexuelle n'a jamais été un problème dans ce lycée. Et aux élèves avec qui j'échange, je dis toujours : "Il ne faut surtout pas avoir peur d'être qui on est." C'est un message important à faire passer."
Dans une entreprise, on m'a dit : "Ah ben c'est cool, tu ne nous embêteras pas avec un congé maternité !"
Hélène Schneider
Il n'empêche, "il faut rester vigilant. Il faut faire attention à ce que l'on dit. Les gens ne se rendent pas toujours compte, mais cela peut être très violent. Traiter quelqu'un de "PD", dire à une fille "T'as l'air d'une gouine" juste par ce qu'elle a les cheveux courts... Il faut mesurer la portée de ce type de discours. Au travail, moi, je n'ai jamais eu de problème, sauf une fois. Dans une entreprise, on m'a dit : "Ah ben c'est cool, tu ne nous embêteras pas avec un congé maternité !" J'y repense aujourd'hui car... Maud et moi sommes en plein parcours de procréation médicalement assistée pour avoir un enfant !" Hélène espère être enceinte d'ici à la fin de l'année.