Une classe de CM1/CM2 de l'école élémentaire de Achenheim (Bas-Rhin) se trouve sans enseignante depuis trois semaines en continu. Les parents d'élèves concernés évoquent "l'indifférence" affichée par le rectorat face à leurs alertes.
Lorsqu'Aurélia Werle reçoit le mail de la directrice d'école ce vendredi-là, elle n'en peut plus. Cela fait trois semaines d'affilée que sa fille, scolarisée en CM1 à Achenheim (Bas-Rhin) est soit "invitée à rester chez elle" soit "répartie dans d'autres classes" en raison de l'absence de son enseignante. "On s'inquiète pour nos enfants car ils sont de la génération qui a appris à lire pendant le Covid, lâche cette mère de 44 ans. Ma fille, par exemple, a un suivi orthophonique. Je pensais que j'étais un peu seule dans mon cas mais en discutant avec d'autres parents, je me suis rendu compte que non. Alors je pense qu'il faut faire d'autant plus attention à ne pas rajouter d'autres handicaps à ces enfants."
Le problème remonte en réalité à la rentrée de septembre. Les parents rapportent des absences régulières, "quelques jours ici, quelques jours là", pas systématiquement remplacés. "Ma fille, comme la plupart des enfants, était bien contente de rentrer et de dire qu'elle n'avait pas de devoirs, se souvient Aurélia Werle. Mais là ça commence à se sentir, même pour eux. On en est à sept semaines d'absence en cumulé depuis septembre. Ils se sentent perdus."
Communiquant régulièrement sur un groupe Whatsapp dédié, les parents prennent conscience d'un problème structurel et décident d'écrire une lettre à l'inspecteur d'académie. "Au total le rectorat a été alerté par courrier à trois reprises. Nous n'avons eu, à ce jour, aucune réponse. Je peux comprendre qu'il y ait un manque de remplaçants, mais ils auraient pu daigner nous le dire au moins. Pour nous, ce silence ça veut dire que la situation n'est pas prise en compte. Et c'est désobligeant."
La solution de la répartition
Contacté, le rectorat n'a pas donné suite dans les délais impartis. Valentin Rabot, le maire de la commune, reconnaît de son côté que la situation est "pénalisante" pour les élèves et parents de cette classe. "Mais nous avons la chance de ne pas avoir des classes très chargées, ce qui nous laisse la possibilité de répartir les élèves et ainsi d'atteindre des groupes à 27 ou 28 enfants", confie l'édile.
Cette solution de la répartition est justement épinglée par les parents dans leur communiqué, soulignant un risque "d'implosion de toute l'organisation scolaire de l'école" si un autre enseignant venait à manquer. "Ça reste une charge supplémentaire pour les enseignants, bien sûr, reconnaît Valentin Rabot. Mais c'est mieux que d'avoir des remplacements d'un ou deux jours, un enseignant différent toutes les semaines." Le maire d'Achenheim assure par ailleurs que la solution de trouver "un enseignant remplaçant pérenne" restait "prioritaire" dans ses différentes sollicitations de l'inspection académique.