Face au manque d’eau, VNF a pris la décision de fermer le canal entre Champagne et Bourgogne à compter du 28 juillet. Au port de la Maladière, à Chaumont, de nombreux plaisanciers se retrouvent bloqués à quai pour une durée indéterminée.
Anne et Joachim* vivent à bord de leur péniche avec leurs deux enfants. Il y a quelques semaines, ils lèvent l’encre à Mâcon, en Saône-et-Loire, pour voguer en direction de Reims. Seulement, à mi-chemin, le manque d’eau dans le canal vient bouleverser leur programme.
On avait prévu de rester quatre jours, on est là pour trois mois
"On nous a dit, dans une semaine, plus possible de naviguer, raconte Anne. On avait la possibilité de continuer jusqu’à Vitry-le-François ou Saint-Dizier, mais comme on ne navigue pas très vite, on serait restés bloqués de toutes façons. Alors on a décidé de rester au port de Chaumont. On avait prévu d’y passer quatre jours, on est là pour au moins trois mois !"
En effet, les plaisanciers qui n’ont pas pu ou pas voulu quitter le canal devront rester à quai jusqu’au mois d’octobre. "Du 28 juillet au 28 août, le canal est fermé pour insuffisance d’eau, explique Samir Rebouh, le responsable du port de la Maladière. Puis du 29 août au 16 octobre, c’est la période de chômage des bateaux. Plus personne ne navigue pour permettre au canal d’être vidé et entretenu. Alors les gens qui sont au port, ils vont y rester un moment."
Pourtant le canal n’a pas l’air si vide ?
Certains s’étonnent de cette interdiction de naviguer alors que le canal semble bien rempli. "Ce n’est qu’une question de temps, explique Gérard Carbillet, adjoint au responsable de l’Unité Territorial d’Itinéraire du canal. Le canal entre Champagne et Bourgogne est alimenté par deux rivières, le Rognon et la Marne. Or, ces cours d’eau sont au plus bas à cause de la chaleur et du manque de pluie. Pour l’instant, on continue de prélever de l’eau dans ces rivières pour alimenter le canal et permettre la circulation des bateaux.
Mais dès que l’interdiction de naviguer sera effective, le 28 juillet à 19 heures, on stoppera les prélèvements dans le Rognon et la Marne. A ce moment-là, le niveau du canal va commencer à baisser. Sur certains secteurs, comme celui de Brethenay-Condes, on va perdre entre 1m et 1,50m de hauteur d’eau."
Le canal, long de 224 kilomètres, est aussi bien traversé par les plaisanciers que par les bateaux commerciaux. "Les restrictions sont de plus en plus fréquentes, affirme Gérard Carbillet. On a déjà fermé le canal en 2019 et en 2020. Puis à nouveau cette année en 2022. Malheureusement, c’est quelque chose qui risque de devenir récurent."
"Quand on vit sur une péniche, il faut savoir être flexible"
Au port de la Maladière de Chaumont, les propriétaires de bateaux se préparent donc à rester à quai pendant plusieurs mois. "Les plaisanciers sont toujours assez compréhensifs, confie Samir Rebouh. Ils comprennent que c’est la nature, qu’on ne peut rien y faire, alors ils s’adaptent."
C’est aussi la philosophie d’Anne et Joachim. Le couple va scolariser ses deux enfants à Chaumont pour la rentrée, en attendant la réouverture du canal entre Champagne et Bourgogne : "On ne prend pas ça comme une contrainte, mais plutôt comme une opportunité. Peu importe qu’on soit bloqué ici ou là. Quand on vit sur une péniche, il faut savoir être flexible !"
*Les prénoms ont été modifiés.