Biodéchets : les solutions en Lorraine pour trier nos épluchures à la maison, une obligation d’ici 2023

Les biodéchets constituent environ 30% de nos ordures ménagères, et finissent majoritairement dans les décharges ou les incinérateurs. Un sacré gâchis quand on sait qu’ils sont majoritairement composées d’eau. Une directive européenne prévoit leur tri et leur recyclage d’ici 2023.

En cette mi-novembre 2020, nombreux encore sont ceux qui jettent leurs épluchures et restes de repas directement dans leur poubelle principale. Or, ces poubelles, sont soit enfouies, soit incinérées. Dans le premier cas, les composés organiques vont produire du méthane, un gaz 25 fois plus impactant sur le réchauffement climatique que le gaz carbonique. Lorsqu’ils sont incinérés, ces biodéchets dégagent du CO2 qui accentue encore l’effet de serre.

Pompey, pionnier de la collecte

Dans la communauté de communes du bassin de Pompey, les élus se sont interrogés sur cette problématique il y a déjà 20 ans. En 1999, ils ont mis en place une collecte des déchets verts et composés organiques en porte à porte, et ce sur l’ensemble des treize communes. Ainsi, une fois par semaine, un camion vient prélever la poubelle verte dédiée aux biodéchets.

Il nous paraissait évident qu’il fallait trouver une solution pour ces déchets qui sont composés principalement d’eau.

Laurent Trogrlic, président de la Communauté de communes du bassin de Pompey

Une décision d’autant plus logique que ces composés organiques ont une véritable valeur pour les jardiniers amateurs ou professionnels. Bien gérés, ils se transforment en compost réutilisable. D’où l’idée de la communauté de commune d’installer une plateforme de compostage industrielle sur les hauteurs de Marbache, et qui redistribue gratuitement le précieux engrais aux habitants.

De plus, la communauté de communes semi -rurale s'y retrouve financièrement, car le compostage industriel permet de traiter les biodéchets à un prix inférieur à celui de l’incinération.

Le Grand Nancy mise sur les composteurs

Le tri à la source des biodéchets chez les particuliers a été programmée en France pour 2025 par la loi de transition énergétique pour la croissance verte du 17 août 2015. La directive cadre européenne de 2018 a ramené cette date au 31 décembre 2023 au plus tard.  Cela ne signifie pas forcément une obligation de collecte au porte à porte, mais plutôt d’offrir aux habitants plusieurs solutions pour que l’on ne retrouve plus de matière organique dans leurs poubelles.

Dans le Grand Nancy, on a fait le choix de développer en masse les composteurs partagés depuis plusieurs années. On en retrouve au pied des immeubles, dans les parcs, au bord de la Meurthe. Plus de 150 compartiments en bois ont ainsi été posés dans toute l’agglomération. 
Les citoyens se sont visiblement bien adaptés à ce système de "déchetterie verte" dans leur quartier.

Les composteurs débordent régulièrement, particulièrement ceux situés dans le parc Sainte Marie.

Christophe Fritsch, Direction des déchets ménagers au Grand Nancy

La métropole subventionne par ailleurs, depuis bientôt 15 ans, le compostage individuel, en proposant des composteurs en bois ou en plastique à des prix très compétitifs de 18 à 28 euros pour des bacs de 300 et 500 litres. Près de 15.000 composteurs ont déjà été vendus, et permettent de recycler les biodéchets dans son jardin, quand on a la chance d’en avoir un.

On souhaiterait pouvoir privilégier les composteurs individuels et collectifs, plutôt que d’organiser une nouvelle collecte en porte à porte, et qui serait au final plus chère à mettre en place en ville.

Christophe Fritsch, Direction des déchets ménagers au Grand Nancy

En effet, une étude a été réalisée en 2018 pour évaluer les coûts de collecte des biodéchets. Elle montre bien que, quel que soit le scénario, la collecte auprès des familles et  des professionnels serait plus chère et technique en milieu urbain.

Epinal teste toutes les solutions

Dans la communauté de commune d’Epinal, c’est le Sicovad qui gère les déchets, sur un territoire qui dépasse d’ailleurs les limites de l’agglo pour déborder en milieu rural. Ce qui permet d’expérimenter d’autres solutions, comme les poulaillers par exemple. 
 
Le syndicat subventionne en effet à hauteur de 50 euros l'achat d'un poulailler solide. Une solution qui ne peut être que complémentaire, une poule n’absorbant que 150 kg de déchets par an.

Tout comme le Grand Nancy, le Sicovad mise sur les composteurs pour recycler les biodéchets des habitants, avec la mise à disposition de maîtres composteurs pour apporter une aide technique. Les bacs en bois de 600 litres sont proposés à un tout petit prix, 32 euros, pour inviter les citoyens à faire du  tri.

De nombreux établissements collectifs, écoles, maisons de retraite et bailleurs sociaux ont fait le choix de cette solution sur le territoire. Quant à la collecte au porte à porte, elle a été testée juste avant l’arrivée de la Covid-19, chez les particuliers et les commerçants, mais n’a pas été adoptée de façon définitive pour le moment, car l’expérimentation a été stoppée tout net par le confinement.

Metz en réflexion

Le tri des biodéchets dans des installations de compostage partagé ou individuel permet de réduire de façon significative la quantité de déchets pris en charge, c’est-à-dire collectés et traités par la collectivité. C’est pour cela que la ville de Metz a choisi d’offrir à ses habitants des composteurs gratuits (moyennant une caution de 25 euros par an).  Par ailleurs, une centaine de bacs à compost sont installés un peu partout dans les quartiers et gérés par des associations locales.

La métropole de Metz s’est également lancée dans la subvention de lombricompostage. Des boites fermées contenant des vers pour ceux qui vivent en appartement. Une trentaine de foyers a été formé et expérimente ce type de compostage plus technique.

Aujourd’hui 13% de la population recycle ses biodéchets, nous comptons arriver à 20 % d’ici 2023.

Anne-Marie Linden conseillère déléguée au tri et recyclage, Metz Métropole

Pour compléter, il faudra sans doute mettre en place une collecte individualisée. Elle est en pleine réflexion parmi les élus.

 
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