Le 27 décembre dernier, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a donné son feu vert pour l'expérimentation du cannabis thérapeutique en France. Autorisé en Belgique sous conditions, le CBD est déjà utilisé par des Champardennais qui se fournissent à la frontière ou sur internet.
 

Tous les matins, Elsa boit une infusion à la menthe. Un geste banal en apparence, mais pour elle, c'est une sorte de remède, car dans sa théière se trouve du CBD, une molécule présente dans la plante de cannabis réputée pour son effet relaxant. Elle souffre d'une fibromyalgie, une maladie incurable diagnostiquée il y a un an, "ce qui me produit beaucoup de douleurs musculaires, dans les os également, des pertes de mémoires et des insomnies", explique-t-elle.

Le breuvage naturel a remplacé tous les traitements médicamenteux d'Elsa, composés de puissants antidouleurs et antidépresseurs qui contenaient des dérivés de morphine et parfois même d'alcool et dont les effets secondaires étaient lourds à supporter. "Plus le temps passait, plus j'avais les effets indésirables des médicaments avec une sensation d'accoutumance, se souvient la patiente. J'avais besoin de sans cesse augmenter les doses de médicaments pour supporter mes douleurs. Depuis, je suis plus en forme pour aller travailler, mes employeurs ont vu la différence."
 

Qu'est-ce que le cannabis thérapeutique ?

Le CBD, ou cannabidiol est aussi appelé cannabis light ou cannabis thérapeutique. C'est l'une des deux molécules, ou principe actif du cannabis, qui aurait des vertus antidouleurs. L'autre composé du cannabis, c'est le THC qui lui, a un effet psychotrope. Le THC, classé stupéfiant, est illégal.

La différence, c'est que le CBD n'est pas considéré comme stupéfiant, mais son utilisation est encadrée. En France, Il est interdit de vendre des produits alimentaires contenant du Cannibidiol. Pourtant, on peut facilement s'en procurer sur internet. Elsa commande d'ailleurs ses thés, tisanes et même des bonbons au CBD sur un site internet français. "J'ai pas forcément l'impression de me mettre en danger, assure-t-elle. Pour moi, j'achète sur un site internet en vente libre et avec des paiements sécurisés."

Reste que ces produits ont un coût : une cinquantaine d'euros mensuels pour Elsa. Autre souci, chaque consommateur doit trouver seul son dosage. "J'ai réfléchi au fait que je pouvais devenir dépendante; J'en ai parlé à mon médecin qui m'a laissée juge de cela."
 

Les législations belges et françaises sont différentes

En Belgique, chaque consommateur peut acheter légalement du CBD, mais comme en France, la législation reste assez complexe. Côté Français, seules les graines et les fibres de cannabis peuvent être commercialisées. En Belgique, seule la fleur séchée est autorisée à la vente et le CBD est autorisé en Belgique et en France. Dans les deux pays, le taux légal de THC de la plante doit être inférieur à 0,2%.

Subtilité française : le commerce du chanvre est réservé à l'industrie. En Belgique, les fleurs séchées ne doivent servir qu'à fabriquer des décorations type pots pourris. Du moins en théorie.
 

Une boutique spécialisée a récemment ouvert à Namur. Elle propose différentes fleurs séchées de Cannabis avec des taux légaux de THC et de CBD plus ou moins élevés, aux propriétés plus ou moins relaxantes et aux arômes variés. Mais alors le client qui achète ces sachets de fleurs risque-t-il quelque chose ? Pour Christophe Vandervorst, le gérant du magasin, si le produit est dans les normes autorisées, il n'y a pas de souci. 

La difficulté pour les policiers, c'est que cela ressemble beaucoup, visuellement ou olfactivement, au cannabis traditionnel.

Ils confisquent donc les substances et ensuite ils font des analyses. Si le produit est dans les règles, ils le rendent."

Christophe Vandervorst se fournit parmi des cultures de chanvre agréées en Suisse. Le gramme de CBD coûte entre 8 et 12 euros.
 

Certains médecins dubitatifs

En Belgique, si la consommation est interdite, les neurologues peuvent prescrire un médicament existant à base de CBD pour des cas très particuliers. Certains restent dubitatifs. C'est le cas du docteur Eric Gervy, transfontalier, qui ne cache pas ses doutes quant à l'efficacité du CBD.

"La seule chose qui circule sur le cannabis, c'est certains disent que la plante telle quelle est moins efficace que les principes actifs isolés. Cela reste à démontrer. De toute façon, si on reste avec les doses autorisées, il n'y aura pas d'effet miraculeux. Si les gens préfèrent utiliser cela, qu'ils le fassent. Le risque est toujours le même, qu'une minorité de personnes en abusent."

Comme de nombreux médecins, ce qu'il craint, avec ces ventes légales de fleurs de chanvre c'est de développer ou de renforcer l'addiction des personnes déjà dépendantes au cannabis pur.
 
 
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