Course de caisses à savon : ludiques, créatives, festives", les raisons d'un engouement populaire

La pratique, de la conception et de la course de "caisses à savon", des voiturettes artisanales de loisir, remporte un succès populaire. Voici les raisons du retour de ce jeu enfantin qui plaît aussi beaucoup aux adultes.

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C'était en 2018, du côté de Montgueux (Aube). Antoine Deuil, dans le cadre d'un projet étudiant, essaye de relancer un loisir insolite avec des camarades. Le but : remettre à l'honneur la course de caisse à savon. On appelle ainsi tout petit véhicule dénué de moteur se déplaçant grâce à la pesanteur (donc en dévalant une pente). Originellement, un vendeur américain de savons (d'autres sources parlent de pommes) avait fourré un plan de construction de véhicule dans ses caisses de marchandises afin que les enfants puissent s'amuser avec une fois la boîte vidée... 

Au bout de six mois : objectif accompli pour Antoine Deuil et ses camarades. La course est organisée et c'est la première initiative du genre dans le département. "On pensait surtout toucher des jeune par le côté pas sérieux", confie-t-il à France 3 Champagne-Ardenne, "par, quelque part, le côté déconnade : pardonnez-moi l'expression. Pour vraiment s'amuser." 

Chouette activité collective

"Je pense que ce qui attire, c'est le côté ludique, créatif, un peu festif. On ne se prend pas la tête; le règlement n'est pas extrêmement compliqué. C'est quelque chose à faire en équipe, on ne reste pas seul dans son coin. Il n'y a qu'un seul pilote, mais on fabrique à plusieurs, plus personnes aident à lancer la caisse..."

Parmi le public attiré par la discipline, difficile de tirer la moindre statistique. Il y a des jeunes et des moins jeunes, des enfants avec leurs parents adultes, ou des adultes sans enfants, et même des personnes retraitées. "Il y a un peu tout le monde." La pratique est aussi facilement accessible par son faible coût, les caisses à savon utilisant généralement des matériaux de récupération. Rien ne se perd, rien ne se créé; tout se transforme.

À ce jour, Antoine Deuil et ses comparses n'organisent plus de courses en caisse à savon dans le secteur. "On était étudiants lors de la première année puis de la deuxième. Mais on a eu le covid, après on a commencé à travailler, le plus souvent [en dehors de la région]." 

Chaque année, à la même période, j'ai des messages de gens qui ont envie de participer ou de venir regarder.

Antoine Deuil, co-organisateur de l'ancienne course de caisses à savon de Montgueux

Pourtant, ça n'enlève rien à l'engouement pour la discipline. "Chaque année, à la même période, j'ai des messages de gens qui ont envie de participer ou de venir regarder. Certaines communes veulent essayer d'en faire une, Sainte-Parres-aux-Tertres par exemple." 

Belle voie tracée par "un simple projet étudiant pour lequel on était noté. La note a été excellente, mais on a surtout fini avec un peu plus de 2.500 personnes. Je pense qu'on ne s'est pas trop mal débrouillé, pour un dimanche d'avril..."

Folklore local

Montgeux avait été choisie pour son emplacement assez verdoyant, mais aussi pour sa proximité avec Troyes (Aube). Si on remonte un peu, prochainement à Montmirail (Marne), un autre évènement organisé par le centre culturel doit mettre à l'honneur la caisse à savon.

Ce sera le samedi 20 mai 2023, et c'est une première. "Ça fait partie d'un folkore local que nous souhaitons animer à l'ancienne", explique l'administrateur de ce centre, Roland Jacques. "La caisse à savon, c'est une planche, quatre roues, et c'est tout... bon, on demande un système de frinage et de direction, quand même..." Cerseuil (Marne) en avait la primeur dès 2018, et participera. 

"Nous voulons ramener ce petit côté ludique, de côté populaire de village." Dans cette petite localité de 3.500 âmes, une grande descente de l'avenue du Général de Gaulle va avoir lieu, sur 300 mètres. Trente personnes se sont déjà inscrites, mais attention, ça n'a rien d'une compétition. "On a simplement créé trois catégories : faire un très beau chrono... pour soi-même, avoir le véhicule le plus rigolo, et avoir le plus beau costume." Le mantra est donc "de s'amuser soi-même et surtout d'amuser la galerie". Un vrai carnaval sur roues (voir l'avenue sur la vue panoramique ci-dessous).

La dernière descente, de nuit, se fera même avec une rimbambelle de lumières colorées, de guirlandes électriques, et de gyrophares étincelants. Avec feu d'artifices et "soirée techno" pour garantir un caractère festif à cette journée jusqu'au bout.

Une quarantaine de bénévoles s'investit dans cet évènement. Mais pourquoi, d'ailleurs ? Parce que l'engouement est réel. Si elle était populaire depuis au moins les années 1930, puis que les patins à roulettes, rollers, et autres skate-boards l'ont supplantée ("sauf chez les Néerlandais"), la discipline est revenue en force. "Ça n'a plus amusé pendant un temps, mais aujourd'hui, on voit de plus en plus de gens rechercher un plaisir simple."

Il faut un peu d'entraînement pour manier sa caisse à savon avec dextérité et compter sur "les lois de l'attraction" : ce n'est "pas si facile en soi", mais rien de bien compliqué. Certains véhicules sont faits de bric et de broc (grillage à poule, papier-mâché...), d'autres sont "très sophistiqués" au point d'y passer une année entière pour les concevoir. Mais la passion animant leurs concepteurs et conceptrices est identique. "Tous les participants me disent être heureux de construire un petit truc, et que si ils arrivent en bas de la descente, tant mieux, et si ils s'éclatent au milieu du parcours, tant mieux aussi." (voir quelques illustrations depuis Montgueux ci-dessous)

Un retour qui serait loin d'être éphémère. "Je pense que ça revient pour perdurer." Et que de 4 à 90 ans, ça plaît à tout le monde. Du côté des adultes, il perçoit "un plaisir simple, qui ne coûte rien alors qu'on est dans des temps où un salaire ne suffit plus pour vivre. Alors les plaisirs mécaniques deviennent pratiquement inabordables : moto, quad. Là, il y a ce petit côté de faire soi-même pour peu d'argent, afin de passer une belle journée." Il salue aussi le retour des jeux de village, qu'on pouvait croire perdus, et la joie qu'on y percevait retrouvée. "On suscite toujours le sourire en mentionnant cette activité, où qu'on aille." On en a bien besoin en ce moment, ça tombe bien.

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