Niché entre deux coteaux, Blienschwiller compte pas moins de 25 exploitations viticoles. Le vin y est élaboré depuis la nuit des temps par des générations de vignerons qui aujourd'hui encore perpétuent la tradition. Certains nous ont ouvert leurs portes.
A Blienschwiller (Bas-Rhin) c'est simple : derrière chaque maison se cache une cave. Grandes, hautes de plafond pour accueillir les tonneaux, avec des pierres apparentes pour exposer la richesse des années fastes, les caves de ce petit village viticole sont chargées d'histoire. Faut dire qu'elles en ont vu passer des générations et des générations de vignerons.
Chez les Meyer, Pierre-Yves représente la 19ème génération de vignerons. "Mon frère a fait de nombreuses recherches pour établir notre arbre généalogique. Il a pu remonter jusqu'au 14e siècle. Cela peut sembler fou pour qui n'est pas de la campagne. Mais ici toutes les familles font du vin,
depuis toujours, et pour longtemps encore, j'espère" raconte celui qui est ancré dans ses vignes à l'image de tous ces collègues du village. Ici, même le maire Jean-Marie Sohler était, est, et restera avant tout vigneron.
"Je pense souvent à mes ancêtres" confesse Dominique Spitz, installé à l'entrée de Blienschwiller. "Parfois j'aimerais qu'ils soient là pour pouvoir discuter et échanger avec eux". C'est vrai qu'il s'en est passé des choses ces dernières décennies. Mécanisation, produits phytosanitaires, agrandissement des parcelles puis retour au naturel, le monde viticole a bien changé. Et les familles ont évolué au gré de ces changements.
Dans le village, les caves et les techniques utilisées sont les témoins de ces évolutions. "Cette partie de la cave remonte au 17e siècle. Elle date d'une période très prospère au vu des matériaux nobles utilisés. Tout est solide, très beau et pratique. La partie médiane a été ajoutée bien plus tard, à une période bien moins faste comme le prouve son plafond réalisé avec du bois de récupération" explique Jean-Marie Straub devant ses tonneaux plus que centenaires.
Des vignerons fiers de leur héritage mais aussi désireux d'aller de l'avant. 12 d'entre eux sont en conversion bio. Un chiffre incroyable qui traduit une réelle prise de conscience collective. Si Pierre-Yves Meyer élabore du vin bio depuis longtemps il n'a jamais labélisé sa façon de faire pensant que cela n'était pas nécessaire. Mais aujourd'hui face à la "peur des gens (...) nous allons officialiser nos pratiques". Des vignerons engagés qui savent qu'ils peuvent compter les uns sur les autres pour avancer ensemble. C'est aussi cela la force de Blienschwiller.