Les blaireaux : des animaux nuisibles ou d'inutiles victimes d'une chasse cruelle ?

Si vous avez des blaireaux sur vos terres, inutile de les tuer. Le Groupement d'étude et de protection des mammifères d'Alsace, l'association qui connaît le mieux ces animaux, propose des solutions alternatives et met gratuitement des experts à votre disposition.

 

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Déterrer de force les blaireaux pour les tuer, c’est pratiquer la vénerie sous terre. Une méthode barbare d’un autre temps ? On a envie de dire oui, mais elle est encore pratiquée dans une partie de l’Alsace et partout dans le reste de la France. Une seule exception, le Bas-Rhin, où cette chasse est interdite depuis 2003. Pourtant la population de ces mustélidés y est restée stable. On vous explique ce qu’il est possible de faire, si leurs terriers perturbent vos cultures ou terrains, sans les tuer.

1300 terriers en Alsace

Le groupe d’étude et de protection des mammifères (Gepma) suit de près la population des blaireaux en Alsace. En réalité le nombre exact de ces mustélidés n’est pas connu. Il s’agit plutôt d’un suivi des terriers et de leur occupation réalisé chaque année par une centaine de bénévoles. Selon les derniers chiffres de 2017-2018, le Gepma, qui étudie et défend les blaireaux depuis quinze ans avec la LPO, estime à 1300 le nombre de terriers en Alsace.

"Un clan de blaireaux est composé d’environ trois à quatre individus, mais ils ne vivent pas toujours dans le même terrier. Lorsqu’il y a vingt creusements, ils occupent alternativement leurs différents terriers. Ces animaux sont très propres, ils se protègent des parasites en changeant de chambre", explique Laetitia Duhil, médiatrice faune sauvage à la LPO / association de protection de la biodiversité.

 

Une vraie menace, les blaireaux ?

"Ces plantigrades nocturnes mangent des vers de terres, des limaces, des baies. Très patauds, ils ne chassent pas et ne sont pas agressifs. Au contraire, ils sont plutôt peureux et auraient tendance à fuir (leur odorat est 500 fois supérieur à l'odorat humain). La seule gêne peut venir de l’emplacement de leur terrier, dans les cultures, le vignoble, les remblais routiers ou ferroviaires. Dans ces cas, le Gepma propose gratuitement le conseil et l'aide d'experts." 

Diverses solutions ont fait leurs preuves pour gérer un terrier occupé par une famille de blaireaux. Sur son site, le Gepma estime que "la plus simple consiste à utiliser des produits répulsifs olfactifs. Plus rarement, la pose d’un clapet anti-retour ou d’une clôture électrique peuvent être des alternatives plus efficaces. Ces méthodes doivent impérativement être entreprises en dehors de la saison de reproduction des blaireaux"

"Il reste essentiel d’avoir à l’esprit que la famille de blaireaux qui fuit un secteur se déplacera nécessairement sur un autre secteur pour créer un nouveau terrier. Réserver un espace potentiellement favorable (bosquet, talus végétalisé,...) à l’espèce, dans un rayon proche du terrier neutralisé, peut inciter les blaireaux en recherche d’un site alternatif à s’y installer. Les avantages de cette solution, si elle fonctionne, est que les animaux continueront d’occuper un territoire sur le même secteur (donc ne permettront pas l’intrusion d’un nouveau clan) et que leur terrier ne gênera plus l’activité agricole."

 

Une autorégulation de la population

Dans les années 80-90, beaucoup de blaireaux ont été gazés dans leurs terriers. Pourquoi ? parce qu' à l'époque, les renards étaient atteints par la rage vulpine, la rage des renards. "Comme ils occupaient les mêmes terriers, les blaireaux sont morts en même temps que les renards. Depuis l'éradication de la rage vulpine, le gazage est interdit et la population des blaireaux a à nouveau augmenté. Ces animaux réinvestissent donc les terriers existants. 

Mais cette espèce a la particularité de ne jamais pulluler. Une femelle met bas au maximum cinq petits, dont au moins la moitié n'atteint pas l'âge de un an. Les collisions routières font le reste...", précise Laeticia Duhil. 
 

 

La chasse interdite dans le Bas-Rhin depuis seize ans 

Pour qu'une espèce soit retirée de la liste des nuisibles, il faut l'accord d'associations, des chasseurs, de la direction départementale des territoires. Pas facile de convaincre tout le monde et ce n'est que dans un département, où le blaireau est étudié et suivi depuis quinze ans, que la décision de ne plus le chasser a été prise. Même les chasseurs étaient d'accord. La LPO et le GEPMA ont réussi à le faire retirer de la liste des espèces chassables et à le protéger.  Ce qui pourrait encourager d'autres départements à suivre cet exemple est le fait que la population de cet animal n'ait pas proliféré depuis.

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